«Panier à salades», voilà bien une expression argotique que nos lecteurs canadiens risquent d’avoir un peu de mal à saisir sans un minimum d’explication. C’est pourtant ainsi qu’en France on nomme encore fréquemment les utilitaires de gendarmerie et de police qui sont chargés de transporter les personnes interpellées. Et c’est justement un avion remplissant ce type de missions que le très sérieux US Marshals Service cherche désormais à acquérir de seconde main. Dans l’idéal l’avion devrait entrer en service au début de l’année prochaine.
Hollywood a mis en lumières, à sa manière, ce type d’avions au travers de deux blockbusters sortis l’un en 1997 et l’autre en 1998. Le premier, le moins réaliste, est un film d’action bien bourrin mettant en scène Nicolas Cage, John Malkovitch, ou encore John Cusack. Titré «Les ailes de l’enfer» en français ou «Con Air» en version original il mettait en avant un transport de détenus particulièrement dangereux à bord d’un vieux Fairchild C-123 Provider. Le second, un peu plus réaliste, est un thriller d’action centré autour des acteurs Tommy Lee Jones et Wesley Snipes et titré «US Marshals» aussi bien en français qu’en version originale. Même pitch que pour le film sorti quelques mois plus tôt sauf que le C-123 Provider laisse la place à un Boeing 727. Au final, et sans vouloir vous spoiler ces deux films : ça ne se finit pas bien pour les avions en question.
Dans la réalité des faits la flotte aérienne des US Marshals s’appelle le JPATS, pour Justice Prisoner and Alien Transportation System. Elle est composée de quatre biréacteurs de ligne Boeing 737 légèrement modifiés. Pas question d’y voir des avions avec des cellules comme au cinéma il s’agit plutôt d’avions de ligne à une seule classe économique mais avec des équipements de sécurité comme des entraves au sol pour le menottage des détenues et prévenus les plus dangereux. Sur les quatre avions deux sont des 737-400, un est un 737-700, et le dernier un 737-800. Et c’est justement le plus vieux des deux premiers qu’il convient désormais de remplacer par le JPATS.
Immatriculés aux États-Unis N279AD et N640CS ces avions ont connus une carrière commerciale civile avant de rejoindre l’US Department of Justice. C’est donc l’avion connu comme N279AD qui doit bientôt prendre sa retraite.
Ayant été produit en février 1992 sous le numéro de série 2221 il a volé aussi bien pour le compte de la compagnie turque Pegasus Airlines que pour celui de la compagnie grecque Ægan Airlines ou encore pour le transporteur américain Xtra Airways. C’est à lui que le gouvernement fédéral américain racheta l’avion en juillet 2015. Il a commencé à transporter des détenus dès septembre 2015. Désormais l’administration Biden compte le remplacer par un Boeing 737-700 ou 737-800 de seconde main. Plusieurs négociations sont d’ores et déjà en cours, notamment avec une compagnie aérienne européenne dont le nom n’a pas été divulgué.
Outre le vieillissement de la cellule de l’avion de transport, vieux donc de 31 ans, c’est un pur problème humain qui oblige désormais les US Marshals à anticiper la mise en retraite de leurs deux Boeing 737-400. Ils n’ont pas été pensé pour séparer les «passagers» femmes et hommes. Cela peut prêter à sourire quand on connait la nature des personnes transportées mais cela a déjà coûté cher en procès à l’administration fédérale américaine. Plusieurs femmes détenues ont été relâchées à cause de leur proximité avec des détenus hommes lors de vols de transfert. En outre au moins trois cas d’agressions sexuelles ont été enregistrés depuis 2020 sur ces vols spéciaux. Le Boeing 737-700 et le Boeing 737-800 ont d’ailleurs été pensés avec des séparations suivant les genres et sexes. Pour les US Marshals le respect de la dignité humaine est important.
La procédure de remplacement du second 737-400, immatriculé N640CS, interviendra à l’été prochain avec pour objectif une entrée en service début 2025, soit pile poil un an après l’actuel avion. Le profil de son remplaçant sera identique.
Photos © Keypublishing.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Une réponse
Salut Arnaud et félicitations encore pour tous tes articles. Tu seras peut-être surpris mais nous (les canadiens) savons bien ce que c’est un panier à salade. J’ai appris cette expression lorsque j’ai commencé à fréquenter les bars (boîtes de nuit, zinc, débit à boisson, etc.) . Comme je n’avais pas l’âge requis pour fréquenter de tels endroits, nous avions peur de se retrouver dans le panier à salade lors d’une descente effectué par la police pour vérifier si tous les usagers du bar avaient l’âge requis. Merci encore pour votre beau site.