Des EF-2000 Typhoon allemands déployés en Islande.

Il ne s’agit officiellement pas d’une mission Icelandic Air Policing mais de l’exercice Rapid Viking. Depuis le weekend dernier six avions de combat multi-rôles Eurofighter EF-2000 Typhoon de la Luftwaffe sont positionnés en Atlantique nord à Keyflavik Air Base en Islande. Cette manœuvre aérienne d’une durée de deux semaines a plusieurs objectifs, dans un pays sans cesse sous la menace d’intrusions illicites d’aéronefs appartenant la fédération de Russie. Pour l’Allemagne cela préfigure également un retour dans les missions classiques sur le plus septentrional des état insulaires européens.

L’Islande est, à l’instar des états baltes, quasi désarmé pour faire face aux avions de surveillance Beriev A-50 Mainstay et à ceux de reconnaissance Tupolev Tu-142 Bear-F envoyés par Moscou en Atlantique nord. Des avions stratégiques qui n’hésitent pas à pénétrer l’ADIZ islandaise et à frôlé voire plus rarement à violer son espace aérien. La souveraineté de l’Islande repose donc en partie sur le bon vouloir de l’OTAN. C’est pour cela que depuis 2008 existe Icelandic Air Policing, une mission atlantiste permettant le déploiement local de chasseurs de pays membres. Ces missions sont cependant assez courtes car ayant entre autre mauvaise réputation dans un pays bien connu pour son pacifisme exacerbé. Et ce malgré les menaces réelles qui pèsent contre lui.

Le gouvernement islandais et l’OTAN ont donc déminé la situation avant l’arrivée le weekend dernier de six Eurofighter EF-2000 Typhoon allemands. Ils étaient d’ailleurs accompagnés de deux Airbus DS A400M Atlas chargés de matériels, de pièces de rechange, et accueillant les trente personnels de la Luftwaffe missionnés.

Les objectifs de cet exercice Rapid Viking sont multiples et protéiformes, suivant qu’on se place selon la logique de l’OTAN ou selon celle de l’Allemagne. Pour la première cette manœuvre aérienne doit permettre de valider des procédures d’envoi très rapide d’un premier corps expéditionnaire défensif en Islande, notamment dans le cas d’une montée en puissance des tensions avec Moscou. La rapidité d’exécution est donc essentielle. L’OTAN entend également valider la présence des chasseurs allemands de génération 4.5 dans ce pays, où ils n’ont jamais mis les pieds. Pour les Alliés l’Islande est un verrou océanique de premier plan, notamment depuis les fontes de glaces importantes et l’ouverture de nouvelles routes maritimes en Arctique.

Pour le Bundeswehr, et plus particulièrement pour la Luftwaffe, c’est l’occasion de mettre en œuvre une nouvelle stratégie de déploiement lié aux changements orchestrés à Berlin depuis l’arrivée de la coalition rose-verte au pouvoir. Dans un souci de réduction de l’empreinte carbone, déjà phénoménale dans ce genre de situation, les décideurs allemands privilégient désormais un seul voyage aller et un seul voyage retour pour toute la logistique. D’où le déploiement de deux A400M Atlas aux côtés des EF-2000 Typhoon. Des quadrimoteurs de transport qui demeureront en Islande jusqu’à la fin de Rapid Viking. Les militaires allemandes seraient t-ils en train d’écrire l’histoire militaire, à l’aune du réchauffement climatique et des bouleversements qu’il engendre sur notre quotidien ? On est en droit de se le demander. Par ailleurs en effet les actuels chasseurs allemands n’ont jamais opéré d’Islande. Les deux dernières participations de nos voisins d’outre-Rhin à Icelandic Air Policing remontant à l’été 2010 et au printemps 2012, époques où ils évoluaient sur de vieux McDonnell-Douglas F-4F Phantom II aujourd’hui retirés du service. Pour autant ce déploiement n’est qu’une formalité pour les militaires allemands. Leurs EF-2000 Typhoon ayant déjà participé à plusieurs reprises à Baltic Air Policing tandis que l’Islande a déjà accueilli de tels avions, sous cocardes britanniques et italiennes. Rapid Viking devrait donc permettre de valider l’arrivée plus longue de ces avions allemands.

Photo © Bundeswehr.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 Responses

  1. ça va, c’est pas trop près des Su-35 des abominables Russes.
    Et, en cas de pépin, les Ricains pourront toujours annexer l’Islande comme ils l’ont fait pendant la 2ième guerre mondiale.

    1. Tiens JL revient réécrire l’Histoire. Les USA n’ont nullement « annexé » l’Islande en 39/45. Ils s’en sont servis comme base avancée dans la lutte contre le nazisme comme ils l’ont fait pour la Corse. Ça doit vous prendre un temps fou pour réussir à être aussi médiocre que dans vos commentaires.

    2. JL, je suis sûr que tu adorerais que ce que tu dis se passe ainsi … sauf que la réalité est la suivante et c’est parfaitement documenté :

      Depuis 1951, l’Islande bénéficie également d’un « ACCORD BILATERAL » en matière de défense avec les États-Unis. En 2006, les forces américaines se sont retirées, mais l’accord de défense reste d’application. Depuis 2008, des missions de police du ciel sont menées périodiquement par les Alliés.

      T’es pas chanceux JL … 😉

  2. « D’où le déploiement de deux A400M Atlas aux côtés des EF-2000 Typhoon. Des quadrimoteurs de transport qui demeureront en Islande jusqu’à la fin de Rapid Viking. »
    Au delà de l’humour (merci Arnaud ) les A400m allemands n’étant pas extrêmement sollicités (ce qui est peut dire) , des économies de carburant et de potentiels de vol sont à considérer.
    Et si cela peut faire plaisir aux écologistes !

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