Le retrait du service des F-5M Freedom Fighter espagnols encore repoussé.

Ils figurent déjà parmi les plus anciens jets en service en Europe occidentale. En cette toute fin mai 2023 l’Ejercito del Aire y del Espacio a décidé de retarder de nouveau la mise en retraite de ses jets d’entraînement avancé Northrop F-5M Freedom Fighter. Malgré un coût d’utilisation assez élevé ces avions semblent demeurer essentiels au cursus de formation en Espagne. Surtout à ce jour aucun aéronef n’existe pour les remplacer, sauf peut-être l’hypothétique AFJT européen.

Plus encore que de simples jets d’entraînement les F-5M Freedom Fighter sont en fait les ancêtres de tous les actuels Lead-In Fighter Trainer. Ils remplissent d’ailleurs également en Espagne le rôle d’Agressors. Et donc s’intègrent parfaitement dans le cursus scolaire des futurs pilotes. Sauf qu’au regard de certaines machines très actuelles comme les Pilatus PC-21 d’entraînement intermédiaire et avancé ou encore les très récents hélicoptères de formation Airbus Helicopters H135 ils font figurent de dinosaures totalement anachroniques.

Rappelons que la volonté de retrait du service ces jets biplaces remonte à cinq ans et qu’il aurait dû être effectif depuis déjà trois ans. Pourtant il est toujours là, à hauteur de dix-neuf exemplaires. Il faut dire qu’entre temps le Covid-19 est passé par là et avec ce satané coronavirus son cortège de réduction des dépenses militaires afin d’équilibrer les dépenses publiques. Résultat il est désormais officiellement question de conserver les F-5M Freedom Fighter jusqu’à l’horizon 2028 voire même 2030. Dire qu’ils seront alors vieux relève littéralement du pléonasme.
C’est en effet en 1962 que l’avionneur espagnol Casa a débuté la production des monoplaces de chasse F-5A et des biplaces de transformation opérationnelle F-5B connus alors respectivement comme SF-5A et SF-5B. Un usinage qui prit fin neuf ans plus tard. Or les actuels F-5M sont tous d’anciens SF-5B sortis des ateliers de Séville entre 1963 et 1969 et modernisés depuis par feue la société EADS. Afin de maintenir en état de vol les dix-neuf jets restant l’Espagne a voté une enveloppe de quarante millions d’euros avec Airbus DS comme maître d’œuvre. Il ne s’agit pas juste de conserver en état de vol des appareils oscillant entre 54 et 60 ans mais bien de les maintenir à un niveau leur permettant d’opérer au quotidien pour une des forces aériennes majeures de l’Union Européenne.

Les cinq à sept années qui viennent vont donc être décisives pour trouver un successeur digne de ce nom aux Northrop F-5M Freedom Fighter. Déjà certaines voix s’élèvent de l’autre côté des Pyrénées pour avancer que les douze actuels McDonnell-Douglas F/A-18B Hornet modernisés, localement appelés EF-18BM, pourraient parfaitement remplir ce rôle. Ils permettraient notamment de mieux simuler les menaces ennemies que des avions hérités de la guerre froide. D’autres voix veulent privilégier l’achat d’un nouveau modèle d’avion d’entraînement avancé à réaction, à hauteur de quinze à vingt machines tout en continuant voire en renforçant l’assise actuelle des Pilatus PC-21. Une option que beaucoup jugent dispendieuse pour une Ejercito del Aire y del Espacio qui devra très bientôt engager la succession de ses Cessna Citation V de cartographie aérienne et Dassault Falcon 20 de guerre électronique.

Vous l’aurez compris le maintien en conditions mais également le remplacement de ces vénérables biplaces biréacteurs représente un numéro de funambule dans lequel l’Espagne doit jongler entre les obligations opérationnelles et les cordons de la bourse. Quel cirque !
Affaire à suivre.

Photos © Ejercito del Aire y del Espacio.