Et si les bombardiers d’eau français n’étaient pas là où il faut actuellement ?

Le réchauffement climatique a totalement rebattu les cartes de la lutte contre les feux d’espaces naturels, y compris depuis le ciel. En cette mi-juin 2023 l’ensemble de la flotte des Bombardier CL-415 et Dash 8 de la Sécurité Civile est répartie entre sa base de Nîmes et la région bordelaise, c’est à dire le tiers sud de la France. Or c’est justement à l’autre bout du pays qu’actuellement se concentrent les principales zones à risques, notamment en raison d’une météo qui n’en fait qu’à sa tête. Et si l’avenir était aux Pélicandromes installés en Bretagne, en Normandie, voire en Pays-de-la-Loire ?

Un sud de la France victime de pluies torrentielles qui remplissent les nappes phréatiques et un nord chaud et sec, c’est vraiment le monde à l’envers. C’est pourtant bien celui que nous connaissons en ce mardi 13 juin 2023. À tel point d’ailleurs que Météo France a placé trois département du Grand Est en vigilance orange aux risques de feux de forêts : la Meurthe-et-Moselle, la Meuse, et la Moselle. Par ailleurs le reste de la région, l’intégralité de l’Île-de-France, et une partie des Hauts-de-France sont en vigilance jaune.
De manière assez surprenante des départements habituelles victimes des feux comme les Bouches-du-Rhône, le Gard, la Haute-Corse, les Landes, ou encore le Var ne figurent nullement en vigilance.

Le souci c’est que c’est pourtant autours d’eux et non de ceux en vigilance jaune et orange que se concentrent les principaux moyens aériens et terrestres de lutte contre les incendies d’espaces naturels. Même les Air Tractor AT-802F Fire Boss loués officiellement par le ministère de l’Intérieur sont prévus pour le sud-ouest. Ce qui était logique il y a encore quelques semaines et qui ne l’est plus du tout aujourd’hui. Car le réchauffement climatique nous donne à repenser totalement notre vision de la lutte contre les feux de forêts.
Loin de moi l’idée de déshabiller le tiers sud pour rhabiller le tiers nord. Ce serait non seulement stupide mais également dangereux car à un moment donné le feu reviendra dans le sud et avec lui le risque de connaître de nouveaux méga-incendies. Non il va falloir que nos décideurs institutionnels, qu’ils soient élus ou hauts fonctionnaires se mettent à réellement repenser les déploiements d’avions et d’hélicoptères bombardiers d’eau.

En cas de besoins d’urgence une noria de CL-415 et/ou de Dash 8 mettrait plus d’une heure et demi depuis Nîmes à rejoindre la Moselle, la Somme, ou encore les Yvelines. Un temps durant lequel les sapeurs-pompiers au sol ne pourraient pas disposer du renfort nécessaire. Sans compter le fait qu’à ce jour tous les départements hors grand sud n’ont pas été cartographiés par la Sécurité Civile afin d’y employer ses avions amphibies. Logiquement il faut des plans d’eau sur lesquels ils peuvent écoper en toute sécurité.

Photo et illustration Météo France et Sécurité Civile.