Pour ce deuxième opus de notre nouvelle série sur l’aviation et le cinéma je vous propose que nous nous intéressions à un des plus mythiques films d’action américain. Pour ce film le réalisateur américain John Sturges abandonna un temps les westerns qui avaient fait sa réputation pour se pencher sur la Seconde Guerre mondiale. Pourtant la Grande Évasion n’est pas un film de guerre, c’est un film d’action et d’aventure, mais surtout un film de pilotes dans lequel viennent se perdre d’étonnant North American T-6 Texan grimés en avions de la Luftwaffe. Une erreur qui à la sortie du film ne manqua pas de faire réagir les anciens combattants.
Si vous n’avez pas vu le film ne lisez pas cet article car il va vous spoiler une bonne partie de l’action. Et de l’action dans la Grande Évasion il y en a, presque autant que des acteurs de premier plan. Car c’est aussi un film chorale, c’était l’époque qui voulait ça. Et pour sa sortie en 1963 la distribution mettait le paquet : Richard Attenborough, Steve McQueen, James Garner, Donald Pleasance, Hannes Messemer, James Coburn, Gordon Jackson, ou encore Charles Bronson. On trouvait donc le meilleur d’Hollywood et des studios britanniques, Hammer compris.
Le synopsis est simple : les Allemands regroupent les meilleurs as de l’évasion dans le même camp de prisonnier, la majorité étant des pilotes de chasse ou de bombardiers. Et ce qui doit arriver arrive : ils se font la malle. Et les Allemands font tout pour les rattraper.
Dans la scène qui nous intéresse les acteurs James Garner (vous savez le marshal complètement délirant dans le western parodique Maverick en 1994) et Donald Pleasance (l’éternel docteur Loomis de la saga de films d’horreur Halloween à partir de 1978) s’infiltrent sur une base allemande où ils volent un petit monomoteur de liaisons Bücker Bu 181 Bestmann. Jusque là rien qui ne puisse expliquer que ce film figure dans cette nouvelle série sur notre site. Si ce n’est que la base est truffée de North American T-6 Texan porteurs des marquages de la Luftwaffe. Des avions d’entraînement américains qui n’entreront en service dans l’aviation allemande qu’en… 1956. Soit bien après la fin de la guerre.
Et en fait à la sortie du film les vétérans américains et britanniques soulignèrent rapidement cette grave erreur. Quelques années plus tard en interview c’est Donald Pleasance lui-même qui enfoncera le clou en expliquant que l’ancienne base britannique qui avait servi de décor accueillait deux SNCAC NC.702 Martinet, la version française du Siebel Si 204, et un Beechcraft Model 18. Ces trois bimoteurs auraient pu être maquillés en avions allemands sans aucun problème et être moins grotesques que des T-6. Et il s’en était ému auprès du réalisateur… qui ne l’écouta pas.
Pleasance savait de quoi il parlait, ayant servi dans la RAF durant la Seconde Guerre mondiale comme opérateur radio sur Armstrong-Whitworth Whitley Mk-I puis sur Avro Lancaster Mk-III. Il fut d’ailleurs descendu sur ce dernier modèle et termina la guerre au Stalag Luft I de Barth dans le nord-est de l’Allemagne. Dans la réalité il ne s’évada pas.
Photos © IMDB
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