Pour nos lecteurs francophones non européens il faut savoir que ce que l’on appelle Frontex est en fait l’Agence Européenne de Garde-Frontières et de Garde-Côtes. Et c’est donc elle qui depuis la mi-mars 2023 met en œuvre un avion de patrouille maritime Airbus Defence & Space C295MPA Persuader appartenant à la Força Aérea Portuguesa, avec son équipage complet. Spécialement déployé à Malaga dans le sud de l’Espagne le bimoteur participe à la protection des limites méridionales de l’Union Européenne et notamment aux très sensibles missions relatives à la migration humaine. L’avion en question peut notamment guider depuis les airs des opérations de sauvetages de réfugiés en provenance d’Afrique.
Le recours à des avions militaires, et donc aux personnels qui leurs sont rattachés, est aussi une manière pour l’agence Frontex de se refaire une virginité après les accusations liées au manque de transparence de ses opérations ou encore à d’éventuels manquements aux règles élémentaires des Droits de l’Homme. Les responsables de l’Union Européenne espèrent ainsi recrédibiliser un peu le travail des personnels de l’AEGFGC.
Or les aviateurs portugais sont réputés pour leur très haut niveau de professionnalisme dans les missions dites de patmar, très proches dans leurs définitions de la surveillance aérienne voulue par Frontex. Les femmes et les hommes qui œuvrent à bord de ce C295MPA Persuader n’ont pas en Méditerranée la charge de traquer les sous-marins ennemis comme en Atlantique nord mais les frêles embarcations des passeurs de migrants et de réfugiés. Surtout comme l’a rappelé le gouvernement portugais le rôle de ses militaires est bien plus humanitaire que réellement coercitif. D’ailleurs l’avion emporte pour chaque vol deux chaînes SAR aérolargables permettant chacune la survie d’une trentaine de personnes en attendant les hélicoptères et navires de sauvetage.
L’Airbus DS C295MPA Persuader de l’Esquadra 502 Elefantes de la Força Aérea Portuguesa a donc quitté pour environ trois semaines son nid de la base aérienne de Montijo, dans la banlieue est de Lisbonne pour le sud de l’Espagne. C’est à l’aéroport de Malaga en Andalousie que l’avion a posé son train d’atterrissage, dans un hangar spécialement adapté aux missions de service public. Il voisine notamment avec les hélicoptères de la Guardia Civile. Grâce à son autonomie l’avion portugais peut voler une petite dizaine d’heures et ainsi garantir une surveillance accrue, notamment au large des côtes libyennes particulièrement poreuses à l’action des passeurs. Depuis les airs les personnels de Frontex embarqués en cabine peuvent coordonner les actions anti immigrations. Pour autant c’est bien la Força Aérea Portuguesa qui demeure maîtresse à bord et c’est donc son officier supérieur qui peut décider d’assurer ou non une fonction coercitive plutôt qu’humanitaire.
C’est donc tout un jeu d’équilibriste qui se joue généralement dans le ciel méditerranéen, entre obligations européennes et valeurs humanistes de base. Ça ne doit pas être simple tous les jours ce genre de vols.
Photo © Força Aérea Portuguesa.
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