Bagdad veut tourner une page, au risque de totalement se brouiller avec Moscou. Le Pentagone a annoncé ce mardi 7 février 2023 être en négociations avec les forces terrestres afin de permettre le remplacement rapide de ses actuels hélicoptères de transport d’assaut Mil Mi-8 Hip/Mi-17 Hip-H par des modèles de facture américaine. À plus long terme les généraux irakiens espèrent en finir avec les hélicoptères de combat Mil Mi-24 Hind/Mi-35 Hind-E et Mi-28NE Havoc-B… dont certains sont même encore à l’état de commande. Il s’agit selon les autorités irakiennes autant de rationaliser leurs moyens aériens que d’alléger la dépendance à la fédération de Russie.
En fait l’administration irakienne actuelle a commencé à prendre ses distances avec les autorités russes au moment de la crise pandémique du Covid-19. Les livraisons du vaccin russe n’avaient pas fourni l’appui médical espéré alors que les vaccins américains et européens étaient eux jugés plus efficaces. Et la situation s’est encore tendue en février 2022 avec l’invasion russe de l’Ukraine. Les relations diplomatiques entre Bagdad et Kyïv ont toujours été assez étroites et cette «opération spéciale de dénazification» voulue par Vladimir Poutine a été très mal vécue. Ajoutez à cela une véritable volonté des militaires irakiens d’occidentaliser au maximum leurs matériels, notamment aériens, et vous avez les causes de cette volte-face.
Car durant des décennies, dès l’établissement du régime baasiste de Saddam Hussein en 1979 jusqu’à sa chute en 2003, l’Union Soviétique puis la Russie ont largement soutenu militairement le pays. Elles n’étaient pas seules dans ce rôle, la France et le Royaume-Uni y participant également, enfin surtout jusqu’en 1990 et l’invasion du Koweït.
De ce fait en ce mois de février 2023 l’empreinte des hélicoptéristes russes est encore forte dans les forces terrestres irakiennes. Une dizaine de vieux Mi-8 Hip datés de l’ère soviétique et une trentaine de Mi-17 Hip-H d’origine russe assurent toujours le gros des missions de transport d’assaut. Ce sont là les hélicoptères que Bagdad veut en priorité voir quitter le service actif. Et pour cela l’Irak a sollicité des États-Unis la vente de vingt Bell 412, seize au nouveau standard 412M proche du CH-146 Griffon en service au sein de l’Aviation Royale Canadienne, et les quatre derniers au standard 412EPx dotés d’une avionique dernier cri et adaptés aux missions de recherches et de sauvetages au combat.
La rationalisation des moyens aéroterrestres irakiens passent donc également par une réduction de sa flotte d’hélicoptères. Cinquante pourcents environ d’appareils en moins mais un véritable bond qualitatif et une flotte plus homogène. D’ailleurs la prochaine étape concernera les hélicoptères de combat.
Si la petite dizaine de vieux Mil Mi-24 Hind va rapidement être remplacée par quinze nouveaux Bell 407GT également commandés en ce début d’année 2023 il reste toujours une douzaine de Mil Mi-35M Hind-E et une quinzaine de Mi-28NE Havoc-B… sur les vingt commandés. Il se pourrait bien que le contrat soit dénoncé et que ces trois hélicoptères demeurent en Russie et ne soient donc jamais livrés. L’Irak s’intéresse depuis quelques années au Bell AH-1Z Viper mais surtout au Boeing AH-64E Guardian, la dernière évolution en date du célèbre Apache. Sauf que jusque là les administrations Trump et Biden se sont refusés à les lui vendre. D’où le contrat Mi-28NE. Le changement de paradigme en cours pourrait avoir des effets positifs auprès de l’administration fédérale américaine.
D’autant que le Pentagone a également confirmé que l’armée irakienne avait passée commande pour quinze hélicoptères légers Bell 505 Jet Ranger X destinés à des missions d’entraînement et de liaisons. On l’aura compris le programme américain FMS, pour Foreign Military Sales, fonctionne à plein régime avec l’Irak au détriment donc de la Russie.
Avec cette nouvelle commande de remplacement des Mi-24 Hind l’Irak post baasiste démontre une fois encore qu’elle est la principale utilisatrice de l’hélicoptère américain Bell 407. Et visiblement elle apprécie son mélange de rusticité héritée du Bell 206 Jet Ranger avec ses notables évolutions technologiques.
En tous cas l’idée de voir voler le petit Bell 505 sous livrée irakienne est vraiment séduisante.
Photos © ministère irakien de la défense.
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