La défense américaine n’est jamais à un paradoxe près, et le dossier de remplacement des ravitailleurs en vol Boeing KC-135 Stratotanker en est l’illustration parfaite. Alors que le Pentagone a mis en évidence plusieurs défauts majeurs dans la conception de sa partie «transport de fret» le Boeing KC-46A Pegasus demeure la seule alternative possible au vieillissement du vénérable quadriréacteur datant de la guerre froide. Ce qui pourrait changer avec l’Airbus DS / Lockheed-Martin LMXT, dérivé de l’A330 MRTT, et en compétition officielle dans le cadre du programme KC-Y de remplacement des actuels McDonnell-Douglas KC-10A Extender. L’alliance entre l’avionneur européen et son partenaire américain met en avant les qualités désormais indiscutable de ce gros biréacteur tant dans le transport de marchandise que dans le ravitaillement pur.
Deux milliards et trois cent millions de dollars, voici la note que Boeing a envoyé à l’US Air Force dans le cadre de cette nouvelle commande de quinze KC-46A Pegasus. Une somme qui englobe aussi bien la production de ces ravitailleurs en vol dérivés de l’avion de ligne à succès 767 que les parties formations et soutien technique. Le premier ne sera cependant pas disponible avant trois ans et demi, c’est à dire le second semestre 2026.
Un contrat qui cependant peine à masquer une réalité : l’avion cumule les défauts, au-delà de ceux apparus au tout début de son exploitation. On en viendrait presque à oublier l’épisode des pièces détachées et outils oubliés dans les structures des avions. Presque mais pas totalement. Des étourderies qui avaient coûté cher à l’avionneur et avaient dégradés l’image de marque de l’avion.
Et c’est donc la capacité de chargement de fret, essentielle au Boeing KC-46A Pegasus, qui est désormais pointée du doigt par le Pentagone, et plus particulièrement par les pointilleux experts du DOT&E. Cette structure, en réalité appelée Director, Operational Test and Evaluation a toutes latitudes pour procéder à des inspections sur les matériels militaires américains. Cela va du gilet pare-balle au bombardier, en passant par le destroyer lance-missile ou encore le ravitailleur en vol. Ce qui dans l’affaire qui nous intéresse ici est le cas.
Les femmes et les hommes de DOT&E ont mis en avant en premier lieu une incapacité à mener des chargements de fret en urgence en raison d’une impossibilité de charger et de gerber du fret non conforme aux normes militaires du Pentagone. En second lieu c’est le filet cargo qui semble être incompatible là aussi avec les normes de l’US Department of Defense mais aussi avec celles de la FAA, l’aviation civile américaine.
En gros actuellement le Boeing KC-46A Pegasus est bien un ravitailleur en vol mais surement pas un avion de transport de fret. C’est dommage quand on prétend pouvoir succéder au KC-135 Stratotanker qui lui a toujours su faire les deux.
Outre-Atlantique des voix s’élèvent afin que le LMXT euro-américain soit très rapidement examiné afin de palier les graves défaut de l’avion de Boeing.
Affaire à suivre.
Photo © US Air Force.
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10 Responses
Quand il faut sauver Boeing les défauts ne se voient pas.
On peut dire la même chose du F35 : furtif oui, mais toujours bourré de défauts, pas fiable, sous-motorisé, bien plus cher que prévu et ruineux à faire voler…
C’est marrant comme les adeptes du bashing anti Lightning II ne perdent jamais une occasion de se faire remarquer, même quand cela est hors-sujet et donc forcément ridicule.
Arnaud, stop à la langue de bois, le seul vrais défaut de cet avion, n’est il pas qu’il fasse de l’ombre au MRTT ?.
Candidat malheureux dans les appels d’offre aux USA ! La malédiction du Rafale sans doute ?
Tiens c’est bien la première fois qu’on m’accuse de faire de la langue de bois. Grande nouveauté.
Ludovic : combien d’heures de vol sur F35 tu as déjà …?
Et sur cerf-volant ???? 😉
Donc si on comprend bien le Corps des Marines ou l’Armée de l’air israélienne sont des gros débiles à voler sur F35 ???
C’est ça ?
Bonjour,
Est-il possible d’avoir plus de détails sur les causes des problèmes de chargement du KC-46A? Le modèle fret dérivé du 767 est pourtant répandu dans le transport civil. Est-ce un problème de dimensions de portes cargo? De volumes ou de dimensions de planchers par rapport aux charges militaires qui sont hors normes comparées à des containers de fret standardisés ?
La largeur du fuselage du 767 est pourtant supérieure à celle du 707.
Question pertinente qui n’a pas de réponse.
Ça me semble un peu gros aussi, l’un des meilleurs et plus polyvalent avion de Boeing qui aurait tout d’un coup des problèmes de gerbage ? Elle doivent être énormes ces palettes de l’OTAN. Et puis pour cela, il y a les C-19 ?
Oupz, mon doigt a ripé, je parlais du C-17 bien sur !
J’ai beau chercher, je n’ai trouvé que des problèmes de verrouillage de palettes au plancher. Le problème avec le KC-46A est que lorsque l’on tape sur un moteur de recherche « KC-46A issues » ou « problems » la liste est trop longue!