Moins mythique qu’un C.160 Transall et moins populaire qu’un A400M Atlas c’est pourtant un des appareils les plus importants de l’arsenal de l’Armée de l’Air et de l’Espace. L’avion de transport tactique Casa CN-235M est actuellement la cheville ouvrière de la capacité française de projection, mais c’est aussi une machine qui vieillit. C’est pourquoi le ministère des Armées a décidé il y a un mois de les moderniser en profondeur. Un chantier qui devrait permettre de patienter, le temps qu’Airbus DS puisse développer le FCTM.
À ce jour vingt-sept «Casa» volent sous la cocarde tricolore française. Ils assurent au quotidien des vols tactique et logistique mais aussi des missions de service public. Que ce soit depuis la Base Aérienne 105 d’Évreux en Normandie, le Détachement Aérien 181 de Saint-Denis à la Réunion, la Base Aérienne 186 de La Tontouta en Nouvelle-Calédonie, la Base Aérienne 188 de Djibouti dans la corne de l’Afrique, le Détachement Aérien 190 de Tahiti en Polynésie Française, ou encore la Base Aérienne 367 de Cayenne en Guyane ils volent sans compter leurs heures. Pour les exemplaires ultramarins les survols maritimes sont quasi systématiques, avec forcément une corrosion accélérée en raison du sel des embruns.
Afin de permettre la mise en place correcte du programme FCTM, pour Futur Cargo Tactique Média, que certains appellent déjà Airbus DS A200M, le ministère des Armées a choisi la solution de la refonte. Les sociétés privés Sabena Technics et Thales doivent donc se partager une enveloppe ministérielle de cent sept millions d’euros visant à la modernisation des vingt-sept CN-235M français.
Malgré ce que son nom pourrait laisser croire Sabena Technics n’est pas une entreprise belge mais française, et ce depuis 2005. C’est elle qui assurera la maîtrise d’œuvre du chantier dans ses ateliers bretons de Dinard. C’est elle aussi qui aura pour rôle de rajeunir les éléments électriques, hydrauliques, mécaniques, et structurels des avions militaires. De son côté Thales devra fournir une avionique dernier cri avec notamment une centrale de navigation inertielle couplée à un GPS de type TopStarC. L’ensemble de l’avionique sera intégré dans la suite TopDeck adaptée à la technologie 5G.
Outre le fait de maintenir les Casa CN-235M a un niveau élevé de capacités opérationnelles ce chantier de refonte doit aussi garantir qu’ils pourront continuer à voler selon les normes civiles françaises et surtout européennes. Sans cela ils pourraient tout bonnement être cloués au sol par décision de Bruxelles.
L’Armée de l’Air et de l’Espace possède deux versions du CN-235M. Il s’agit des CN-235M-200 et CN-235M-300 à hauteur de respectivement dix-neuf et de huit exemplaires. Ces derniers d’ailleurs sont relativement récents, par rapport à ceux d’origine acquis en 1992.
Un prototype modernisé de chacun volera d’ici la fin de l’année prochaine afin de servir de démonstrateur technologique. Ensuite le chantier pourra vraiment débuter et s’étalera jusqu’en 2031. L’Armée de l’Air et de l’Espace compte bien pouvoir se séparer de ses CN-235M-200 à l’horizon 2040, ne conservant alors plus que ses CN-235M-300 et les faisant voler aux côtés des futurs (hypothétiques ?) Airbus DS A200M.
Affaire donc à suivre.
Photos © Armée de l’Air et de l’Espace.
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