L’Afrique sub-saharienne dans le collimateur des avions de ligne chinois ARJ21 et C919.

À ce jour l’Afrique est sans doute la région du monde qui pose le plus de problèmes aux autorités internationales de l’aviation civile. Si on excepte l’Égypte et les pays du Maghreb la quasi totalité du continent connait une insécurité aérienne endémique et toujours aussi forte avec nombre de compagnies aériennes sur différentes listes noires leur fermant les espaces aériens européens et nord-américains. Une aubaine pour le constructeur chinois Comac qui pourrait bien y réaliser dans les prochains mois une percée remarquable, au grand dam d’Airbus et de Boeing. Reste à savoir si les avions en question pourront opérer hors d’Afrique.

Qui en Amérique du nord ou encore en Europe se souvient de compagnies aériennes comme Air Zimbabwe, Congo Airways, Daallo Airlines, Eritrean Airlines, ou encore Sudan Airways ? Peu de gens en fait car celles ci n’ont une activité que très réduite et ne peuvent quasiment pas sortir d’Afrique, hormis pour se rendre sur quelques rares hubs au Moyen-Orient. La cause est simple : leurs avions sont bien souvent des poubelles volantes. Sinon c’est parce que les personnels sont mal formés et que les règles de sécurité ne sont jamais appliqués ou alors de manière très aléatoire. Et ce même si des avions relativement modernes comme des Airbus A320-200 et A330-200 ou encore des Boeing 737-500 ou encore des 767-300ER. En fait depuis la crise du Covid-19 les antédiluviens Airbus A300, Boeing 707, Iluyshin Il-18 Coot, et autres Tupolev Tu-134 Crusty encore en service à la toute fin des années 2010 se font désormais rarissimes et ne volent quasiment plus que pour des vols domestiques.

Le biréacteur court-courrier ARJ21.

Dénués de soutiens financiers dignes de ce nom les compagnies aériennes blacklistées par les organisations aéronautiques internationales ne peuvent de ce fait pas investir dans de nouveaux avions tels les Airbus A220, A320Neo, A330Neo, et autres A350 ou encore les Boeing 737 Max 8/9, 777-8, ou encore les 787-9. Le renouvellement des flottes pose donc problème, d’autant que depuis l’invasion de l’Ukraine et les sanctions internationales qui en ont découlé les avionneurs russes ne peuvent pas venir à la rescousse des compagnies en question. Voilà de quoi ouvrir un boulevard au groupe aéronautique chinois AVIC et notamment à son avionneur commercial Comac.

En fait en Afrique sub-saharienne les Chinois ne partent pas de zéro, loin de là d’ailleurs ! Depuis une dizaine d’années ils jouent les trouble-fêtes face à ATR et à Bombardier sur le marché des avions régionaux turbopropulsés. Le Xian MA60 vient donc directement concurrencer l’ATR-72 européen et le Dash 8 canadien, souvent avec un coût d’achat bien moindre. Pour autant ses succès commerciaux sont limités.

Afin de conquérir le marché des avions de ligne de nouvelle génération courts et moyens courriers AVIC s’appuie sur deux biréacteurs bien différents. Dans le premier cas c’est le fameux Comac ARJ21, présent sur le marché international depuis fin 2016, et dans le second le Comac C919 dont les premiers exemplaires sont entrés en service… le mois dernier. ARJ21 et C919 sont deux avions très différents dans leurs définition. Si le premier ressemble à une copie raccourcie du vieux Douglas DC-9 américain le second reprend les canons esthétiques des avions américains et européens les plus récents. Dans les deux cas l’avionique et la motorisation sont « occidentales ».

En fait malgré quelques rares percées sur le marché asiatique les ARJ21 et C919 n’intéressent guère les clients non-chinois. Pourtant il y a quelques années la compagnie congolaise TAC chercha à acheter quatre ARJ21-700 afin de remplacer ses vieux Boeing 737-200/-200C. L’affaire ne se fit finalement pas mais AVIC avait déjà intéressé l’Afrique et avait pu y poser pied.
Aujourd’hui il devient évident que les avionneurs chinois Comac et Xian s’intéressent à ces territoires. Surtout que leurs futurs respectifs C929 et MA700 semblent désormais clairement taillés pour les compagnies aériennes d’Afrique sub-saharienne.

Le biréacteur moyen-courrier C919.

Le seul véritable souci pour les compagnies africaines réside dans le fait que les Comac ARJ21 et C919 ne sont toujours pas certifiés par les autorités aéronautiques européennes. Ils ne peuvent donc pas y voler. Ce qui implique qu’ils pourraient permettre de lever les sanctions du type listes noires mais pas rouvrir d’anciennes lignes aériennes actuellement fermées.

La décennie actuelle sera donc sans doute essentielle pour la percée de l’industrie aéronautique chinoise, et l’Afrique sera son terrain d’expérimentation.
Affaire à suivre.

Photos © Wikimédia Commons.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

11 réponses

  1. Bravo à Airbus qui a accepté de faire une chaîne d’A320 en Chine, à la différence de Boeing..
    Faut dire que le président de l’époque pensait sans doute à son dividende et son joli parachute doré pour ventre à court terme.
    « Après moi le déluge » est la faiblesse de nos démocraties, comparé à l’empire du milieu qui voit à très long terme !

    1. Le risque zéro n’existe pas s’est vrais mais pour leur défense la direction d’Airbus avait dit qu’il y a une grosse différence entre assembler un avion et le concevoir. Après vu le nombre d’Airbus (et de Boeing) se trouvant en Chine il ne doit pas être difficile de les étudier. D’ailleurs à une époque j’ai souvent lu sur internet qu’un Airbus A320 avait été désossé pour être étudié par les ingénieur chinois, un peu comme les ingénieurs américains qui avaient démonté puis étudié de près les caractéristiques d’un Mig-25 avant de le renvoyer en Union soviétique dans une trentaine de caisse (suite à la désertion du pilote Viktor Belenko le 6 septembre 1976). Peut-on dire aussi que l’usine américaine d’Airbus à Mobile (Alabama) puisse profiter aux ingénieurs de Boeing ?

  2. Ayant volé l’an dernier sur Xian MA60 et ARJ21 en Chine, ces appareils sont loins des standards occidentaux.
    Sur le MA60 la notice de sécurité vous indique qu’en cas de dépressurisation de la cabine, vous devez trouver le masque a oxygène (perso je ne l’ai pas trouvé) et réussir à le brancher sur une prise oxygène au plafond. (Heureusement que j’ai pris des photos car tous les gens a qui j’ai dit ça ne me croyais pas).
    Sur l’ARJ21 nous étions 10 passagers tous entassés sur les trois premières rangées. J’ai été étonné a l’embarquement mais lors du vol vu le bruit des réacteurs en cabine je n’ose pas imaginer si jamais on avait été a l’arrière de la cabine.
    Ces appareils se vendront peut être a quelques exemplaires a l’étranger mais ils ne feront pas une grosse percée. Le C919 a plus de chance car bien plus moderne, mais il reste beaucoup de points de développer (la montée en cadence est extrêmement difficile pour comac, ils vont privilégier le marché chinois avant l’export, il faut développer l’après vente qui pour l’instant est assez médiocre d’après mes contacts dans la maintenance chinoise,…).
    Bref, ces avions se vendront mais ne sont pas une menace immédiate aux mastodontes occidentaux.

      1. Je n’ai jamais dit que ces avions n’étaient pas fiables. Juste que c’était plus « rustique ».
        Pour le zéro crash, dites ça aux familles des 25 morts du crash du MA60 en Indonésie.
        Un seul crash certes, mais il faut aussi mettre ça en corrélation à la moindre de ces avions comparé aux modèles occidentaux.

        1. Laissez tomber Romain ce monsieur (ou cette madame) Bbf ne fait que chercher la polémique et ne connait en fait rien à l’aéronautique. Il fait partie de ces personnes qui viennent nous troller dès lors qu’on a le malheur de traiter d’un sujet ayant un rapport avec l’Afrique. C’est lassant mais ces gens ne savent exister qu’en jouant les haters bêtes et disciplinés. Vous argumentez pour rien avec lui ou elle.

  3. Je pense que dans les compagnies africaines de qualité vous avez oublié Ethiopan Airlines. Pour avoir voler avec eux il y a quelques mois cette compagnie est au standard européen. Pour bien d’autre en effet c’est plus air chance que des compagnie de transport. Je serai surpris qu’elles aient les moyens d’acheter des avions chinois ou autre.

    1. Sauf que les compagnies citées ici sont celles blacklistées par les instances aériennes internationales. Ce qui n’est pas le cas d’Ethiopian Airlines. Plusieurs compagnies africaines sont comme elle de grande qualité et ne sont donc pas mentionnées dans l’article.

  4. Ridicule vraiment ridicule comme article
    Le 737 a fait plus de 500morts en quelques mois
    Pensez que les compagnies aériennes en Afrique ont atteint ce sinistre record ?
    Connaissez vous la situation des compagnies aériennes en Afrique sub-saharienne ?
    Sûrement vous écrivez pour faire plaisir à certains. ..tellement vous êtes dans l’excès..
    Tout ce qui est excessif est mauvais dit-on…
    Dommage…

    1. Si vous connaissiez la richesse aéronautique de la carrière du Boeing 737 jamais vous n’oseriez la ramener aux seuls drames des 737 Max. Mais comme vous n’y connaissez rien vous n’avez pas peur d’être ridicule.

      1. Je constate beaucoup de vos articles sont mal rédigé pour moi je connaissais pas grand chose sur l aéronautique mais bon’ Courage

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