Selon toutes vraisemblances l’Italie devrait devenir sous quelques semaines le premier pays européen utilisateur du biréacteur américain Boeing KC-46 Pegasus. Après avoir un temps envisagé d’augmenter son actuelle flotte de quatre Boeing KC-767A de ravitaillement en vol l’Aeronautica Militare a pris une décision bien plus radicale : les remplacer par des avions neufs. Les négociations ont été lancés la semaine dernière entre Rome et Washington, et devraient aboutir avant la fin de l’année civile. Le budget pour l’acquisition de ces tankers est évaluée à environ un milliard cent vingt millions d’euros, soutien opérationnel inclus.
Cette décision de remplacer les quatre actuels KC-767A par six KC-46A Pegasus n’est pas que militaire, elle est également diplomatique et politique ! C’est une réponse à celles et ceux qui craignaient que l’élection d’une première ministre italienne issue de l’extrême-droite ne risque de nuire aux relations entre ce pays et les États-Unis. Et donc remette en question la place de l’Italie au sein de l’alliance Atlantique. Il n’en sera à priori rien.
La commande des six nouveaux avions est même une rupture claire et nette avec la politique précédente qui envisageait plutôt l’acquisition de deux avions de ligne Boeing 767 de seconde main afin de les transformer en KC-767 et de moderniser les quatre avions en dotation.
Sans attendre la réponse de l’administration Biden et du Congrès l’Aeronautica Militare a décidé que les six futurs avions seront désignés KC-767B. Ils perdront donc leur désignation officiel ainsi que leur patronyme. Peut-être est-ce là une manière pour les militaires italiens de conjurer le sort. Toujours est-il que la vente de ces six KC-46A Pegasus sera une excellente nouvelle à la fois pour Boeing et pour l’administration fédérale des États-Unis. Elle permettra sans doute de temporairement faire oublier quelques-uns des récents déboires de l’avion au sein de l’US Air Force.
Par contre y voir un cheval de Troie de l’avionneur de Seattle afin de s’implanter en Europe est sans doute un peu prématuré. D’abord parce que le marché des avions ravitailleurs ne concerne pas tous les pays du Vieux Continent, c’est même quasiment un marché de niche. Ensuite certains d’entre eux préfèrent avoir recours à des machines mutualisées appartenant à l’OTAN tandis que d’autres à l’image de la France ou du Royaume-Uni possèdent déjà des avions dernier cri. Surtout Boeing Company sait que l’Europe est la chasse gardée de son concurrent Airbus DS et de son best-seller A330 MRTT.
Il est très clair que l’Italie veut signer son contrat avec Boeing avant Noël. Reste à savoir si le Congrès américain sera d’accord avec cela. La solidité financière italienne sera forcément l’élément déclencheur de l’acceptation ou du refus du contrat. Une seconde option, avouons-le, assez peu probable.
Affaire à suivre.
Photo © US Air Force
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Une réponse
Remplacer les KC-767A ? Pourtant ils sont en service que depuis 2011. Ils sont loin d’être usés. Dommage pour le A330 mrtt mais c’était prévu d’avance, Airbus n’est pas très présent en Italie.