On aurait pu croire que la guerre menée par la Russie en Ukraine allait resserrer les liens entre la Grèce et la Turquie, toutes deux membres de l’OTAN. Mais non même pas, et une fois encore c’est Ankara qui joue les trouble-fêtes en critiquant la présence d’avions et de navires grecs dans une manœuvre internationale initiée par l’Égypte. Dans le même temps des chasseurs et chasseurs-bombardiers turcs continuent d’agir au-dessus de la mer Égée comme si celle-ci était leur mare nostrum. Une situation qui oblige la chasse grecque à demeurer sur le qui-vive.
Entre ce samedi 19 et ce vendredi 25 novembre 2022 inclus la Polemikí Aeroporía et la Polemikó Naftikó participent à l’exercice Medusa, qui se tient au large de la ville égyptienne d’Alexandrie. La participation de la première se résume à l’envoi d’un avion de veille radar Embraer E-99. Pour la seconde il s’agit de deux frégates de classe Hydra et d’une corvette de classe Roussen. Celle-ci dispose ainsi sur zone de deux hélicoptères de lutte anti-sous-marine Sikorsky S-70B Aegean Hawk. Une participation assez limitée mais qui fait cependant bondir Ankara.
D’abord parce que l’Égypte a refusé d’inviter la Turquie à cette série de manœuvres internationales mais aussi parce que l’un des scénarii envisagé concerne l’évacuation de ressortissants d’une île que les Turcs pourraient penser être Chypres. Pour mémoire ils en occupent une bonne moitié depuis plusieurs décennies. Sans totalement frôler l’incident diplomatique on peut cependant se dire que la situation est tendue.
D’autant plus que depuis plusieurs mois maintenant les chasses grecques et turques se tournent autour dans le ciel égéen. Les antédiluviens McDonnell-Douglas F-4E Phantom II et les General Dynamics F-16C/D Fighting Falcon turcs font face aux mêmes General Dynamics F-16C/D Fighting Falcon grecs, accompagnés cependant des Dassault Aviation Mirage 2000-5…également grecs. Si quantitativement parlant c’est bien la Turquie qui l’emporte qualitativement parlant il n’y a pas photo, la Grèce a très largement le dessus ! D’autant plus qu’elle a commencé à réceptionné ses premiers Dassault Aviation Rafale F3-R. Il est d’ailleurs de notoriété que la Turquie est effrayée par le dernier né des avions de combat de facture française.
Même modernisés au standard Terminator 2000 par l’industrie israéliennes les F-4E Phantom II turcs sont aujourd’hui de vieux clous ! Certes charmants mais en aucun point capables d’inverser une tendance qui se dessine de plus en plus dans la région, et ce au détriment de l’aviation turque.
Aussi on ne peut que se questionner sur les motivations réelles d’Ankara quand elle envoie ses chasseurs multi-rôles et ses vieux chasseurs-bombardiers flirter avec les limites de l’espace aérien grec. On ne la comprend carrément plus quand ces mêmes F-16C/D et F-4E turcs en viennent à violer délibérément l’espace aérien souverain des îles grecques de la mer Égée. De ce fait l’année 2022 est actuellement celle, depuis le début du 21e siècle où la Polemikí Aeroporía aura cumulé le plus grand nombre de jours en alerte maximale. L’occasion pour les pilotes de ses F-16C/D et Mirage 2000-5 de vérifier qu’ils demeurent toujours aussi professionnels. Face à l’extrême agressivité de la chasse turque aucune bavure grecque n’est à enregistrer cette année.
Dernier point de crispation entre les deux pays : la décision de l’administration Biden d’accepter la Grèce comme cliente du Lockheed-Martin F-35A Lightning II. Un programme de chasseur de 5e génération dont la Turquie avait été exclue par l’administration Trump avant que Joe Biden ne vienne entériner la décision. Une double peine des États-Unis qui a obligé la Turquie à se lancer dans un programme indigène baptisé TF-X et aujourd’hui de plus en plus hypothétique, malgré la présentation d’un mock-up au salon du Bourget 2019.
Le fait que la Grèce aligne des avions de combat furtifs avant la Turquie agace à Ankara.
Le silence le plus étrange dans cette querelle permanente entre Ankara et Athènes est bien celui de Bruxelles. Non pas comme capitale de l’Union Européenne puisque la Turquie n’en est pas membre mais comme haut-commandement de l’alliance Atlantique. À croire que l’OTAN joue le pourrissement sur cette question. Jusqu’au jour où l’une ou l’autre des chasses ira trop loin sans doute.
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