L’Espagne n’a jamais été aussi proche d’acquérir le chasseur américain de 5e génération, et c’est totalement logique. Le ministère espagnol de la défense vient de lancer le processus de sélection d’un avion capable de remplacer le McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II actuellement en dotation au sein de l’aéronavale. Une manière élégante de dire qu’il étudie toutes les possibilités pour acheter le Lockheed-Martin F-35B Lightning II dans les meilleures conditions économiques. En effet l’avion américain n’a aucun concurrent possible actuellement disponible sur le marché.
En fait l’état-major de l’Armada Española sait que le plus difficile dans ce contrat ne sera pas la négociation avec Lockheed-Martin ou même avec Washington DC mais bien avec Madrid elle-même. En effet l’avionneur et l’administration Biden savent pertinemment que le F-35B Lightning II est le seul avion capable de remplacer le McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II puisqu’il a été conçu pour cela. Et comme ni Airbus DS, ni Dassault Aviation, ou encore Saab n’ont jamais été capables de proposer une machine concurrente il est seul sur son marché. Sans Lightning II pas de succession possible au Harrier II. C’est un peu machiavélique de la part des Américains mais c’est franchement malin et ça permet de s’assurer des marchés sans avoir à se poser de question.
Or les marins espagnols tiennent absolument à conserver une chasse embarquée, aussi petite soit-elle. Surtout ils savent que le chasseur furtif américain leur octroiera de nouvelles capacités par rapport au Harrier II, notamment en matière de défense aérienne ou encore de frappes de précisions.
Les difficultés vont donc avant tout être à chercher au niveau institutionnel. Les parlementaires espagnols de gauche sont globalement réticents à ce marché car ils craignent qu’il ne vienne entraver la participation de l’Espagne au programme européen SCAF tandis que leurs homologues écologistes le rejettent totalement pour les mêmes raisons. L’Armada Española doit donc véritablement déminer et convaincre pour permettre à la majorité progressiste de valider sa commande. Et c’est là que l’Ejercito del Aire entre en jeu puisque c’est elle qui doit assurer qu’elle ne commandera jamais le F-35A Lightning II afin de ne pas griller le programme commun à Airbus DS et Dassault Aviation. C’est donc une véritable partie de billard à trois bandes qui se joue.
Car sans l’aval de cette majorité progressiste jamais ce contrat ne pourra être signé et à terme l’Armada devra donc se passer de sa chasse embarquée. L’opposition conservatrice espagnole est globalement plus atlantiste qu’européenne elle n’a donc aucun souci avec l’acquisition de chasseurs américains.
Désormais l’Armada Española entend pouvoir signer son contrat d’ici à la fin de l’année fiscale américaine 2023, c’est à dire au 30 septembre prochain. Ça vous rappelle quelque chose ? C’est normal c’est exactement la même démarche que la République Tchèque pour le F-35A. L’aéronavale espagnole entend acheter entre quinze et dix-huit chasseurs furtifs américains.
Affaire donc à suivre.
Photos © Armada Española & Lockheed-Martin.
NDLR : Les commentaires dérivant directement sur le programme SCAF seront modérés sans la moindre hésitation afin d’éviter tout débordement. Le sujet ici concerne le remplacement des Harrier II espagnols pas l’affrontement Airbus DS vs Dassault Aviation.
Nous vous remercions pour votre compréhension.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
5 Responses
Parce que je doute que l’on voit un jour un SCAF à atterrissage vertical hélas.
Donc c’est un peu l’illustration d’une industrie européenne qui dans certains domaines de l’aéronautique renoncent à proposer des produits équivalents …Simplement.
Je sens que cela va encore pleurnicher en forum et pester sur le F35 B … 😉
Bonjour,
L’achat de F35B n’est pas une menace pour le SCAF puisque ce dernier devrait entrer en service à l’horizon 2040.
L’ Armada Española a besoin de remplacer ses AV8B dès maintenant.
Le F35B sera déjà à mir vie lorsque le SCAF entrera en service, et devra lui même être remplacé.
Merci pour l’article.
Pour le gouvernement espagnol, la question sera en effet « veut-on garder une aéronavale opérationnelle? » La réponse sera la même que pour l’achat de F-35B… et il faudra le budget qui va avec. Un peu comme pour la Marina Militare en Italie il y a quelques années.
Sauf erreur de ma part, l’Espagne a un porte aéronef mais pas de porte avion avec catapulte.
Donc c’est soit le F35 soit rien.
Il y a la volonté des pilotes de marine et les capacités budgétaires de l’Espagne, pas sur que les deux soient compatibles
C’est tout à fait compatible. L’Espagne gonfle déjà son budget militaire.