À l’instar des États-Unis et du Japon l’Italie est un des rares pays à avoir fait le choix d’utiliser à la fois le Lockheed-Martin F-35A Lightning II et le F-35B. Or cette dernière version est devenue source d’interrogations et de discussions dans un pays qui doit en utiliser trente exemplaires répartis entre sa force aérienne et son aéronavale. Avec seulement quinze F-35B Lightning II chacune elles se sont rendues compte que cet avion de 5e génération allait rapidement devenir difficile à exploiter au quotidien. Des solutions ont été trouvés afin de ménager la chèvre et le chou.
Les qualités intrinsèques de l’avion furtif américain ne sont nullement remis en question tandis que les éventuels retards de livraisons n’ont rien à voir avec cette brouille. En fait la polémique entre l’Aeronautica Militare et la Marina Militare ressemble furieusement à une querelle de clochers. Alors que les Lockheed-Martin F-35B Lightning II de la première sont stationnés sur la célèbre base aérienne d’Amendola ceux de la seconde le sont sur la base aéronavale de Grottaglie. Cette dernière jouxte l’aéroport international de Tarente.
Surtout les deux bases ne sont distantes que de 170 kilomètres, ce qui fit dire l’an dernier à Rome qu’une mutualisation des infrastructures serait possible au sein d’une formation interarmée. L’idée n’avait rien d’inédite puisque la Fleet Air Arm et la Royal Air Force l’avaient déjà fait, également autour du F-35B. Malheureusement là où ça a marché en Grande Bretagne cela a échoué en Italie. Chaque force refusant catégoriquement de quitter sa plateforme pour emménager au sein de celle de l’autre.
La preuve que le pragmatisme anglosaxon est parfois préférable au sang chaud latin.
Il fallait viser une autre option. La mutualisation des moyens devait être donc privilégiée à défaut de celle des infrastructures. Le porte-avions Cavour est prévu pour emporter jusqu’à dix de ces chasseurs furtifs le ministère de la défense proposant alors de former les pilotes de l’Aeronautica Militare aux appontages et décollages. La proposition fut étonnamment acceptée par la Marina Militare. C’est donc bien la force aérienne qui la refusa car cela allait à l’encontre de sa doctrine d’emploi du F-35B. Pour elle l’avion furtif à décollage et atterrissages très courts doit participer à des missions ponctuelles à l’étranger depuis des bases ou terrains sommairement équipés.
Là encore l’exemple britannique n’est pas transposable de l’autre côté des Alpes.
Finalement un accord minimal a été trouvé autour des heures de vols… d’entraînement. Elles seront mutualisées afin de permettre des formations mixtes Aeronautica Militare et Marina Militare, en sachant cependant que chacune continuera de décoller de sa propre base. Les avions se retrouveront à mi-distance et pourront ainsi s’exercer conjointement.
C’est déjà un début même si ce n’est pas la panacée.
À Rome les décideurs du ministère de la défense continuent d’essayer de réunir en une seule les deux flottes de chacune quinze Lockheed-Martin F-35B Lightning II. Les médias spécialisés transalpins sont cependant sceptiques sur une issue heureuse tant les différences sont grandes entre l’Aeronautica Militare et la Marina Militare. Surtout chacune campe sur ses positions et ne veut pas en démordre.
Affaire donc à suivre.
Photo © Marina Militare
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