Il aura donc dirigé l’organisation djihadiste internationale durant onze ans. Ce lundi 1er août 2022 le Président des États-Unis Joe Biden a officiellement reconnu avoir donné l’ordre de neutraliser le chef terroriste Ayman al-Zawahiri plutôt que de le capturer. Un drone de combat, selon toutes vraisemblances un General Atomics MQ-9 Reaper, a ciblé l’homme dans sa demeure de la banlieue de Kaboul en Afghanistan où il était réfugié sous protection du régime taliban. Il était une des têtes pensantes de plusieurs attentats meurtriers en Amérique du Nord et en Europe.
C’est donc ce dimanche 31 juillet 2022 qu’Ayman al-Zawahiri est mort. L’Égyptien de 71 ans était l’homme le plus recherché de la planète depuis la mort de son ami et chef Oussama Ben Laden tué lors d’un raid des forces spéciales américaines resté dans les mémoires. Une prime de 25 millions de dollars US avait été mise sur sa tête.
Cette fois la Maison Blanche, et sous son autorité la CIA et le Pentagone, n’ont voulu prendre aucun risque. Pas question de tenter de le capturer vivant et de le ramener d’Afghanistan aux États-Unis. Sa neutralisation, c’est à dire sa mise à mort, suffisaient largement à l’exécutif américain. C’est donc chose faite.
Quelques heures après l’annonce du Président des États-Unis Joe Biden on en sait un peu plus sur le déroulé de l’opération. Un drone de reconnaissance et de combat, sans doute un General Atomics MQ-9 Reaper, a procédé à la frappe contre la demeure d’Ayman al-Zawahiri sise dans la ville de Sherpour. Celle ci se situe dans la banlieue de Kaboul. Selon plusieurs experts américains la munition employée serait le missile air-sol AGM-114R9X Flying Ginsu.
Ce dérivé du célèbre missile antichar Hellfire n’emporte aucune charge explosive. En lieu et place il dispose de 45 kilogrammes d’obus flèches, des armes déjà employées lors de l’élimination de chefs djihadistes en Syrie. L’AGM-114R9X a cela d’efficace qu’il réduit considérablement le risque de victimes collatérales par rapport à un missile classique ou à une bombe guidée.
La Maison Blanche et la CIA ont donc mis un peu plus de 24 heures pour reconnaître cette action militaire contre la souveraineté de l’Afghanistan. Cela n’a rien à avoir avec une éventuelle diplomatie vis-à-vis du régime des talibans, il s’agissait surtout d’avoir la certitude qu’Ayman al-Zawahiri soit bel et bien mort.
À Kaboul le gouvernement islamiste taliban hurle au scandale. Il exige d’ailleurs que le télépilote du drone qui a violé son espace aérien lui soit déferré. Il peut toujours même si cela n’a aucun sens ni aucun risque d’arriver. De son côté Washington DC se retranche derrière l’accord de Doha du 29 février 2020 signé entre les forces américaines et le régime taliban autour du retrait des troupes alliées. Selon lui les fondamentalistes islamistes talibans s’engageaient à ne plus accueillir de membre d’Al-Qaïda sur leur territoire ni même à les protéger. La seule résidence d’Ayman al-Zawahiri dans la banlieue de Kaboul rend l’accord totalement caduque et offre une légitimité aux Américains pour cette frappe aérienne.
Aux côtés d’Oussama Ben Laden Ayman al-Zawahiri était considéré comme l’un des cerveaux de trois des attentats les plus meurtriers de ce début de 21e siècle. Bien entendu on pense immédiatement aux attaques du 11 septembre 2001 contre la côte est des États-Unis et leurs 2977 morts et près de 15000 blessés. Il faut aussi y ajouter les 192 morts et 1858 blessés lors de l’attaque de la gare d’Atocha à Madrid le 11 mars 2004 mais aussi les 56 morts et 784 blessés des attentats contre les bus et métros de Londres le 7 juillet 2005.
La vengeance n’est certes jamais la justice et ne la remplacera à aucun prix mais au moins les familles de ces victimes innocentes pourront mieux dormir en sachant que le bourreau de leurs proches ne fera plus jamais de mal.
Photo © US Department of Defense.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
7 Responses
Je suis toujours circonspect face à ce genre d’actualité. D’un côté heureux de savoir un de ces terroristes éparpillé façon puzzle. De l’autre je me dis que, comme le jeu des taupes, on tape sur la tête de l’une, et une autre sort à côté…. Qui va prendre la tête d’Al Qaeda j’imagine déjà bien affaibli ? Est ce que le régime Taliban, galvanisé par cette « attaque », ne va pas pousser un peu plus ses pions et renouveler des actions terroristes par le biais de ses organisations diverses ?
J’ai l’impression que la mort de cet homme n’est qu’un coup de pied dans une fourmilière prête à entrée en guerre à chaque instant. Ces organisations terroristes tentaculaires sont un problème bien trop important, et la perte d’un homme, tout « puissant » soit-il, n’est qu’une petite victoire isolée.
En tout cas, c’est déjà une bonne chose que ce « cerveau » ait été évincé de l’échiquier ! Reste à voir si les autres pièces tomberont d’elles même, ou avanceront…
Merci pour cet article et chapeau aux services de renseignement pour avoir débusqué le bonhomme !
belle opération mais aucun respect du droit international… qui dit que les talibans ignoraient ou pas sa présence ? c’est de la com pour justifier la violation de souveraineté… même si on parle de l’Afghanistan !
Prendre la défense des talibans, même de votre part Aloha59 c’est choquant.
Bonjour Aloha. Admettons que vous ayez raison. Mais seriez-vous alors capable d’expliquer comment les américains auraient su qu’il habitait Kaboul en n’y étant plus, alors que les Taliban au pouvoir (et les services secrets pakistanais qui, et c’est notoire, aident les Taliban) ne l’auraient pas su? Il y a là un paradoxe que je vous serai grâce de m’expliquer, si bien sûr vous êtes en mesure de le faire…
Les Américains se basent, comme dit dans l’article d’Arnaud, sur un des articles des accords de Doha stipulant que le régime taliban s’engage à ne pas héberger de terroristes sur leur territoire. Al-Zawahiri étant une tête bien connue et, si j’en crois l’article du Monde de ce jour, il logeait en plein centre de Kaboul, « dans un quartier résidentiel peuplé d’apparatchiks du régime et de familles aisées » – donc pas au fond d’une cave, à l’insu des Talibans. Il passait d’ailleurs de longues heures sur le balcon de sa maison et c’est ce qui a permis aux Américains de l’identifier formellement.
Dans un cas « classique », les Américains auraient prévenu les autorités locales de ce renseignement, charge à elles d’appréhender le terroriste. Mais dans le cas des Talibans, je pense que le risque d’une fuite ou d’une collusion était trop grand et ils se sont faits justice eux-mêmes.
Poutine et ses amis ne respectent le droit international que lorsque cela les arrange.
Y compris et surtout quand cela concerne les civils ou les prisonniers en Ukraine, de la part des Russes….
Ceci termine un commentaire qui ne concerne pas l’aviation.
Bien qu’imparfaite, ce n’est que justice rendue. Pourquoi les terroristes islamiques ne sont pas « excommuniés » d’une religion qui se targue d’être pacifiste, ou du moins dénoncés avec plus de vigueur par les soi disant modérés ?