Le Pilatus PC-21 désormais seul avion d’entraînement avancé espagnol… ou presque !

C’est par une simple annonce, sans cérémonie d’adieux, que l’Ejercito del Aires y del Espacio a retiré du service son fidèle jet d’entraînement de facture indigène. Ce dimanche 1er août 2022 le ministère espagnol de la défense a officialisé la fin du service opérationnel du Casa C-101EB Aviojet alias E-25 dans la nomenclature locale. C’est donc le monomoteur à turbopropulseur de facture suisse Pilatus PC-21 qui le remplace dans le rôle d’avion d’entraînement avancé. En filigrane se dessine aussi l’attente de l’Airbus Futur Jet Trainer européen qui pourrait également séduire Allemands et Belges.

Pour l’Ejercito del Aire y del Espacio le Casa C-101 Aviojet symbolise la modernisation d’une aviation militaire restée dans l’ombre de l’armée durant toute la trouble période franquiste. C’est lorsque le fascisant dictateur a trouvé la mort qu’enfin l’aviation espagnole a pu s’affirmer comme un des plus efficace d’Europe. Jusque là l’autocrate ultrareligieux se méfiait d’elle, la jugeant souvent trop indépendante et libre. Et pour de nombreux espagnols ce petit jet d’entraînement avancé représentait l’après Francisco Franco, l’avion ayant volé deux ans après sa mort. Surtout il avait été présenté comme l’avion permettant à Casa de se hisser au niveau d’avionneurs européens alors aussi mythiques qu’Aermacchi, British Aerospace, ou encore Dassault-Breguet. Il a donc une place à part dans le cœur des Espagnols.

C’est pourquoi la catimini avec laquelle l’Ejercito del Aires y del Espacio l’a retiré du service surprend, jusqu’en Espagne. Honnêtement si je n’avais pas lu deux articles de presse généraliste espagnole dans le weekend je n’aurais sans doute jamais su que l’Aviojet avait pris sa retraite en Espagne. Le temps de revérifier l’information et de constater que oui c’est bien vrai : il ne forme plus aucun pilote depuis maintenant une grosse semaine.
Un manque de transparence qui surprend de la part d’une Ejercito del Aires y del Espacio qui figure parmi les forces aériennes européennes les plus communicatrices, aux côtés la Koninklijke Luchtmacht néerlandaise ou de la Luftstreïkraft autrichienne.

Depuis ce dimanche 1er août 2022 donc c’est l’excellent Pilatus PC-21 d’origine suisse qui assure cette mission. Par rapport à son prédécesseur ce nouvel avion est moins gourmand en carburant et possède une avionique plus élaborée. Le poste de pilotage permet en outre, grâce à une ergonomie repensée, de mieux préparer les pilotes espagnols à leur passage sur avions de combat dernier cri comme les Airbus DS Typhoon Tranche 4 dont certains ont été récemment commandés. Ils sont entrés en service en septembre dernier. Vingt-quatre de ces très efficaces monomoteurs à turbopropulseurs servent donc au sein de l’Academia del Aire y del Espacio, équivalent espagnol de notre École de l’Air et de l’Espace française.

Outre les dits Pilatus PC-21 celle-ci possède encore ses méconnus ENAER T-35 Pillán de conception et de construction chiliennes qui assurent la sélection en vol et l’écolage basique. Pour autant quelques C-101 Aviojet vont demeurer en service encore au moins une dizaine d’années : ceux de la Patrulla Aguila. La prestigieuse patrouille de présentation de l’Ejercito del Aires y del Espacio ne troquera pas ses jets pour des avions turbopropulsés. Ça vous rappelle quelque chose ? C’est normal.

Surtout elle conserve encore sa petite flotte de Casa SF-5M, de vieux Northrop F-5B Freedom Fighter construits localement puis modernisés et employés comme Lead-In Fighter. À l’origine ils auraient dû être retirés du service en 2020 mais la crise pandémique du Covid-19 en a décidé autrement. Aujourd’hui ils continuent de voler, assurant même le rôle d’Agressors par les pays de l’alliance Atlantique lors d’exercices internationaux.
Plus personne en Espagne ne se hasarde à envisage leur retraite, de peur de se planter dans les grandes largeurs !

D’ores et déjà les Espagnols, comme d’ailleurs les Français ou les Suisses, louent les excellentes qualités intrinsèques du Pilatus PC-21. C’est sans doute le meilleur avion de sa catégorie dans le monde, le savoir faire reconnu de la confédération helvétique.

Photos © Ejercito del Aires y del Espacio.