La Republic Of China Air Force maintient un haut niveau d’alerte.

Les gesticulations de Pékin dans le détroit de Formose n’ont pas fini de faire brûler du carburéacteur chez ses adversaires. Alors que l’US Navy entretient plusieurs navires et aéronefs dans la région Taïwan de son côté a décidé de ne pas abaisser son niveau d’alerte défensif, notamment celui de la ROCAF. Dans le même temps beaucoup s’accordent sur le fait que les actions militaires chinoises n’ont qu’une portée limitée, celle-ci n’ayant pas (encore) les moyens de ses ambitions. Quoiqu’il en soit la situation demeure tendue.

Des chasseurs chinois de supériorité aérienne Shenyang J-11 Flanker-B+ escortant des avions de reconnaissance et d’espionnage Shaanxi KJ-500 et KQ-200 au travers de l’ADIZ taïwanaise, il n’en faut pas plus pour exciter les rédactions journalistiques du monde entier. Et sur ce coup là on ne leur en tiendra pas rigueur. Depuis quelques jours Pékin a lancé une vaste série de manœuvres aériennes et navales dans le détroit de Formose. C’est ce bras de mer qui sépare les deux Chine : celle continentale aux mains d’un des derniers régimes communistes autoritaires (d’obédience maoïste) et celle insulaire au régime démocratique et parlementaire. Les avions militaires frappés de l’étoile rouge n’hésitent donc plus à pénétré la zone d’identification aérienne taïwanaise, la fameuse ADIZ, sans aucun plan de vol et dans la majorité des cas avec les transpondeurs éteints.

Résultat la Republic Of China Air Force s’empresse de faire décoller sa chasse, en l’objet ses General Dynamics F-16A Fighting Falcon / Lockheed-Martin F-16V Viper et ses Dassault Aviation Mirage 2000-5EI. Sauf que là où habituellement les avions intrus sont gentiment raccompagnés dans l’espace aérien international cette fois ils s’incrustent. Il faut dire que selon la rhétorique officielle pékinoise Taïwan est partie intégrante de la Chine, son ADIZ n’a donc pas d’existence légale auprès du régime communiste.

Malgré une fermeté affichée les pilotes taïwanais n’ont pas d’autre choix que de tolérer la présence de leurs lointains cousins et néanmoins ennemis continentaux. Le moindre accrochage armé serait le prétexte que Pékin attend pour conquérir l’île de Formose.
À un détail près : la Chine n’a pas les moyens de ses ambitions.

Pour prendre pied sur une île il n’y a pas 36 solutions, il n’y en a qu’une : une opération amphibie conjointe avec une action aéroportée. En gros il faudrait que la Chine puisse faire débarquer des dizaines de milliers de fantassins sur le littoral taïwanais tout en parachutant des troupes sur les points névralgiques de Formose. Le tout bien sûr sans compter la résistance des forces taïwanaises, sur la terre ferme, dans les airs, et sur les mers. Voire accessoirement en dessous. Si la Chine ressemble dans sa détermination à la Russie Taïwan n’est pas l’Ukraine, elle a des alliés à commencer par la quasi totalité des états de la zone Asie Pacifique dont les États-Unis. Mais surtout Pékin ne possède pas les navires dédiés aux opérations amphibies en nombre suffisant pour engager les hostilités contre Taïwan.
Enfin, et c’est sans doute le point le plus important : la Chine n’a pas les moyens économiques de s’attaquer aux États-Unis qui demeure son principal partenaire économique, devant l’Union Européenne ou la Russie. Fermer le marché américain aux productions chinoises reviendrait pour Pékin à se tirer une balle dans chaque pied !

F-16V Viper taïwanais au décollage PC allumée.

Donc les avions, hélicoptères, et navires chinois vont poursuivre leurs exercices de grande ampleur tandis que les avions et la défense côtière taïwanaises continueront de les en empêcher le plus possible. Et les médias du monde entier n’auront pas le choix que d’emboîter le pas de cette non actualité. Au moins ça entraîne les pilotes de F-16 et de Mirage 2000 taïwanais au décollage en alerte. C’est déjà ça.

Photos © ROCAF


En savoir plus sur avionslegendaires.net

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Image de Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
articles sur les mêmes thématiques
Commentaires

7 Responses

  1. Ma grand mère me disait : « Chien qui aboie ne mord pas ». Et non ce n’est pas un vieux proverbe chinois 😉

  2. Hello Arnaud
    Sur certains images on voit les fameux J31, Dans beaucoup d’articles on entend dire que ces avions sont peu presque pas opérationnel; Certains observateurs (je dois retrouver les sources) doutes de leur futilité; Est ce que l’on a des infos sur ces machines; Sachant que dans le conflit avec l’inde, ces avions sont restés étrangement silencieux;
    Egalement, ca c’est une pensée perso; On sait que TAIWAN est le verrou obligé pour la marine chinoise afin d’opérer en haute mer surtout pour les sous marins; Je trouve le japon et les autres pays assez silencieux a part quelques soupirs consulaires, on a des infos sur les chasses Japonaise ou Philippines;

    1. À priori c’est plutôt le Chengdu J-20 et non le Shenyang J-31 qui a été engagé dans ces exercices. Pour le reste aucune idée.

  3. En ce moment, il y a une très grande gesticulation militaire chinoise envers Taiwan. Il faut dire que N Pelosy avait prévu son voyage en Asie courant Mars-Avril. Les stratèges chinois ont donc eu tout le temps de finaliser leurs manoeuvres aériennes et maritimes ainsi que de tester leurs missiles dernier cri. Quand on aime , on ne compte pas!!!. Bien qu’un équipement chinois coûte au bas mot 4 fois moins qu’un équipement équivalent US, avec tout ce qui est mis en oeuvre ça a un vrai coût cette opération d’intimidation. C’est sûr que ça entraine les militaires chinois qui bien qu’ils ont une flotte considérable et récente, il faut s’approprier les équipements et coordonner tout ce petit monde. Rien que cela ça demande du temps et là ils ont la motivation, objectif faire comme si on s’emparait de Taïwan.
    Quant à l’ADIZ, elle date des américains avant les années 50. Pourquoi n’est-elle pas refaite car ça ne veut rien dire puisqu’une partie de l’Adiz de Taïwan est sur le continent chinois? Quelles sont les vraies limites à ne pas dépasser pour Taïwan?
    Côté aviation de défense taïwanaise, je me pose la question si la photo montrant 2 Mirages 2000 est récente car on voit des missiles Air-Air qui en France sont devenus obsolètes et c’est pourquoi nos Mirage 2000 d’Orange équipés de ces missiles ont été mis à l’arrêt définitif et revendus pour pièce détachée à l’Inde. Donc question: est-ce que les Mirage 2000 taïwanais ont reçu une maj pour les équiper de MICA. Auquel cas, les avions chinois doivent légitiment se méfier?

  4. A la question: est-ce que les Mirage 2000 taïwanais ont reçu une maj pour les équiper de MICA?
    La réponse est OUI. On voit 1 Mica EM accroché en dessous du cockpit.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Force_a%C3%A9rienne_de_la_r%C3%A9publique_de_Chine#/media/Fichier:Mirage_2000-5EI_Front_View_20111015a.jpg

    Et si en plus, Taïwan reçoit dans un futur pas trop éloigné des Mica au rendement amélioré comme la DGA est entrain de tester, alors là, raison de plus que les pilotes de l’APL ont raison de se méfier.

Sondage

25ème anniversaire, à quelle époque remonte votre première visite d'avionslegendaires ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié

Lockheed-Martin X-55

Depuis le début des années 1940 les avions de transport militaire sont construits en métal, parfois avec des alliages comme le Duralumin comme sur le

Lire la suite...