Beaucoup se demandaient combien de temps l’alliance Atlantique allait t-elle mettre avant de faire appel à lui ? C’est chose faite puisque six exemplaires du mythique Lockheed-Martin F-22A Raptor appartenant au célèbre 3rd Wing de l’US Air Force sont désormais déployés à Łask dans le centre de la Pologne. La mission première de ces chasseurs sera de protéger l’espace aérien de la face nord de l’alliance Atlantique contre les risques d’intrusions d’avions ennemis. Bien entendu c’est la Russie qui est visée, surtout depuis qu’elle a décidé d’envahir l’Ukraine puis de bombarder ses populations civiles.
À l’instar des Boeing B-52H Stratofortress et Northrop B-2A Spirit le Lockheed-Martin F-22A Raptor est bien plus qu’un avion d’arme, c’est un outil de pure diplomatie ! Chacun sait, et l’état major russe parmi les premiers, à quel point cet avion est efficace quand il s’agit de dominer un espace aérien. Aidé d’un AWACS et soutenu par un ou plusieurs ravitailleur en vol il a la totale capacité à effacer toute menace hostile au-dessus d’un territoire donnée. Sa présence donc dans le giron des missions de réassurance de l’OTAN en Europe orientale et septentrionale est avant tout un message fort envoyé en direction de la fédération de Russie.
Là où Bruxelles et Washington DC ont fait encore plus fort c’est en faisant appel à six avions appartenant au 3rd Wing de l’US Air Force. Relevant des Pacific Air Forces ceux ci ne devraient théoriquement rien avoir à faire en Europe. Alors pourquoi eux et pas d’autres unités évoluant sur F-22A Raptor ?
Simplement parce que les femmes et les hommes du 3rd Wing sont un cauchemar bien réel pour les équipages de l’aviation militaire russe. Identifier et chasser les Beriev A-50 Mainstay, les Sukhoi Su-35 Flanker-E, ou encore les Tupolev Tu-142 Bear-F est véritablement la spécialité de ces pilotes alaskéens. Et à chaque fois le perdant c’est l’aviation russe à ce petit jeu là. Là encore le rôle diplomatique de ce déploiement est primordial. Quand l’information sur ce déploiement américain en Pologne a été confirmé il est évident qu’elle n’a pas dû faire que des heureux dans les allées du Kremlin.
Ne pouvant décemment pas survoler le territoire russe pour transiter entre leur nid d’Elmondorf-Richardson AFB en Alaska et la base polonaise de Łask les six chasseurs de supériorité aérienne son passés par les espaces aériens américains et canadiens avant de foncer plein nord vers celui du Royaume-Uni. Après une courte escale à RAF Lakenheath permettant aux pilotes de se détendre un peu, en gros de sortir de leur cockpit et de s’étirer, ils ont rejoint leur objectif. Ils y sont désormais opérationnels.
Le Lockheed-Martin F-22A Raptor étant notoirement connu pour sa gourmandise en carburéacteur plusieurs ravitaillements en vol ont été nécessaires lors de ce transit.
Un tel schéma de vol entre les États-Unis et l’Europe se reproduira rapidement puisque le Pentagone a révélé vouloir monter à douze Raptor. Par contre il ne semble pas avéré que les six nouveaux soient déployés également en Pologne, on parle aussi des états baltes ou de la Roumanie.
Ni l’OTAN ni l’US Air Force n’a communiqué sur la durée réelle de ce déploiement en Europe. On peut cependant escompter que les militaires américains ne rentreront pas au pays avant plusieurs semaines. À eux l’été polonais, et sans doute une bonne partie de l’automne.
Photos © US Air Force
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16 Responses
Bonjour
Une simple questions aux spécialistes, a votre connaissance, le F22 à t’il déjà été au combat depuis sa mise en service, ou du moins à une situation tendue ?
(Nota: pas d’ironie dans ma question, c’est juste une question)
Meri d’avance.
Oui ils ont mené des missions air-sol, où ils ne sont pas forcément les plus à l’aise au-dessus de l’Irak en 2015.
https://www.avionslegendaires.net/2015/11/actu/des-f-22-raptor-hawaiens-deployes-contre-daech/
Après la défense aérienne au profit du NORAD peut s’avérer tendue quand on connait l’agressivité naturelle des pilotes de chasses russes.
Le F-22 a été confronté à des situations tendues dans le golfe persique. Des F-22 sont allés à la rencontre de F4 phantom iraniens qui essayaient d’intercepter un drone Global hawk en pleine mission ISR dans l’espace aérien international. Les F-22 se sont retrouvés sous les F-4 sans avoir été détectés. Une fois avertis les F-4 ont fait gentiment demi-tour. Un F-22 ça dissuade. Pas sûr que les pilotes iraniens aurait voulu faire une baignade ce jour là.
Dimitri vous ne pouvez pas considérer que les vieux F-4 Phantom II iraniens aient représenté un quelconque péril pour les F-22 Raptor américains.
Merci pour votre réponse.
En parlant d’agressivité des pilotes non occidentaux, j’ai vu un article très sérieux ou un pilote chinois sur J16 (Copie SU35 ou autre..) balancer joyeusement des « shafts » dans l’axe des réacteurs d’un P8 en patrouille en zone internationale.
Pas sympa.
Le lien:https://www.youtube.com/watch?v=sshVg7Sm3Tk&t=91s
La présence des F22 va t elle alléger les mission de nos Rafales ?
Car toutes ces missions avec des aller/retour de France doivent sacrément consommer le potentiel de nos avions.
Les F-22A Raptor ne viennent pas alléger la charge de travail des chasseurs des autres pays alliés. Ils viennent participer eux aussi aux missions de réassurance face au péril russe. Et si ces missions consomment comme vous le prétendez le potentiel des Rafale français ce n’est peut être pas un bon signal envoyé aux clients potentiels de l’avion.
Chaque mission quelle qu’elle soit consomme du potentiel (entre deux visites moteur ou de vol des munitions). Il n’y a donc pas de mauvais signal envoyé aux clients potentiels.
Bien sûr que si. Si la France suivait les volontés de madame ou monsieur Dupont cela enverrait un très mauvais signal aux clients potentiels ou futurs du Rafale vis à vis de ses capacités à tenir un engagement de haute intensité. Fort heureusement nous n’en sommes pas là et la France n’a pas prévu à priori de cesser ses missions de réassurance au profit de nos alliés orientaux et septentrionaux.
Bonjour Arnaud.
Merci encore pour cet article. Vous allez dire que je suis pointilleux mais vous écrivez Elmondorf-Richardson AFB alors qu’il s’agit d’Elmendorf-Richardson AFB, il me semble.
Quand au F-22, je me dis que les U.S. doivent s’en mordre les doigts de ne pas avoir été jusqu’au bout de leur commande de 750 exemplaires comme prévu initialement…
Bien à vous
Il me semble que le programme ARES de modernisation des « Raptor » est encore en cours. Initialement leur retrait du service devait démarrer en 2030, ils vont peut-être avoir ici l’occasion de prouver l’intérêt de rallonger leur espérance de vie.
Si, selon mon avis personnel la présence des F-35 ne doit avoir que peut d’impact sur le moral de la chasse Russe, l’arrivée des F-22 aura sûrement un impact psychologique bien plus fort.
Je pense qu’on est ici à l’orée entre l’opération de comm’ et la mise en place d’une réelle mise en garde stratégique.
Et s’il vous plaît, épargnez nous l’argument du « oui mais les Russes vont déployer leur Su-57… ». On ne connais rien de ses capacités, si l’U.S Air Force n’envoit que 6 « Raptors », c’est sûrement le nombre total réel de « Felons » que les russes possèdent.
Personne de sérieux n’osera rétorquer l’argument du Su-57 Felon Romain, c’est évident. La vraie menace pour les F-22A Raptor viendrait plutôt des MiG-31 Foxhound et éventuellement des Su-35 Flanker-E aisément détectables par les chaînes radars de l’OTAN et par les AWACS en maraude.
Le Su-57 Felon ne fait plus vraiment peur actuellement, il est en service en nombre trop restreint en Russie pour cela.
Pour le reste je suis une fois encore totalement d’accord avec vous.
Ce seront 12 F-22 au final
Oui Dimitri c’est d’ailleurs ce qui est écrit dans l’avant-dernier paragraphe. 😉
J’avais oublié les Mig-31 modernisés, effectivement eux pourrait poser problème, si tant est qu’il réussissent à le locker.
Ah le F22, un de mes avion favoris au coté du rafale que j’utilise avec plaisir dans les ace combat!