L’alliance Atlantique constate une diminution de l’ordre de 6% des interceptions d’avions étrangers dans l’espace aérien souverain de ses états membres. Un chiffre qu’il faut cependant savoir pondérer puisqu’il n’inclut nullement les missions réalisées par certains pays comme le Canada, les États-Unis, ou encore la France dans le cadre de leurs propres procédures de défense aérienne. L’an dernier ce sont tout de même 350 avions militaires de pays non membres qui ont ainsi été intercepté, dont 290 portaient les marquages de nationalités de la fédération de Russie. C’est la mer Baltique qui demeure la principale zone concernée.
En 2020 les interceptions d’avions étrangers par la chasse de l’OTAN s’élevaient à 370 aéronefs. En 2021 ils n’était plus que 350, soit une baisse d’environ 6% entre les deux années. C’est surtout la deuxième année consécutive où les chiffres diminuent. Certains y voient un effet collatéral de la crise pandémique du Covid-19 qui frappe également très durement la Russie, malgré ce que la propagande d’état peut en dire.
Détaillons un peu plus les chiffres fournis par l’OTAN. Sur 350 interceptions réalisées entre le 1er janvier et le 31 décembre 2021 (et fait en réalité jusqu’au 28 décembre inclus, puisqu’aucune mission n’a été ensuite nécessaire) 290 ont concerné des aéronefs russes, 33 des aéronefs biélorusses, 17 des aéronefs ukrainiens, et les 10 restants concernant plusieurs nationalités ainsi que des avions dénués de marquages. Ces derniers étaient supposés russes, même si rien ne pouvait le prouver puisqu’en général ils volaient transpondeurs éteints. À chaque fois ils ont fait l’objet de décollages en alerte de la chasse de l’OTAN, en grande majorité des avions participant à la mission Baltic Air Policing. Des chasseurs déployés en Bulgarie, en Islande, et en Roumanie ont également été concernés.
Et contrairement à une idée reçue encore largement répandue tous les aéronefs russes en question ne sont pas des avions de reconnaissance stratégique tels le Beriev A-50 Mainstay, l’Ilyushin Il-20 Coot-A (à l’image de celui représenté en une de l’article) et le Tupolev Tu-142 Bear-F. Certains sont de simples avions de transport tactique Antonov An-12 Cub, An-26 Curl, Ilyushin Il-76 Candid, ou encore des Let L-410UVP. Enfin, et ce même si elles sont minoritaires, il s’agit parfois de violations très rapides d’espaces aériens par des hélicoptères types Mil Mi-8 Hip et Mi-24 Hind. Un phénomène enregistré plutôt à proximité des frontières estoniennes et polonaises.
Le cas des avions de combat comme le Mikoyan MiG-29 Fulcrum ou le Sukhoi Su-27 Flanker est encore différent puisque généralement il s’agit de chasseur d’escorte. Un rôle que par contre ne peuvent pas vraiment remplir les Sukhoi Su-24 Fencer et Su-34 Fullback d’attaque et de pénétration.
Lors des interceptions réalisées par l’OTAN en mer Baltique la diplomatie russe se retranche souvent derrière l’excuse du vol de transit en direction de l’oblast de Kaliningrad, une exclave de la Russie enclavée dans l’Union Européenne. Un argument qui ne convainc jamais personne, les avions en question évoluant toujours au plus près des espaces aériens souverains de nations de l’OTAN et avec transpondeurs éteints.
Ce chiffre de 290 avions et hélicoptères russes interceptés par les forces de l’OTAN est à relativiser au regard des missions menées par le Canada, les États-Unis, la France, et le Royaume-Uni. Bien que tous les quatre membres de l’alliance ces pays disposent de leur propres mesures d’interception. Dans le cas américano-canadien il s’agit du fameux NORAD qui coordonne les chasses de l’Aviation Royale Canadienne et de l’US Air Force, notamment en zone Pacifique nord. Quand une patrouille de McDonnell-Douglas CF-188 Hornet canadiens intercepte un bombardier stratégique Tupolev Tu-160 Blackjack accompagné de deux Sukhoi Su-35 Flanker-E cela ne peut pas être enregistré dans les interceptions de l’OTAN. Il en est de même de l’Armée de l’Air et de l’Espace ou encore de la Royal Air Force qui disposent chacune d’une procédure dite QRA de décollage en alerte hors celle de l’OTAN. En France on l’appelle posture permanente de défense aérienne dont le principal chasseur demeure le Dassault Aviation Mirage 2000-5F.
Cette baisse sensible des missions à l’encontre de l’aviation russe n’a pourtant pas encore pour effet de diminuer les déploiements d’avions de combat en Europe centrale et orientale. En atteste l’arrivée en Pologne ce mardi 4 janvier 2022 de chasseurs General Dynamics F-16C Fighting Falcon appartenant à l’US Air Force. Ils sont déployés dans le cadre d’une mission de police du ciel de l’OTAN.
Photos © OTAN
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
6 Responses
Arnaud,
Pour prendre les devant et dans un soucis d’équité, aurais-tu aussi les chiffres des interceptions d’avions étrangers dans l’espace aérien souverain Russe sur les même période ?
Non parce que les sources russes ne sont pas fiables. Tass, RT, ou encore Sputnik balancent des annonces à plus de 1000 intrusions alliées en Russie.
Commentaire plein de bon sens . Merci pour votre excellent travail
RT et (surtout) Sputnik, oui je suis d’accord. Tass je ne connais pas. A voir si les gars de Red Samovar auraient pas ça.
Tass Romain c’est l’agence de presse officielle en Russie. Elle existe depuis l’ère soviétique et est souvent considérée comme la 4e plus importante au monde derrière l’AFP, Reuters, et AP. Ses pages aéronautiques sont pas mal, mais souvent dans la propagande quand il s’agit de l’OTAN.
Je en connaissais pas, merci de l’info, voici un nouveau blanc de ma culture noirci.
Merci Arnaud 😉