Ce n’est certes pas le contrat du siècle pour le constructeur européen mais il pourrait ouvrir un nouveau marché à son biturbine de transport d’assaut : l’Inde. L’Indian Coast Guard a éliminé tous les compétiteurs en lice dans le programme d’acquisition futur d’un hélicoptère de recherches et sauvetages à long rayon d’action et de projections de forces dans le cadre de mission antiterroristes. Il ne reste donc plus qu’un seul et unique candidat : l’Airbus Helicopters H225M. Jusqu’à cette semaine ils étaient encore deux.
Sur le papier c’est le programme le plus ancien de l’Indian Coast Guard puisqu’il court depuis avril 2012. Au titre des lois indiennes les autorités ont donc jusqu’à avril de cette année pour rendre leur décision quant à son avenir : la sélection d’un hélicoptère ou son annulation pure et simple. Sauf que pour la garde côtière indienne l’acquisition de ces quatorze hélicoptères à long rayon d’action est une nécessité pour répondre aux défis de notre époque. Elle doit impérativement pouvoir disposer sous quelques années d’un appareil capable aussi bien d’aller rechercher et secourir des victimes en haute mer que de transporter et déposer des commandos à bord de navires.
Ce n’est qu’en 2015-2016 que le programme a réellement décollé (si je puis dire) avec l’examen des appareils possibles. Deux ont immédiatement été rejetés, et pas pour les mêmes raisons : le Mil Mi-17 Hip-H russe et le NHIndustries NH-90NFH Caïman européen.
Dans le premier cas les Indiens ont estimé que cet hélicoptère, qu’ils connaissent très bien, est inadapté à un emploi maritime en hautes cadences. Dans le second cas il semble bien que ce soit le prix prohibitif de l’appareil qui l’ait condamné. La presse indienne s’était aussi faite l’écho d’une brouille entre Airbus Helicopters et Leonardo autour de la maîtrise d’œuvre des hypothétiques Caïman indiens.
Il ne restait alors plus que quatre appareils en lice : les Agusta-Westland AW.101 Merlin et Airbus Helicopters H225M européens, le Kamov Ka-32 Helix-C russe, et le Sikorsky H-92 Superhawk américain. Dès 2017 le premier d’entre eux quitta lui aussi la compétition, les autorités indiennes le jugeant inapte. Il fut suivi deux ans plus tard par l’hélicoptère américain. Une surprise d’ailleurs pour pas mal d’observateurs qui voyaient là la future première grosse commande étrangère pour cette machine mal aimée. La malédiction du H-92 se poursuivait.
Au tournant des années 2020 il ne restait donc plus que le Ka-32A-11M développé spécialement par Kamov pour l’Indian Coast Guard et l’Airbus Helicopters H225M. La crise pandémique du Covid-19 et l’apparition successive de ses variants a considérablement ralenti le programme. Et là en ce début de mois de janvier 2022 tous s’est accéléré : ce mardi 11 janvier l’Indian Coast Guard a officiellement rejeté l’appareil russe laissant son concurrent européen seul encore en course. Est-ce là le signe d’une victoire du H225M ?
À 98 ou 99% c’est bien une victoire d’Airbus Helicopters ! D’abord parce que l’hélicoptériste européen a su démontrer qu’en plus d’être un remarquable appareil d’assaut et de soutien aux opérations spéciales mais aussi une très bonne plateforme de tir anti-navires son H225M sait aussi être crédible dans la recherche et le sauvetage en haute mer. Ensuite parce que sauf grosse sortie de route la commande officielle devrait être annoncée dans les prochains jours ou les prochaines semaines par l’Indian Coast Guard. On pourra alors parler d’une victoire à 100%.
Très honnêtement l’observateur fidèle du marché des hélicoptères militaires et parapubliques que je suis croyais plutôt dans la victoire de Kamov après avoir cru en celle de Sikorsky. Comme quoi avec cet Airbus Helicopters H225M il ne faut jamais avoir de certitudes et d’idées préconçues. Il surprend toujours.
Photo © Airbus Helicopters.
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2 Responses
Salut Arnaud,
Encore une bonne nouvelle pour les Tricolores;, après la commande récente de 12 CARACAL (version française du H225M) par les EAU, même si la prudence doit rester de mise avec nos amis indiens. Assurément, une victoire de l’industrie aéronautique et de la diplomatie française, très active en INDE, particulièrement dans le domaine de la Défense, dans un contexte de tension, voir de confrontation sino-pakistano-indienne..
C’est le site français de Marignane, siège de la société Airbus Helicopter, qui héritera de l’assemblage de ces belles machines, Safran Helicopter Engines, fabricant français de moteurs hélicoptères, leader mondial, sera l’un des principaux bénéficiaires de ce contrat avec un minimum de 24 moteurs de plus de 2100 ch (2 par machine) , plus les rechanges.
J ‘ai régulièrement l’occasion d’observer ces machines impressionnantes de très près lors d’exercices d’hélitreuillage en grappe des commandos marine ou de descente en rappel dans des ECUME (Embarcation Commando A Usage Multiple), filant à 15 nœuds. Ça décoiffe et ça mouille dans les 2 sens du terme !!
Amicalement,
Évidemment , il faut compter au minimum 28 moteurs soit 2 par machines et non 24….!!!