Comme dit l’adage : «tout vient à point à qui sait attendre». L’Espagne a enfin concrétisé sa participation au programme de drone MALE européen aux côtés de ses partenaires allemands, français, et italiens. Sous maîtrise d’œuvre Airbus Defence & Space les constructeurs Dassault Aviation et Leonardo assureront le développement de cette machine de nouvelle génération devant permettre aux Européens de gagner en indépendance vis-à-vis des États-Unis. L’inconnue numéro 1 réside désormais dans le choix de la motorisation : française ou américano-italienne.
Si les deux premiers pays européens à avoir débloqué des fonds furent la France et l’Italie la crise pandémique du Covid-19 a obligé l’Allemagne à retarder jusqu’à l’an dernier cette même opération financière. En outre l’administration Merkel traînait des pieds, craignant que la participation industrielle allemande soit réduite au minimum. Finalement le gouvernement Scholz a obtenu les garanties espérées. Et en ce début 2022 c’est donc l’Espagne qui a ouvert le porte-monnaie.
Malgré le fait que les Français et les Italiens aient été les premiers, dès 2020 à dégainé les subventions ce ne sont pas les plus gros clients théoriques de cet Eurodrone. La première a prévu d’acquérir quatre systèmes et la seconde cinq. Un système complet équivaut à trois drones, donc douze pour la France et quinze pour l’Italie. L’Allemagne de son côté entend obtenir sept systèmes soit vingt-et-un avions sans pilote. L’Espagne est sur le même format que la France.
Il faut dire qu’à la différence de ses trois partenaires Berlin ne possède aucun drone General Atomics MQ-9 Reaper de facture américaine, celui-là même que l’Eurodrone devra à terme remplacer. Le Bundeswehr a donc un retard certain à rattraper.
Mais au fait c’est quoi cet Eurodrone ?
Il s’agit d’un programme européen innovant pensé durant les premiers mois de la crise sanitaire. C’est surtout une réponse à l’hégémonie américaine dans le domaine des drones MALE (pour Moyenne Altitude Longue Endurance) aussi bien pour les missions de renseignement aéroporté que d’appui tactique et d’attaque de précision. Il sera long de seize mètres et possèdera une envergure de vingt-six mètres. L’Eurodrone s’appuie sur l’échec du programme Talarion mené en son temps par EADS, depuis devenu Airbus DS. L’avionneur l’avait reconnu trop ambitieux.
Dans son esthétique le futur drone européen ne sera pas sans rappeler le Mantis britannique dont le développement chez BAE Systems piétine depuis plusieurs mois maintenant. Il se retrouvera également en compétition avec le P-1HH Hammerhead de l’avionneur italien Piaggio.
La grosse inconnue actuellement est donc la motorisation. S’il est clair qu’elle tournera autour de deux turbopropulseurs actionnant chacun une hélice propulsive le choix du turbo en question demeure en suspend. Ceux-ci devront permettre à l’avion sans pilote de voler en croisière à 500 kilomètres/heures durant quarante heures.
D’un côté nous avons le motoriste italien Avio, filiale de General Electric, qui devrait proposer une version militaire du turbopropulseur de nouvelle génération Catalyst. De l’autre c’est le motoriste français Safran et son Ardiden 3TP. Celui-ci dérive du turbomoteur Ardiden 3C/3G qui équipe notamment les hélicoptères Avicopter AC352 et Kamov Ka-62, respectivement de facture chinoise et russe.
Le choix doit être réalisé dans les prochains mois par Airbus DS.
Les premières prévisions donnent un vol inaugural entre le second semestre 2024 et le premier trimestre 2025, avec de premières livraisons en unités aux alentours du second semestre 2027.
Évidemment l’Eurodrone sera alors doté d’une des avioniques les plus avancés du marché, bénéficiant du savoir-faire de trois avionneurs expérimentés. L’armement sera quand à lui aux normes OTAN et principalement manufacturé dans des pays européens.
Illustration © Airbus DS.
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3 Responses
Et bien voilà une première brique très attendue qui permettra d’aller plus sereinement vers les effecteurs connectés.
J’ai bien peur que ce drone quand il entrera en service soit déjà dépassé. L’USAF elle même juge son Global Hawk aujourd’hui obsolète, qu’elle remplacera d’ici la fin de la décennie par le RQ-180. L’idéal pour l’Europe aurait été un projet moins ambitieux et moins couteux capable de remplacer les Reaper et un autre projet pour un drone capable d’évoluer en milieu contesté ou guerre de haute intensité. On avait un beau début avec le Neuron de Dassault.
Avant de le dire obsolète laissons d’abord le temps à Airbus DS d’élaborer ses systèmes. Les Européens ne sont pas des rigolos, ils savent ce qu’ils font.
Quand au Neuron il a toujours été présenté comme un démonstrateur technologique, et pas autre chose. 😉