Et si finalement la doctrine de la guerre asymétrique n’avait pas fait long feu ? Depuis quelques temps les forces de l’OTAN reviennent aux exercices de guerre à haute intensité, sans doute face à de potentiels ennemis orientaux. Or en cette première quinzaine de septembre 2021 c’est également la Russie et ses alliés qui se sont lancés dans de telles manœuvres. L’une des dernières en date s’appelle Zapad 2021 et s’est tenue en Biélorussie.
Des hélicoptères de combat Kamov Ka-52 Hokum-B et Mil Mi-24 Hind qui appuient des déploiements d’hélicoptères d’assaut Mil Mi-17 Hip-H dans les grandes étendues de l’ouest biélorusses, jusque là ça n’a rien de très extraordinaire ! Ce genre de manœuvres est réalisé depuis des années par les Biélorusses et leurs alliés Russes. Sauf que désormais il n’est plus question de débusquer des groupes terroristes plus ou moins djihadistes ou indépendantistes. Aujourd’hui le scénario privilégié par Minsk et Moscou c’est un affrontement avec une force militaire organisée, bien formée, et lourdement armée. Cela s’appelle la guerre de haute intensité.
Même si nous sommes en plein bicentenaire n’y voyez aucune allusion à une quelconque guerre napoléonienne. Les conflits de haute intensité sont un concept propre au XXe siècle, et visiblement désormais au XXIe. La Seconde Guerre mondiale en est un exemple parfait avec deux camps bien distincts : les Alliés contre l’Axe. Chacun en connait les résultats.
Plus près de nous c’est aussi le principe de guerre en Centre-Europe élaborée dans les années 1960 par quelques stratèges atlantistes qui voyaient des hordes d’hélicoptères de combat américains et européens aller attaquer des colonnes de blindés de l’Armée Rouge entre la Hongrie et l’ex-Tchécoslovaquie. Fait intéressant Moscou avait le même principe sauf que là les tanks étaient euro-américains, les hélicoptères frappés d’une étoile rouge, et le champ de bataille s’étalait du nord des Pays-Bas au sud-est de la France.
Bien entendu les forces biélorusses pas plus que russes n’envisagent de relancer la machine soviétique, d’abord parce qu’elles n’en ont plus les moyens et ensuite parce que la guerre de haute intensité a changé. Certes l’OTAN demeure le principal ennemi de Minsk et de Moscou mais il s’agirait plutôt d’une guerre de haute intensité durant laquelle ces deux pays tenteraient de repousser une offensive majeure. La haute intensité version années 1960-1980 se heurte à la réalité stratégique et diplomatique d’une Europe orientale marquée par les trente ans de la chute du marxisme léniniste.
Du coup on peut se dire que ce genre d’exercices est appelé à se renouveler en Russie et chez ses alliés puisqu’au sein de l’OTAN cela est devenue une des normes. Est-ce pour autant la mort de la guerre asymétrique ? Sûrement pas, c’est juste que désormais les états-majors entendent courir deux lièvres à la fois.
Photos © ministère russe de la défense.
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