Le Sénat américain s’oppose toujours au retrait du service de l’A-10 Thunderbolt II.

Le retrait du service du Fairchild-Republic A-10 Thunderbolt II est un véritable serpent de mer aux États-Unis, quelle que soit l’administration en place. Et en cette fin juillet 2021 ce sont les sénateurs américains qui remettent le couvert en refusant catégoriquement le retrait du service de quarante-deux machines actuellement en dotation au sein de l’US Air Force. Démocrates et Républicains se sont unis pour faire entendre la même petite musique depuis des années : il faut un successeur réel au Warthog ! En filigrane c’est aussi l’idée d’une trop grande indépendance de l’US Department of Defense vis-à-vis du pouvoir législatif qui se dessine.

Officiellement c’est le Lockheed-Martin F-35A Lightning II qui a été pensé pour remplacer l’A-10 Thunderbolt II. Sauf qu’à aucun moment les Représentants et Sénateurs américains n’ont été dupes. Pour eux le chasseur furtif est parfait pour remplacer le General Dynamics F-16 Fighting Falcon dans l’US Air Force. Mais rien de plus, et surtout pas pour imaginer prendre la place du tueur de chars numéro 1 de leur arsenal. Il est trop moderne, pas assez rustique pour cela.

Les sénateurs rappellent que la question du retrait du service du biréacteur d’attaque n’est pas une question d’administration mais de bon sens. Initiée sous Bill Clinton, poursuivie sous George Bush Jr puis Barack Obama, Donald Trump, et aujourd’hui Joe Biden cette procédure n’a jamais abouti. Plus que les Représentants ce sont les puissants Sénateurs qui freinent au maximum la fin de carrière annoncée de l’A-10 Thunderbolt II.
Et à celles et ceux qui accusent le Congrès américain de tomber dans un trop facile bashing anti F-35 Lightning II les élus rétorque le cas de l’A-16A.
Au début des années 1990 General Dynamics avait proposé cette machine, une version d’attaque au sol du F-16C destinée à remplacer le Warthog. L’avion n’avait même pas dépassé le stade de la planche à dessins, malgré le soutien à l’époque du Pentagone. Les parlementaires n’en voulaient pas, ils ne croyaient pas en un chasseur d’attaque au sol. Ils n’y croient toujours pas quatre décennies plus tard…

Par ailleurs un nouvel argument est apparu depuis quelques mois dans l’escarcelle des défenseurs de l’A-10 Thunderbolt II : la politique agressive de la Russie en Europe orientale. Même si le sujet reste assez tabou à Washington DC c’est une réalité bien palpable. De plus en plus de membres du Congrès se disent qu’un conflit Centre-Europe pourrait bien ressurgir tant que Vladimir Poutine se maintient au pouvoir à Moscou. L’annexion violente de la presqu’île ukrainienne de Crimée, le soutien militaire aux terroristes russophones au Donbass, les violations d’espaces aériens souverains des états baltes, l’expansionnisme naval en Mer Noire, servent factuellement à ne pas fermer la porte à une possibilité de conflit type Centre-Europe dans la région. Et là le rôle de tueur de char du Warthog serait forcément nécessaire. Rappelons qu’il a été pensé dans ce sens.

Vous l’aurez compris la retraite n’est pas pour tout de suite concernant le vénérable mais incassable Fairchild-Republic A-10 Thunderbolt II. Et ce même si cet avion semble de plus en plus anachronique dans l’arsenal américain, un peu comme le Boeing B-52 Stratofortress.

Photo © US Air Force.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 Responses

  1. Après ce qui faut comprendre c’est que ça ne signifierait pas la fin du A-10. En 2017 il restait encore 283 A-10 en service actif. J’adore cet avion qui est excellent en combat asymétrique mais dans une guerre de haute intensité il se ferait découper par de l’armement sol-air.

  2. Cet avion a été pensé à l’époque du combat de très haute intensité contre le pacte de Varsovie.Il n’a pas d’électronique de dernière génération et donc il n’est pratiquement pas piratable.
    Il peut voler avec de gros dégâts.
    Il peut être réparé en échelons et avec le système D .
    Dans un contexte d’affrontement « moderne » où la première chose que feront les adversaires est de détruire et/ou pirater les moyens de communication de tous les systèmes de militaire.
    La seule chose qui pourrait bien voler sera certainement un A 10 et un SU 25….

  3. Pour ceux qui n’ont pas lu « Le Fana de l’aviation » consacré au A-10: l’Air Force était totalement opposée au développement d’un avion de support tactique, pour eux ce n’est pas un avion et ça n’a pas d’intérêt. L’Air Force a toujours milité pour employer des supersonique pour cette tâche contre l’avis bien sûr des marines qui sont les clients direct de l’appareil.
    Un Lobbying intense existe depuis le lancement de l’A-10 pour tuer l’avion qui dérange.

    Très honnêtement, je ne comprends pas cette obstination à se débarrasser du A-10: ok il est très lent, mais aucun avion ne fait mieux que lui, aucun ne possède un niveau de survivabilité comparable. Et franchement ce n’est pas un F-35 et sa maintenabilité problématique qui répondra au besoin, ni aucun autre supersonique par ailleurs.

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