Oui bien évidemment qu’il y a 90 ans l’aviation russe n’existait pas, mais elle est l’héritière des traditions de l’aviation militaire soviétique ! En ce début juin 2021 Moscou commémore donc la création d’une aviation de transport militaire en URSS. Comme ailleurs dans le monde elle se développa réellement quelques années plus tard grâce à l’acquisition de Douglas C-47 Skytrain américains fournis au titre du prêt-bail. Aujourd’hui c’est une force de projection forte d’un peu plus de 300 machines avec au final très peu d’avions dernier cri.
Quand elle nait en juin 1931 l’aviation de transport militaire soviétique est principalement tournée vers le parachutage de troupes aéroportées. Durant plusieurs années cela va être la spécialités de bombardiers lourds Tupolev TB-1 et TB-3 transformés à la hâte pour ce rôle. La dimension de transport tactique n’apparaîtra réellement qu’avec la Seconde Guerre mondiale, quand l’URSS rejoignit le camp allié.
Grâce à la loi de prêt-bail de nombreux avions américains et britanniques purent être fournis aux forces aériennes soviétiques. Des Douglas C-47 Skytrain furent fournis par dizaines avant qu’une licence de production soit officiellement acquise par Moscou. L’avion y devint ainsi le Lisunov Li-2.
La guerre froide apporta un vrai second souffle à cette aviation de transport militaire soviétique qui développa ses trois axes principaux, qui existent encore de nos jours en Russie. Le premier est le transport léger avec des machines comme les Antonov An-2 Colt et An-14 Clod. Le deuxième est le transport tactique avec des avions aussi différents que les Antonov An-12 Cub ou l’Ilyushin Il-76 Candid. Enfin le troisième est le transport stratégique au travers d’appareils comme les Antonov An-22 Cock et An-124 Condor.
À l’instar de ses ennemis de l’OTAN l’aviation soviétique intégra au sein de son aviation de transport tactique des avions de moyen tonnage, capable de déployer cinq à six tonnes de fret sur de courtes ou moyennes distances. L’archétype fut l’excellent Antonov An-26 Curl.
L’effondrement du mur de Berlin en novembre 1989 entraîna par effet de ricochet la disparition du régime marxiste à Moscou l’année suivante. L’Union Soviétique n’était plus, la Communauté des États Indépendants avec en son centre la Russie la remplaçaient.
Les ennuis commençaient pour l’aviation de transport militaire. Des centaines d’avions furent envoyés au pilon car jugés obsolètes et impossibles à revendre sur le marché de seconde main. Mais surtout l’industrie aéronautique russe avait vu disparaitre les subventions économiques de l’ère communiste. Elle devait donc désormais concevoir ses avions en tenant compte du marché international.
Comme si cela ne suffisait pas Antonov sortait du giron russe : l’entreprise était ukrainienne désormais.
Durant un temps ce dernier avionneur fournit quelques avions de transport léger comme les An-140 et An-148 mais la source se tarit totalement en 2014. Cette année là le régime russe annexa militairement la presqu’île ukrainienne de Crimée, en chassant les populations ukrainiennes et en instaurant un blocus contre le territoire métropolitain ukrainien du Donbass. Le divorce entre les deux voisins était désormais consommé.
L’aviation de transport militaire russe ne pouvait désormais plus s’appuyer que sur ce qu’elle possédait déjà ainsi que sur les avionneurs Ilyushin et Tupolev afin d’acquérir du matériel neuf.
En 2021 les yeux se tournent vers le tout nouveau Ilyushin Il-112V de transport tactique et vers le plus hypothétique biréacteur Il-276. Ce dernier devrait voler d’ici deux à trois ans, si les délais post-Covid-19 sont respectés.
En tous cas cette nonagénaire qu’est l’aviation de transport militaire russe semble bien commencer à voir la lumière au bout du tunnel. Mais celui-ci est encore long.
Photos © ministère russe de la défense.
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