Vers un historique contrat franco-indien de 5 milliards d’euros…

Les chiffres donnent le tournis. Négocié depuis plusieurs années maintenant le contrat que se prépareraient à signer Français et Indiens serait phénoménal puisqu’on parle de trente-six chasseurs omnirôles Dassault Aviation Rafale F4 et de six ravitailleurs multi-rôles Airbus DS A330MRTT. Jusque là rien d’énorme mais si on y ajoute une centaine d’hélicoptères multi-rôles Airbus Helicopters AS.565 MBe Panther on entre alors dans une autre dimension. Et c’est donc l’Indian Air Force et l’Indian Navy qui muscleraient alors leurs capacités à un moment où l’Inde est fréquemment aux prises avec son puissant voisin chinois.

En fait pour quiconque s’intéresse un tant soit peu à l’Inde et au développement de ses forces de défense ce futur contrat géant avec la France n’a pas grand-chose de surprenant. C’est plutôt son volume qui en soit laisse pantois. Aujourd’hui en dehors des Indiens personne n’a de tels moyens d’acquisition à l’étranger, même pas les Américains !
Les excellentes relations diplomatiques entre Narendra Modi d’un côté et François Hollande puis Emmanuel Macron de l’autre ne sont pas étrangères à ce contrat à venir.

Trente-six avions de combat Dassault Aviation Rafale F4 pour l’Indian Air Force c’est finalement assez logique, d’autant que les deux parties ont négocié que le contrat entre en partie dans le cadre du «Make-in India». Il y a aura donc un logique transfert de technologie vers Hindustan Aircraft Limited. Des chasseurs qui pourraient alors permettre de continuer la modernisation lente mais constante de l’aviation indienne. Il y a quelques jours l’Inde commandait un peu plus de 80 chasseurs indigènes Tejas ces trente-six Rafale F4 permettraient ainsi de boucler la boucle en terminant de ringardiser les vieux Mikoyan-Gurevitch MiG-21 Fishbed et MiG-29 Fulcrum acquis du temps de l’URSS.

Toujours au niveau de l’Indian Air Force il faut voir que plus que jamais Paris se prépare à ajouter six Airbus DS A330MRTT au contrat. Le best-seller de l’industrie aéronautique européenne permettrait à l’aviation indienne de gagner en souplesse. Il faut dire que ses six actuels Ilyushin Il-78MKi Midas de facture russe sont bien à la peine pour couvrir tout le territoire indien, et notamment renforcer la chasse engagée dans les heurts frontaliers avec la Chine.
Les biréacteurs d’Airbus DS ne viendraient pas les remplacer mais plutôt alléger leur charge de travail. Ce qui se passera ensuite si une nouvelle commande auprès des Européens intervient risque pas contre de ne pas jouer en faveur de ces quadriréacteurs actuellement en dotation.

Ces deux contrats sont en fait en négociation depuis assez peu de temps, en gros entre fin 2019 et mi-2020. Ils ont pris un certain retard en raison de l’impact en Inde de la crise sanitaire du coronavirus Covid19. Pourtant depuis 2016, c’est à dire alors sous l’ère François Hollande, la France et l’Inde travaillent conjointement sur un autre contrat, plus discret mais tout aussi énorme : une centaine d’AS.565 MBe Panther. Le dernier né des hélicoptères de la famille du Dauphin, remis au goût du jour pourrait être acquis entre 110 et 130 exemplaires avec transfert d’une chaîne d’assemblage en Inde.
Airbus Helicopters marquerait alors un gros point face à ses concurrents et permettrait à l’Indian Navy de se défausser de ses vieilles machines Kamov Ka-27 Helix et HAL Chetak tout en obtenant un des meilleurs hélicoptères du marché.

Cinq milliards d’euros c’est le prix négocié entre les diplomates français et indiens. À un tel coût le contrat sera forcément signé directement entre Modi et Macron, il ne peut pas en être autrement ! Même si les mauvaises langues et éternels râleurs dénonceront les transferts de technologie et de chaînes d’assemblage c’est un très très beau contrat qui devrait être signé d’ici quelques semaines. Nous aurons alors largement l’occasion de revenir dessus.

Photo © Ministère des Armées.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

18 Responses

  1. Avec l’Inde, je me méfie toujours. Entre l’annonce d’un contrat probable et la réalité de la signature le chemin est souvent très tortueux. Voir en impasse. Avec 36 rafale nous sommes encore loin du contrat de départ envisagé il y a quelques années.
    Mais espérons que cela soit rapidement une réalité.

    1. Je ne comprendrais jamais cette manie bien française de se méfier de nos principaux clients. Mais bon soit, vous vous méfiez. Perso je suis confiant.

      1. Mon doute vient en autre du « contrat du siècle » de 126 rafale en 2015 qui se sont réduit à 36. Il y a eu d’autre cas avec d’autre contrat d’armement. En Inde les choses ne sont jamais simple.

        Mais j’espère que ce contrat va être rapidement signé.

        1. Les Indiens sont souverains sur leurs contrats. À titre personnel je préfère un contrat de 126 avions ramené à 36 et gagné par la France à un contrat de 126 avions perdu par la France et gagné par un autre pays comme la Russie ou les USA. 🙂

        2. Il est vrai que l’Inde est pour le moins particulière en matière de contrats d’armements.
          On se souvient que le Rafale avait été le premier éliminé de la compétition pour les 126 appareils, pour en fin de compte y être réintroduit, puis se retrouver en finale face à l’Eurofighter, pour finalement l’emporter.
          Puis les négociations exclusives qui ont suivi n’ayant jamais pu aboutir, Modi, a coupé court et a signé un accord de gré à gré pour 36 appareils.
          Mais si un futur complément de 36 appareils est signé, l’Inde sera tout de même le plus gros client export du Rafale avec un total de 72 machines. Et rien ne dit que d’ici quelques années, le montant de 112 ne sera finalement pas atteint. Sans compter .l’aéronavale …

  2. Oui, croisons nos doigts pour cela se fasse
    Pour le Make In India des Rafale, c’est avec Reliance mais non pas avec HAL

  3. Sans compter que la future administration Biden a menacé l’Inde des sanctions CAATSA, à cause de leurs achats de s400, cela augmente la chance du rafale dans le contrat du MMRCA 2 et dans la commande du remplacent du mig29k. Dans le cadre du MMRCA2, comme le f15, le f16 et le f18 sont americains et que l’eurofighter et le gripen ont des composants américains, cela laisserait le rafale seul face aux su35 et mig 35. Le dernier n’étant pas encore entré en production et comme les deux avions russes sont des dérivés d’avion construit dans les 70’s, ça donne encore plus de poids au rafale !
    https://www.meta-defense.fr/2021/01/18/linde-sous-la-menace-de-sanctions-de-la-part-de-ladministration-biden-pour-lachat-de-s400/

    Entre ça et le nouvel intérêt de l’Irak pour le rafale, ce sont de bonnes nouvelles pour Dassault aviation.

  4. Pour le transfert de technologie ça ne devrait pas être un souci puisque le Panther va être remplacé par le H160. (ou Guépard en version militaire)
    Il ne s’agit donc pas d’une technologie d’avant garde. C’est donc plutôt bien vue. On leur transfert de la technologie pour pouvoir leur vendre des appareils mais on garde sur notre territoire les productions les plus modernes.
    En 2015, Airbus avait déjà procédé à peu près de la même façon avec la Corée du Sud qui va produire deux types d’hélico sur la base du Dauphin. Plus de deux cent appareils dans une version d’attaque et une centaine dans une version polyvalente parapublique.
    Il n’y a donc pas que l’Inde qui peut s’équiper de façon aussi massive. Elle est même largement battue dans ce cas.
    Je ne sais d’ailleurs pas où en est le programme sud coréen.

    1. il y a bien deux version du « dauphin coréen ».
      light armed helicopter (LAH): version militaire d’attaque . les premier prototype a commencé c’est vol en corée.
      light commercial helicopter (LCH): version civil (parapublic compris) qui es faite d’un point de vu officielle est un EC155B1 comme les autres. meme si la production se fait en Corée , il y a beaucoup de travail d’ingénierie a Marignane. les premiers appareil de serie ne devrais pas tardé.
      par contre pour les chiffres annoncé (200LAH, 100LCH), comment dire… c’est QUE des chiffres annoncé

  5. Très bonne nouvelle! Par contre je ne comprends pas le choix du Panther, pourquoi ne pas privilégier une solution plus contemporaine comme le NH90?

  6. Est-ce que quand un gros contrat d’armement est passé auprès des américains, eux aussi sont favorable aux transferts de technologie et de chaînes d’assemblage ?

    1. Oui bien sûr; Les H145 Lakota, par exemple, sont fabriqués à Columbus dans l’Etat du Mississippi.
      Les ravitailleurs A330 MRTT qu’Airbus proposait à l’US Air Force auraient été montés dans l’usine de Mobile dans l’Alabama, où sont assemblés actuellement des A320.
      Il s’agit plutôt de transférer les emplois plutôt que la technologie.

      1. Sauf que je parlais de ça mais dans l autre sens. Quand un pays commande de l’armement américains en masse, est-ce que cela arrive souvent que les US acceptent les transferts de technologie et de chaînes d’assemblage ? Car j’ai l’impression que pour que les gros contrats d’armement se fasse en France la contrepartie bien souvent est que la production se fasse à l’étranger et que l’on se retrouve obligé d’accepter à contrecoeur cette option pour ne pas laisser filer un contrat. Il n’y a pas d’usine Sikorsky en Europe alors qu’il y a une usine Airbus hélicoptère aux US. Il n’y a pas d’usine Boeing en Europe alors qu’il y a une usine Airbus aux US. Cela n’empêche pas le matériel américains de se vendre largement en Europe. Le protectionnisme dans un seul sens.

        1. Sikorsky possède une usine en Pologne, jadis appelée PZL-Mielec, qui assemble une partie des S-70 Blackhawk destinés au marché européen. Et Turkish Aerospace Industries dispose également d’une licence de production de ces appareils pour le marché turc.
          Enfin il faut se souvenir que durant plus de vingt ans feu Agusta a produit des Sea King sous la désignation Agusta-Sikorsky AS-61 parfois appelés à tort ASH-3.

        2. Concernant la France, nous sommes un gros producteur de machines volantes en tout genre. Les achats à l’étranger de matériel militaire volant en grosse quantité sont donc très rares.
          Si l’on achète trois Advanced Hawkeye, aux ricains ce n’est pas une quantité suffisante pour installer une chaîne de montage en France.
          Idem pour quatre C-130. Même avec les allemands ça ne fait « que  » dix. Pas suffisant pour monter une usine.
          LM a tout de même installé un usine d’assemblage de F-35 en Italie. Mais elle ne peut pas en installer une dans chaque pays client. Et l’usine italienne produit pour d’autres clients européens.
          Et il ne faut pas oublier que si les H145 Lakota sont assemblés aux US ‘(plus de six cent à ce jour), les moteurs et toutes les pièces sont fabriqués en Europe.

  7. Ce contrat vient donner la confirmation que le rafale est un avion qui donne l’avantage à celui qui le possède. Et pas uniquement sur le papier ou dans la bouche des commerciaux contrairement à d’autres…
    Les chinois n’ont pas sorti leur fire-fox furtif des temps modernes pour anéantir le petit rafale ?!
    La réalité et la propagande sont souvent bien éloignées…

  8.  » de 126 rafale en 2015 qui se sont réduit à 36. » Faut il encore les construire , non ? Il faut combien de mois pour qu’un simple rafale sort de sa ligne de construction et soit opérationnel ,. En France la rapidité n’est pas une qualité reconnue et construire 136 avions rien que pour les indiens il faut combien de temps , je me pose la question .

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