La Russie planifie pour 2022 une série d’essais à la mer du porte-avions Kouznetsov.

Est-ce là un aveu d’incapacité par Moscou pour relancer un nouveau bâtiment de ce type ? Toujours est t-il que ce vendredi 4 décembre 2020 l’amirauté russe a annoncé qu’elle envisageait le premier semestre 2022 pour lancer une campagne d’essais à la mer de son vieux porte-avions Amiral Kouznetsov. Ce reliquat de la guerre froide, pensée durant l’ère soviétique, avait en partie été ravagé par les flammes voici un an. Depuis beaucoup pensaient que jamais le bâtiment ne reprendrait la mer, visiblement ils avaient tort.

Hasard ou coïncidence l’annonce de la Russie concernant son porte-avions Amiral Kouznetsov suit de très peu celles des États-Unis concernant le porte-aéronefs USS Bonhomme Richard. Quand ce dernier sera ferraillé le premier d’entre-eux pourra reprendre la mer, au moins de manière expérimentale. Car les deux bâtiments ont connu une mésaventure similaire : le feu à quai. C’est en décembre 2019 que le porte-avions russe avait été victime d’un incendie massif, occasionnant des dégâts considérables et causant la mort de deux personnels russes : un technicien et un marin du bord. Ce second est décédé quelques semaines plus tard des suites de ses blessures.

Comme souvent avec la Russie la transparence en matière de défense n’est pas de mise. La propagande est préféré à l’information. Les données disponibles donnent donc le premier semestre 2022 pour reprendre les essais à la mer. Dans les prochains jours le porte-avions sera remorqué jusqu’à un quai spécialement aménagé pour sa remise en état. La sécurité y sera renforcée selon Moscou. On se souvient déjà qu’il y a un peu plus de deux ans le navire avait été lourdement endommagé après la chute d’une grue consécutive à une voie d’eau sur le dock flottant qui supportait le bâtiment.
Quand ça veut pas, ça veut pas.

Après ces deux accidents consécutifs et un net ralentissement des travaux cette année en raison de la situation sanitaire en Russie le calendrier peut être jugé ambitieux, voire franchement optimiste. En fait il démontre surtout une totale incapacité russe à développer son propre porte-avions. L’Amiral Kouznetsov fut bien lancé en 1991 par la Russie mais développé du temps de l’URSS dans les années 1980, avec une technologie héritée des années 1960-1970. Sa propulsion n’est pas nucléaire mais diesel d’où l’impressionnant panache de fumée noire qui s’en dégage quand il est en opération. En outre il possède toujours un pont oblique et pas une catapulte à vapeur avec brin d’arrêts.
Indubitablement l’Amiral Kouznetsov est un porte-avions d’un autre temps… qui va reprendre ses essais à la mer d’ici un an et demi.

Nous aurons sans doute l’occasion d’ici à cette reprise de revenir sur le sujet. Ce porte-avions est un des plus intéressants au monde, malgré ses très nombreux déboires.

Photo © agence Tass.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

13 Responses

  1. Quand on ne parle que des performances supposée des missiles Russes et Chinois « tueurs de portes avions »…
    …tueurs de porte avions, mais pas de portes aéronefs !
    Donc la Russie, la Chine, l’Inde, et autre ont bien raison d’investir dans ce types de navire apparemment protégés par un abus sémantique.
    Ou pas?

  2. Bonjour,
    Article intéressant comme toujours , mais votre description final du PA me semble erronée :
    En quoi la piste oblique est une vieillerie ? tout les porte avions moderne en ont une !
    Pas de catapulte juste un tremplin ..mais des brins d’arrêts sont présent, 4 me semble t il , vu sur des photos et croquis ..
    cordialement
    JP Rouquié

  3. La propulsion diesel, s’il s’agissait de moteurs à combustion interne ne serait pas si dépassée (CF. PA anglais ou discussions sur la propulsion du futur PA français) à défaut d’être aussi performante qu’un réacteur nucléaire (un PA a propulsion classique est un gouffre à pétrole et doit être ravitaillé très souvent, nécessitant une noria de navires de soutien).
    Mais il s’agit de chaudières à vapeur alimentées par bruleurs à gaz-oil, d’où cet énorme panache de fumée. Polluant et moins performant encore. Étonnant quand on connait la maîtrise des Russes en cette matière, et qu’ils en équipaient et équipent leurs brise-glace anciens et actuels.
    Ce PA est surtout un désir d’affichage de puissance, vu la rareté extrême de ses apparitions en haute mer depuis son lancement. D’autant qu’une capacité avions à la mer – exercice plus que difficile – doit être méthodiquement entretenue au risque de se perdre rapidement et d’être longue à ré-acquérir (et on ne reverra pas ce PA opérationnel rapidement lors de son retour à la mer). L’idée est peut-être aussi de re-développer ce savoir-faire (pour autant qu’il ait jamais été très développé) : autant rafistoler une casserole pour ce faire.

    1. Oui effectivement il s’agit de machines à vapeur, tout comme en étaient équipés le Foch, le Clemenceau .et la plus part des gros bâtiments de l’époque.
      Mais il ne s’agit pas de chaudières actionnant des bielles en vas et vient, comme sur les anciennes locomotives ou comme on peux le voir dans le film Titanic. Il s’agit de turbines actionnées par la vapeur.

  4. le Foch et le Clem étaient à turbine vapeur (2 arbres) alimenté par chaudières au fuel lourd(qui était réchauffé pour le fluidifier)
    Bien réglée la chaudière donne une fumée incolore ,pas assez d’air on fume noir. Reguliérement (2 à 3 x par jour) il faut ramoner (injection vapeur dans les conduits de fumée) et ça fume bien noir.. (on le fait quand c’est possible )lorsqu’il fait nuit. Faudrait savoir quand on été prises les photos et combien de temps à duré la fumée noire du bon vieux Kouznetzof.

    1. Vous trouvez donc normal Vieuxmarin qu’au 21e siècle la Russie soit totalement incapable de se doter d’autre chose qu’un vieux porte-avions diesel datant de l’ère soviétique ?

    2. Le Kouznetzof est réputé pour l’abondant panache de fumée noire qu’il lache en permanence;
      D’ailleurs le PDG de l’entreprise chargée de la réfection du porte avions, a affirmé que ce désordre était du à un mauvais réglage des brûleurs, et qu’après les travaux de rénovation, ce désagrément aura disparu .!!

  5. Arnaud ,c’est un vieux porte avion à chauffe au fuel lourd ,pas diesel .Les Russes peuvent construire ce qu’is veulent ,c’est leur problème (avant de devenir peut être le notre s’is en ont beaucoup comme leurs sous marins) mais je ne suis pas informé de leur politique et c’est surtout une question de Kopecs je pense.Je voulais simplement respecter un vieux navire et les mecaniciens qui doivent certainement avoir un mal fou à l’entretenir.

    1. @ Vieuxmarin

      Pas un jeune navire, mais pas si vieux que cela : mis en service en 1990, soit seulement dix ans avant le CDG, qui est à mi-vie.

  6. La technologie des ponts d’envol est certes dépassées mais je rappelle que c’est le choix que les Brits on choisi pour leurs deux porte aéronefs. Qui je le rappelle n’ont pas de groupe aérien embarqué (pour l’instant ?), si ce n’est l’expérimentation réalisée fin 2020 d’embarquer des appareils américains et quelques appareils de la RAF.
    Le renouveau de la marine de surface russe se fait « step by step » comme disent nos amis d’outre manche, le renouveau des frégates, puis des porte-aéronefs d’assaut (en partie grâce au transfert de technologies du programme Mistral), et les porte avions viendront dans leur temps

    1. Le Kouz dispose de brins d’arrêt pour les atterrissages, d’un tremplin pour les décollages et emploie des chasseurs « normaux » .
      Les anglais ont fait un choix différent. Pas de brins d’arrêt car ils emploient des appareils à atterrissage et décollage vertical.
      En théorie le tremplin ne serait pas nécessaire, mais il permets de décoller plus lourd et d’économiser du carburant donc de voler plus loin.

      1. @ François01

        Le F-35B peut décoller verticalement … Mais sans armes et avec des réservoirs internes peu remplis !

        STOVL à décollage et atterrissage courts et à atterrissage vertical … Et encore : il ne peut atterrir qu’avec un maximum de pétrole et surtout avec très peu d’armes, ce qui est vraiment très fâcheux (et/ou couteux) d’un point de vue militaire !

        1. Sauf qu’aujourd’hui aucun pays n’est capable de faire aussi bien que le F-35B Lightning II. Les Européens n’en ont plus l’intention et les Russes (ou avant eux les Soviétiques) n’ont jamais su le faire, il suffit de voir leurs piteux Yakovlev Yak-36 puis Yak-38. Donc taper sur les capacités du F-35B c’est sans doute très bien pour vous mais comme dans son domaine il est le nec plus ultra ; ça démontre Fred que votre commentaire est totalement hors-sujet. Dommage. 🙂

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