C’est un des plus mythiques avions ayant portés la cocarde tricolore qui a commencé son retrait du service opérationnel. Ce mercredi 7 octobre 2020 l’Armée de l’Air et de l’Espace a officialisé le départ de son Boeing C-135FR codé 93CF. C’est donc le début de la fin pour une série de quadriréacteurs qui permit en son temps à la France d’acquérir une expérience forte en matière de ravitaillement en vol tout en garantissant une forme de souveraineté nationale. Un comble quand on sait que l’avion a été pensé et assemblé outre-Atlantique.
Pour celles et ceux qui l’aurait oublié le Boeing C-135FR n’est en rien une version francisée du C-135 Stratolifter mais un dérivé modernisé du KC-135E Stratotanker. C’est donc bien à la base un avion de ravitaillement en vol commandé dans les années gaulliennes pour permettre d’accroitre le rayon d’action des bombardiers Dassault Mirage IV-A. Le Boeing C-135F devait aider ce dernier à aller atomiser l’Europe orientale alors ennemi juré de notre Europe occidentale, en pleine guerre froide. Mais au fur et à mesure que les années passaient le ravitailleur en vol est devenu avion-cargo stratégique et même ambulance volante grâce au module Morphée.
Et pour permettre à ces nouvelles missions d’exister et à l’Armée de l’Air de rester au top entre 1985 et 1988 les C-135F ont été modernisés pour devenir des C-135FR, des avions « français rénovés ». La rénovation en question s’articulant autour de la dépose des vieux réacteurs d’origine au profit d’alors ultramodernes CFM International.
La fin de la guerre froide n’a donc pas tué le Boeing C-135FR, loin de là d’ailleurs. Il a fait du ravitailleur stratégique un avion tactique capable de soutenir aussi bien les Mirage F1-CR que les Mirage 2000C et bien sur à l’aube du 21e siècle le Rafale. Au fil des années il est aussi devenu l’une des coqueluches des Français par une présence systématique au défilé aérien du 14 juillet. Mais le Boeing C-135FR, avion des années 1960 vieillissait. Et Airbus Military (aujourd’hui Airbus DS) était en embuscade.
C’est l’arrivée en unité des A330 MRTT Phénix qui a commencé à tuer le vieux quadriréacteur américain. Offrant à l’Armée de l’Air et de l’Espace une polyvalence et une autonomie bien supérieures au C-135FR le nouvel avion pousse son ainé vers la retraite, vers la casse en réalité. On rêve alors forcément qu’un de ces vieux ravitailleurs puisse jouir d’une retraite un peu plus dorée sur le tarmac du Musée de l’Air et de l’Espace, en reconnaissance des services rendus mais aussi de l’impact d’un tel avion sur l’histoire aéronautique de la guerre froide. Près du Mirage IV il aurait vraiment de la gueule !
La décennie 2020-2030 sera donc fatale à la flotte des Boeing C-135FR. Et usés jusqu’à la corde comme ils le sont il serait criminel d’envisager de les revendre. Les mécanos et équipages qui les mettent en œuvre actuellement font un travail hallucinant sur ces vieux avions.
Photo © Armée de l’Air et de l’Espace.
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8 Responses
Ah, vraiment, créer un combi entre le ravitailleur et le superbe Mirage IV aurait vraiment de la gueule!
Effectivement, la lignée du Dash-80 va bientôt s’éteindre, il ne reste plus que le E-3 encore en service mais pour combien de temps?
Aux USA il y a encore les E-6A Mercury et E-8A JStars, quelques RC-135 et encore l’OC-135. Mais oui le Boeing 717 (à ne pas confondre avec le MD-90 commercialisé par Boeing) vit sans doute sa dernière décennie de service actif.
Il en a été de même pour les « Crouze » de l’aéronavale, usés jusqu’à la corde et que les mécaniciens aéro ont réussi à maintenir opérationnels jusqu’à la fin,, du moins la poignée qui pouvait encore voler. Ce bel article nous rappelle le rôle essentiel des « Grease Monkeys » comme sont encore surnommés les mécanicien/nes avions dans l’Air Force et la Navy aux USA. Il est bon de rappeler le travail remarquable de ces « travailleurs de l’ombre », sans qui nos beaux appareils ne pourraient pas voler. .D’ailleurs la tradition veut que les mécanos « prêtent » LEURS avions aux pilotes.. Enfin , toujours pour rendre hommage à nos mécaniciens de l’armée de l’air ( et pas qu’eux d’ailleurs : armuriers, électroniciens, spécialistes cellules etc) il est bon de rappeler que les américains de la société ATAC ne se sont pas trompés lorsqu’ils ont racheté le lot de 63 Mirages F1 à la France pour servir de plastrons lors d’exercices de combats aériens avec l’US Air Force. .Ils savaient qu’ils rachetaient des avions d’occasion parfaitement entretenus. Que dire de plus pour honorer ces hommes et femmes de l’Armée de l’Air et l’Aéronavale? Pour terminer, mon souhait le plus cher serait de voir arriver un exemplaire au musée de l’Air au Bourget.
Bonjour Arnaud,
Pour conforter ce que vos dîtes à propos du C-135F : 2 citations : …
1. « Fifteen C-135As, powered by J57 turbojets, were built. In later years, almost all were upgraded with TF33 turbofan engines and wide-span tailplanes then redesignated C-135E. …aviationzone, com
2. « Les appareils sont équipés des moteurs J57-P-59W de 5 tonnes de poussée ou 6,2 tonnes avec injection d’eau.»
http://www.fi-powerweb.com/Engine/CFM56-F108.html
Votre fidèle lecteur
chicogoya
Cet exemplaire qui vole depuis 56 ans et 36 000 heures mérite amplement sa retraite. Comme vous le dites, j’espère qu’un ou deux exemplaires seront conservés. Leur couleur bleu-gris si caractéristique qui leur va si bien va me manquer. Entre les C-135FR, Transall, Puma, les derniers rescapés des années 60, une page se tourne.
J’ai appris à travailler sur cet avion.. Je l’ai choyé pendant 10 ans.
Cette nouvelle est un crève-coeur!
Il en reste encore 13, on peut encore espérer en voir en vol!
Bonjour,
Une retraite bien méritée pour cet avion stratégique certes génial mais à bout de souffle.
Un grand bravo aux mécaniciens qui ont fait un travail hallucinant pour le maintenir en état de vol.
Et bienvenue à son (très avantageux) remplaçant le A330 MRTT.