À moindre d’être féru d’aviation la date du 14 octobre ne dit généralement pas grand-chose à grand-monde. Pour nous autres aérophiles elle renvoie forcément aux années 1897 et 1947 qui virent deux étapes importantes de l’aventure aéronautique être franchies. En France pour la première puis aux États-Unis pour la seconde, et la conquête du ciel n’allait ensuite plus jamais être la même. Retour sur ces deux 14 octobre pas tout à fait comme les autres.
Le jeudi 14 octobre 1897 malgré un vent assez frais et très persistant le soleil était bien présent au-dessus du camp de Satory à Versailles. L’ingénieur et touche-à-tout Clément Ader prépara sa machine volante appelée Avion III. Depuis sept ans déjà les militaires français l’accueillait afin de l’aider dans ses recherches sur ce que l’on nommait alors les «plus lourds que l’air».
Or Ader en était persuadé : ce 14 octobre était le bon jour. De surcroit deux représentants officiels du ministère de la guerre avaient fait le déplacement depuis Paris. L’homme n’avait donc pas le droit à l’erreur.
Clément Ader lança alors sa machine… qui victime de soubresauts réussit péniblement à voler un peu plus de 200 mètres de distance à une altitude de seulement quelques dizaines de centimètres. Peu importe l’exploit était là : l’Avion III était devenu le premier aéroplane de l’Histoire à réaliser un vol en ligne droite. Par contre il n’a pas réussi à poser son engin mais plutôt à littéralement le vautrer dans la boue. Gros problème pour Ader il lui était interdit de communiquer sur ce premier vol d’un aéroplane. On ne parlait pas encore d’un avion puisque ce mot était encore un nom propre rattaché aux machines de l’ingénieur.
Quand le 17 décembre 1903 les frères américains Orville et Wilbur Wright réalisent le vol de leur légendaire Flyer ils revendiquent par la même occasion la paternité du premier vol contrôlé. Deux ans et demi plus tard l’ingénieur français s’en émouvra auprès de son ami Alberto Santos-Dumont, mais l’Histoire avait été écrite.
Il faudra attendre le début des années 1990 pour que celle-ci soit rétablie après l’ouverture d’archives militaires secrètes parmi lesquelles les travaux d’Ader.
Aujourd’hui encore des deux côtés de l’Atlantique nord on revendique cette paternité. De manière objective on peut dire que Clément Ader a décollé, volé, et s’est crashé quand les frères Wright eux ont décollé, volé, et se sont posés. Le premier à initié un saut en longueur quand les deux autres ont contrôlé leur vol.
Pile-poil cinquante ans après cet historique 14 octobre 1897 nous étions alors le 14 octobre 1947. Aux États-Unis sur l’ultra-secrète base aérienne de Muroc, aujourd’hui Edwards AFB, le pilote d’essais Chuck Yeager embarquait à bord de son avion-fusée expérimental Bell X-1. Ce dernier était fixé sous un bombardier lourd Boeing B-29 Superfortress spécialement modifié pour permettre de faire décoller le X-1 et le larguer en plein vol.
Une fois à haute altitude le quadrimoteur largue l’avion-fusée avec Yeager aux commandes. Quelques minutes plus tard alors qu’il se trouve à l’altitude de 45000 pieds les témoins entendent comme un bruit d’explosion qui se répand autour d’eux. C’est le bang supersonique et Chuck Yeager vient d’entrer dans l’histoire aéronautique en devenant le premier pilote homologué à franchir le mur du son en vol horizontal. Le machmètre du Bell X-1 affiche une vitesse de Mach 1.05 ! Le monde aéronautique ne sera plus jamais le même.
Clément Ader et Chuck Yeager, deux hommes et deux icônes de l’histoire de l’aviation. Pour mémoire le second est toujours bon pied bon œil soixante-treize ans après son exploit. Âgé de 97 ans il coule une paisible retraite avec le statut de légende vivante ! Ader lui est mort il y a quatre-vingt-quinze ans, en 1925.
Photos © US Air Force museum.
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3 Responses
Cet Avion III est incroyable !!! Quelles ailes magnifiques…. Histoire passionnante ça donne envie d’en savoir plus… Sur la photo il a l’air de voler à plusieurs mètres ?
Oui mais en réalité il n’a jamais dépassé le mètre de hauteur. On ne peut même pas alors parler d’altitude, ce serait un total abus de langage. 😉
Bonjour,
Si j’en crois le film ‘L’étoffes des héros’ le Yeager a dépassé le mur du son avec un bras cassé qu’il avait caché à ses supérieurs hi hi hi