Même si le programme n’en est encore qu’aux vols d’essais il démontre déjà des avancées significatives. Le gouvernement suédois et Saab viennent de donner leur accord pour la poursuite des tests sur le chasseur JAS 39D Gripen alimenté au biocarburant aéronautique. Ce programme cofinancé par le Pentagone doit normalement se terminer dans quelques semaines. Son réacteur de série Volvo RM12 n’a subi aucune modification particulière.
Initié en 2013 ce programme américano-suédois avait déjà permis quatre ans plus tard de voir voler le même Saab JAS 39D Gripen avec un biocarburant 100% renouvelable appelé CHCJ-5. Désormais l’objectif est d’utiliser le SKA, un alcool spécialement développé pour les avions à réaction. Outre donc Saab et la Flygvapnet ce sont surtout le groupe britannique GKN Aerospace et le groupe suédois Swedish Biofuels AB qui sont maîtres d’œuvres.
Le SKA dont la composition n’a pas été dévoilée, car classifiée par les autorités suédoises, est issue de la distillation de matières entièrement organiques. C’est à ce compte là que cet alcool peut être engagé dans le programme de Gripen biplace volant au biocarburant.
Les différents acteurs du projets compte bien que l’avion décolle ainsi avant la fin de l’été. Il devrait d’ailleurs s’agir de la dernière série d’essais puisque le programme doit être abandonné en novembre 2020.
Ses enseignements serviront prioritairement à Saab et aux avionneurs américains travaillant avec le Pentagone. Cependant en Suède comme aux États-Unis ce programme a ses détracteurs. Les industries pétrochimiques en première qui y entrevoient la fin de leur monopole sur l’aviation, et donc un risque sérieux pour leurs énergies fossiles. Plus surprenant est l’opposition qui vient de groupes de réflexions mais également de formations politiques écologistes pour qui ce programme n’est que de la poudre aux yeux car il ne fait que déplacer le problème sans pour autant trouver une véritable alternative durable.
Il est à noter qu’en Europe des écologistes font valoir depuis quelques temps qu’il serait utile de tester non pas des biocarburants mais des piles à combustibles. Alimentés par hydrogène celles-ci ne rejettent dans l’air que de fines particules d’eau. L’hydrogène peut en outre être industriellement produite par électrolyse de l’eau.
On voit donc que si le projet de faire voler des avions à réaction avec des biocarburants peut sembler séduisant il n’est pas une réelle finalité en soit. C’est un programme expérimental, un premier pas vers une aviation moins destructrice en environnement. À l’heure où l’on parle de plus en plus d’écocides et que l’aéronautique fait de moins en moins rêver les jeunes générations il est sans doute temps de la rendre plus verte.
Photo © Saab.
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5 Responses
Loin de moi l’idée de jouer au rabat-joie, d’autant plus que j’ai fait carrière au Ministère de l’environnement Tous les biocarburants ne s’équivalent pas en termes écologiques. Ainsi les biocarburants produits à partir de la culture industrielle de la canne à sucre et de l’huile de palme sont en fait des catastrophes écologiques dû à la destruction des forêts tropicales. Bien que moins destructice de l’environnement, la filière maïs/ éthanol n’est pas vraiment écologique non plus. Reste la production de biocarburants à partir de déchets organiques, plus intéressante au niveau de l’environnement, mais plus ardue. Ne sachant pas de quelle façon est produit ce biocarburant, il est impossible de savoir si c’est vraiment une solution verte. Quant à la filière hydrogène, l’électrolyse est un processus plus propre que le fractionnement du gaz naturel, dépendamment de la source d’électricité. Si elle est produite avec des centrales thermiques au charbon ou au gaz naturel on est guère plus avancés… Il faut tout de même encourager la Ŕ&D dans ces domaines et appuyer les filières les plus intéressantes. Une belle initiative de Saab, mais un peu plus de transparence rendrait plus crédible sa démarche.
Entièrement d’accord avec vous sur le fait « produit avec des éléments naturels » ne veut pas forcement dire « 100% écologique ».
La réticence des industries pétrochimiques aux « bio »-carburant m’étonnera toujours … Hé Total et compagnie plutôt de mettre des bâtons dans les routes à ce genre de programme, on investit dedans et ça pourra vous faire une source de revenue supplémentaire quand cela sera au point.
Autre point, je ne savais pas que l’on pouvait fabriquer des « bio »-carburant pour réacteur mais à vrais dire pourquoi pas ! Par contre des piles à combustibles ?! J’aimerais bien savoir comment ils veulent faire pour avoir la même puissance qu’avec des réacteurs ayant un fonctionnement classique !
Sauf erreur de ma part, une pile à combustible produit de l’électricité grâce à de l’hydrogène ou une substance qui en contient, comme de l’alcool., de la chaleur et de l’eau. Il faut juste voir si leur rapport poids/puissance est comparable à un moteur à pistons ou un de la famille des turbo réacteur, propulseur.
Bonjour,
AirBus a fait des essais avec de l’huile de friture usagée. C’est peut-être ça l’avenir ?
Source : https://www.francetvinfo.fr/monde/un-airbus-vole-dix-heures-grace-a-de-l-huile-de-friture_1687787.html
C’est un coup à ce que ça sente le McDo dans la cabine et le cockpit !!!