Voilà un marché qui ne laisse aucune chance aux hélicoptéristes européens, et forcement à leurs concurrents chinois et russes. Le gouvernement philippin a annoncé son intention d’acquérir six hélicoptères de combat de nouvelle génération afin de renforcer leurs moyens anti-guérillas. Mais surtout dès le départ il avait décidé que le choix se ferait entre Boeing et Bell, donc deux constructeurs américains. Au niveau financier les offres ne sont pas du tout les mêmes.
Aujourd’hui les moyens de lutte anti-guérilla et anti-terroriste de la Philippine Air Force sont pléthoriques. Trop même sans doute quand on pense qu’elle possède trois modèles d’hélicoptères, un d’avion, et qu’elle en a encore un autre en commande. Ainsi elle attend pour les mois à venir les premiers des six Embraer A-29 Super Tucano achetés en 2018 qui viendront renforcer les sept North American OV-10A Bronco actuellement en cours de modernisation. Et ça ce n’est qu’au niveau des voilures fixes.
Car en ce qui concerne les hélicoptères elle aligne une vingtaine de MD Helicopter MD-520N Defender, huit AgustaWestland AW.109 Power, et deux… Bell AH-1F Cobra. Ces derniers lui ont été offert l’an dernier par la Jordanie.
On pourrait croire que cette volonté philippine d’acquérir six hélicoptères de combat serait lié à une politique interne de rationalisation. Il n’en est rien. Le gouvernement philippin souhaite juste ajouter de nouvelles machines à son arsenal. Les futurs appareils n’en remplaceront pas. Et la bataille commerciale se joue donc entre le Bell AH-1Z Viper et le Boeing AH-64E Guardian. Fait intéressant : alors que le gouvernement philippin n’a pas choisi son futur aéronef le gouvernement fédéral américain a de son côté déjà donné son feu vert au programme. Quelque soit le vainqueur il pourra exporter vers l’archipel asiatique.
Et Washington va plus loin en autorisant plusieurs équipementiers et armuriers à vendre aux Philippins l’avionique et les munitions destinées aux Guardian et Viper. Ainsi deux cents missiles AGM-114 Hellfire, mille sept-cents roquettes guidées APKWS, et des munitions d’exercice font parties du contrat. Seuls les obus des canons ne sont pas inclus. Le Guardian en tire de calibre 30mm et le Viper de calibre 20mm.
Ce n’est pas là la seule différence notable entre les deux hélicoptères de combat. L’autre, c’est le prix.
Pour six hélicoptères, mais également les pièces détachées, le maintien en condition opérationnel, et la formation des équipages et mécanos le prix varie du simple au… triple. Ainsi si les Philippins se décident pour l’AH-1Z Viper il leur en coutera 450 millions de dollars. Par contre si leur choix se porte sur l’AH-64E Guardian c’est 1.5 milliards de dollars américains qu’ils devront débourser. Une différence qui pourrait bien faire pencher la balance en faveur de Bell. Une différence de prix qui s’explique avant tout par les services proposés par Boeing plus encore que par la supériorité supposée du Guardian sur le Viper. Chacun des deux a ses arguments, le prix en étant un parmi d’autres.
Le gouvernement philippin doit donner son avis final avant la fin du mois de juillet 2020. Alors nous saurons quel hélicoptère volera un jour sous sa livrée.
Photos © US Department of Defense.
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