Bluesky : deux jets allemands à la poursuite de la pollution post-confinement.

C’est un chantier scientifique qui doit durer deux semaines et survoler notamment le territoire français. L’institut de recherches Max Planck et le DLR ont décidé de monter conjointement une mission aérienne sur l’impact des décisions politiques de confinement dans l’Union Européenne. L’échantillon représentatif sélectionné est celui des routes aériennes vers l’Amérique du nord, particulièrement impacté par la crise du Covid19. Les résultats de cette enquête devraient être connu à l’automne 2020 au plus tôt.

De son vrai nom Max-Planck-Institut für molekulare Zellbiologie und Genetik ce centre de recherches en biologie cellulaire moléculaire et en génétique est une des institutions scientifiques les plus reconnues dans le monde. Ce n’est donc pas pour rien s’il a fait appel au DLR pour cette étude. Le Deutsches zentrum für Luft & Raumfahrt dispose de moyens aériens adaptés à cette mission. Équivalent allemand à la fois de nos CNES et ONERA français il possède sa propre flotte d’aéronefs.
Et pour l’occasion il a adapté deux avions d’affaire utilisés depuis quelques temps pour des missions scientifiques et technologique : un Dassault Falcon 20 et un Gulfstream G550.

Les deux avions dédiés à la mission Bluesky : le petit Falcon et le gros G550.

Pour le DLR c’est l’ingénieur en chef Burkard Wigger qui a dirigé l’aménagement de ces deux avions. Des sondes amovibles ont été installés dans le nez et sous la voilure du Falcon 20 ; ainsi que dans le nez et en intrados et extrados de fuselage du Gulfstream G550. Habituellement ces avions sont plutôt utilisés pour des essais d’avionique mais désormais ils se transforment en aéronefs de reconnaissance météorologique et climatique.
Dans les cabines aussi les racks d’appareillages de mesure ont dû être changés. Sans compter que tout devait se faire en respectant au maximum la distanciation sociale et les gestes barrières.

Au niveau de l’institut Max Planck c’est le docteur en biologie Jos Lelieveld qui va mener les recherches, en partenariat avec la professeure Christiane Voigt. Cette dernière est la responsable des vols atmosphériques au sein du DLR. Elle a donc une certaine habitude à ce genre d’exercice. C’est notamment elle qui a supervisé la nouvelle ergonomie à bord des deux avions, afin de fatiguer le moins possible les équipages autant que les techniciens et scientifiques embarqués.

Préparation du Gulfstream G550 du DLR.

Afin de se familiariser avec les modifications aérodynamiques de leurs avions les pilotes du DLR se sont entraînés durant quatre jours. Y compris lors de deux vols nocturnes. Ils ont enchaîné les procédures de vol qu’ils rencontreront durant la mission Bluesky.

Car durant les deux prochaines semaines à partir de ce mercredi 27 mai 2020 les deux jets d’affaire vont beaucoup voler. À partir du centre d’essais en vol d’Oberpfaffenhofen dans le sud de l’Allemagne ils vont survoler les territoires de plusieurs pays européens : France, Irlande, Italie, et enfin Royaume-Uni. Et bien sûr l’Allemagne.
En France c’est l’Île-de-France et les abords des aéroports d’Orly et de Roissy qui vont être très particulièrement surveillés tandis qu’en Italie les avions allemands survoleront la vallée du Pô. À au moins cinq reprises ils doivent aussi s’aventurer au-dessus de l’Atlantique nord pour mesurer là encore l’impact du confinement sur les pollutions atmosphériques.

Les scientifiques allemands espèrent prouver que les mesures politiques de confinement des populations prises dans nos cinq pays européens ont permis une baisse très significative de la pollution aux micro et aux nanoparticules. Outre-Rhin certains parlent d’une réduction de 20 à 40% des émissions polluantes en raison de la réduction des vols commerciaux.
En fait l’étude doit également permettre pour la première fois de séparer la pollution due aux avions de ligne de celle dont sont responsables les automobiles, camions, et motos.

Vérification des appareillages sur le Dassault Falcon 20.

Les résultats de ce chantier de recherches scientifiques pourraient bien intéresser un très large panel de cibles : les universitaires bien entendu, mais également les constructeurs d’avions de ligne comme Airbus et Boeing et leurs fournisseurs motoristes, les responsables politiques européens, ou encore les associations de défense de l’environnement. La mission Bluesky est donc très importante.
Nous aurons sans nul doute possible l’occasion d’y revenir dans les jours à venir.

Photos © DLR.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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