C’est une information qui est passée relativement inaperçu des deux côtés de l’Atlantique. Et c’est Mark Esper, le secrétaire américain à la défense lui-même qui l’a assuré : Washington ne fait nullement payer les ravitaillements en vol aux avions de l’Armée de l’Air et de la Marine Nationale. Une déclaration qui intervient au moment où beaucoup s’inquiètent du désengagement militaire américain en Afrique sub-saharienne. C’est tout de même un joli cadeau fait aux forces françaises.
Des Boeing KC-135R Stratotanker et des McDonnell-Douglas KC-10A Extender qui transfèrent du carburéacteur à des avions de combat français ça arrive quasi quotidiennement. Bien entendu au-dessus du théâtre d’opérations extérieures irako-syrien mais pas uniquement. Car les avions ravitailleurs en vol de l’US Air Force sont également présents dans les cieux de l’Afrique sub-saharienne. Et là pas ou quasiment pas d’avions américains susceptibles d’être ravitaillés ne croisent, hormis peut-être quelques avions-cargos Boeing C-17A Globemaster III ou Lockheed-Martin C-130J Super Hercules. Donc rien qui ne justifie que des tankers survolent si souvent cette région africaine.
En fait les avions américains viennent jouer les stations-services volantes pour le compte des avions français de la force Barkhane. Les Dassault Aviation Mirage 2000 et Rafale régulièrement déployés par l’Armée de l’Air peuvent compter sur les ravitailleurs en vol de l’US Air Force en plus de leurs habituels Airbus DS A330 MRTT Phénix et Boeing C-135FR.
Pour l’administration Trump il s’agit d’une manière comme une autre de participer à l’effort de guerre mené par la France contre le terrorisme en Afrique sub-saharienne, et plus particulièrement dans le Sahel. À défaut d’avoir des combattants ou bien des moyens aériens de renseignement en nombre suffisant ils possèdent la logistique. Et l’imposante superficie du territoire à couvrir par les avions de combat français suffit à elle-même pour expliquer le recours permanent au ravitaillement en vol.
Cette déclaration du secrétaire américain à la défense tombe pile-poil au moment où la France craint pour le désengagement du Pentagone dans la région. Une manière pour le gouvernement américain de rassurer son allié en lui offrant un joli cadeau, estimé à tout de même un peu plus de 36 millions d’euros pour la seule année 2019. Ce n’est pas rien.
Pourtant dans le même temps Mark Esper insiste sur le fait que d’autres pays étrangers pourraient en faire autant et ainsi permettre de diminuer substantiellement la part des États-Unis dans cette contribution sans amoindrir les capacités françaises. Le désengagement américain en Afrique demeure donc toujours autant d’actualité.
En filigrane se dessine aussi les soucis que l’US Air Force connait aujourd’hui entre une flotte vieillissante de KC-135 Stratotanker et un KC-46 Pegasus qui peine encore à réellement devenir opérationnel.
Il faut savoir que normalement chaque pays est tenu de payer annuellement, par une forme de remboursement, le carburant qu’il perçoit lors des exercices internationaux ou des opérations extérieures sur les ravitailleurs américains. C’est ainsi le cas habituellement pour la France mais également pour tous les autres alliés des États-Unis comme l’Arabie-Saoudite, le Japon, ou encore le Royaume-Uni pour ne citer que les plus fidèles. Et donc la décision du patron du Pentagone est réellement exceptionnelle et mérite de ce fait d’être soulignée, et saluée. Pour combien de temps cela marchera t-il, c’est une autre question.
Photos © US Air Force.
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5 Responses
Vous l’avez peut-être évoqué dans l’article mais l’USAF ne fait plus payer les ravitaillement aux avions français uniquement dans les cieux d’Afrique du nord et dans le cadre de l’opération Barkhane ou alors cela va aussi pour les avions français en général où qu’ils soient sur la planète ?
C’est valable pour les opérations extérieures africaines et irako-syriennes, je pensais que c’était clair dans l’article. Désolé Dimitri s’il y a eu méprise.
C’est sûrement une méprise de ma part, mais merci pour cet éclaircissement.
En effet c’est un joli geste de la part des États-Unis.
question : ça coûte combien de faire le plein d’un avion de combat en vol ?
C’est effectivement un joli geste. Les Américains savent que les Français font du bon boulot là -bas.
Dommage que le reste de l’Europe ne s’implique pas davantage. Le barrage anti-jihadiste que mène la France, sert toute l’Europe.
Alors Messieurs les Européens, engagez vous davantage. C’est aussi votre sécurité qui est en jeu.