Certains y voient un véritable bouleversement dans la politique locale d’acquisition de matériels de défense, et une perte d’influence claire de Moscou. Le gouvernement azerbaïdjanais a fait savoir qu’il comptait acquérir un certain nombre de jets d’entraînement Alenia-Aermacchi M-346 afin de remplacer ses avions hérités de l’ère soviétique. Un marché qui échappe ainsi au Yakovlev Yak-130, pourtant si proche dans sa conception de l’avion italien. On parle d’une future commande en deux lots distincts.
Car l’aviation azerbaïdjanaise est déliquescente depuis des années maintenant. Sa structure de formation et d’entraînement repose à la fois sur le recours à une entreprise privée russe et sur une flotte d’avions hors d’âge. L’entraînement initial et intermédiaire des futurs pilotes sont dispensés sur des avions civils de facture américaine, des avions de tourisme en fait, par une école de pilotage russe. L’entraînement avancé et l’entraînement au tir se déroulent ensuite sur une dizaine d’Aero L-29 Delfin et L-39 Albatros tchécoslovaques datant de la guerre froide et modernisés au cas par cas. Bricolés localement serait un terme plus adapté. Et les instructeurs sont des pilotes locaux.
Afin de palier à cela une réflexion fut lancée il y a quelques mois afin de trouver l’avion idéal. Tout le monde ou presque aurait parié sur le Yakovlev Yak-130 russe. Et raté ! C’est finalement son cousin transalpin, l’Alenia-Aermacchi M-346 qui a les préférences des militaires azerbaïdjanais. C’est un véritable coup de théâtre car jusque là à Bakou les décideurs étaient demeurés fidèle à l’ancienne puissance d’occupation, mais force est de constater que la Russie n’a plus forcément la priorité.
Pourtant peu de choses séparent les deux avions puisqu’ils résultent tout deux du même programme, à l’origine mené par Aermacchi et Yakovlev avant que les relations italo-russes ne se brouillent.
Officiellement Leonardo, maison-mère d’Alenia-Aermacchi, refuse de communiquer sur le nombre exact d’avions en pourparlers avec l’Azerbaïdjan. Du côté de Bakou on parle d’une commande ferme pour dix exemplaire et d’une option pour quinze appareils supplémentaires. Ce qui porterait à vingt-cinq le nombre d’avions au total. Beaucoup trop pour la seule formation d’une si petite force aérienne.
En fait les dix premiers seraient bien des avions d’entraînement, au standard M-346FT (pour Fighter Trainer) tandis que les quinze autres seraient des avions d’appui aérien rapproché et de chasse légère au standard M-346FA (pour Fighter Attack) capables d’emporter un arsenal dernier cri dont des bombes à guidages laser et des missiles air-air AIM-120 AMRAAM de facture américaine. Des avions qui pourraient ainsi remplacer les antédiluviens Mikoyan-Gurevitch MiG-21 et une partie des Sukhoi Su-25.
Quoiqu’il en soit beaucoup voient dans cette volonté de se tourner vers l’Italie, donc l’Europe, une possibilité pour Bakou de se séparer de l’influence de Moscou. La commande pourrait être officiellement passée avant l’automne. Déjà des relations se sont nouées aussi avec l’Ukraine et qui pourraient prochainement déboucher sur d’autres contrats militaires. Mais ça c’est une autre histoire.
Photos © Leonardo
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