On va finir par croire que les forces aériennes russes veulent entraîner la Royal Air Force aux procédures d’interception. Ce jeudi 12 mars 2020 deux chasseurs britanniques Typhoon FGR.4 ont été alerté afin d’aller identifier deux échos radars évoluant au plus près de l’espace aérien écossais. Sur place peu de surprises quant à la nationalité des avions mais un peu plus sur leur nature : des bombardiers stratégiques Tu-160 Blackjack. Évidemment ils volaient transpondeurs éteints, c’est à dire comme en temps de guerre.
Bien qu’ils se soient gardés de violer l’espace aérien souverain du Royaume-Uni les deux Tupolev Tu-160 russes en sont restés très près. Il étaient donc dans l’espace aérien international. Pour autant ils évoluaient avec le transpondeur éteint dans la zone d’identification britannique. Une situation géographique que les équipages de ces bombardiers stratégiques ne pouvaient pas ignorer. Et qui à elle-seule justifiait le décollage de la QRA, la Quick Reaction Alert, l’équivalent britannique de notre posture de permanence opérationnelle française.
Mais au fait en quoi l’extinction du transpondeur est gênante ?
En fait il faut savoir que ce système d’avionique permet au contrôle aérien de disposer d’informations concernant la nature de l’avion, son origine ou encore sa destination. Autant d’éléments qui permettent de savoir très vite si on a affaire à un avion civil ou militaire, et dans ce second cas s’il s’agit d’une nation alliée ou non. De ce fait l’action d’éteindre le transpondeur aveugle le contrôle aérien quant à l’avion en question.
C’est une manœuvre très courante sur les avions militaires russes, même en temps de paix. Car en théorie la coupure du transpondeur sur un avion militaire est le fait de missions de combat, de missions de guerre. Mais jusqu’à preuve du contraire la Russie contemporaine n’est pas en guerre avec les pays de l’OTAN. Pourtant ses avions persistent à voler transpondeur éteint.
Plus habitués aux quadrimoteurs à turbopropulseurs Tupolev Tu-95 les pilotes britanniques ont du être surpris de voir deux Tu-160 à proximité de leurs Eurofighter Typhoon FGR.4. Une rencontre entre deux des avions d’armes parmi les plus impressionnants de leur époque.
Ce n’est pourtant pas la première fois que les chasseurs du N°1 Group de la RAF rencontrent ces quadriréacteurs à géométrie variable. Leur identification est donc assez facile.
Après l’Écosse les deux avions russes ont longé les côtes occidentales de l’Irlande et plongés vers le sud. S’éloignant de l’espace aérien britanniques ils n’inquiétaient plus la Royal Air Force.
Fait amusant cette mission d’identification intervient presque pile-poil dix ans après une très similaire. Le 10 mars 2010 deux bombardiers russes du même type avaient déjà réalisé une série de vols quasi identiques dans la même zone. À l’époque la chasse britannique volait sur Panavia Tornado F.3. Les pilotes appartenaient déjà au N°1 Group de la RAF.
En l’absence d’utilité réelle la flotte de bombardiers russes continue à ne faire que de tels vols. Après tout le jeu du chat et de la souris entre Russes et Britanniques au plus près de l’Écosse donne encore un rôle à jouer aux équipages de Tu-160. À défaut de réellement servir comme bombardier, c’est toujours ça de pris.
Photos © Royal Air Force.
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2 Responses
De combien de kilomètres la zone d’identification aérienne rallonge-t’elle l’espace aérien ?
Les Tupolev qui viennent frôler l’espace aérien ne sont pas vraiment dangereux, C’est de la pub. S’ils venaient à tirer un missile KH-55 nucléaire, ils le feraient bien loin de l’espace aérien Britannique. (Ils peuvent en tirer six. (Tu 160-M)). Si j’étais un pilote de la RAF, ça me plairait bien mieux d’avoir pu intercepter un Tu-160 qu’un plastron. « Chérie tu sais ce que j’ai fait aujourd’hui ? »