Honnêtement les premières images le donnent à peine moins tarte que le Qaher 313 iranien. Sous contrat avec le Pentagone une start-up californienne se prépare à faire voler le prototype du premier drone cible furtif américain. Désigné 5GAT, pour Fifth Generation Aerial Target, ce nouvel engin pourrait permettre à terme de simuler les chasseurs chinois et russes de dernière génération. Un occasion aussi de combler un véritable vide dans l’arsenal aérien américain.
C’est donc la société Sierra Technical Services qui développe depuis 2017 ce 5GAT. Sous-traitant d’entreprises comme Kratos Aerospace ou Northrop-Grumman elle a été fondée par d’anciens ingénieurs de chez Lockheed-Martin. La plus part a d’ailleurs œuvré sur des programmes d’avions furtifs au sein du célèbre bureau d’étude des Skunk Works. Et au moins un d’entre-eux est à l’origine du célèbre Dragon Star. Autant dire qu’ils connaissent leur partition sur le bout des doigts.
Et ils en ont eu besoin car avec un budget assez serré de 15.9 millions de dollars américains ils n’allaient pas faire de miracles. Du coup ils ont logiquement eu recours à la cannibalisation. Cette méthode bien connue dans l’aéronautique consiste à prendre des pièces et éléments d’autres avions afin d’assembler le sien. C’est comme ça que le Grumman X-29 expérimental fut assemblé dans les années 1980.
Dans le cas du Sierra Technical Services 5GAT on retrouve un réacteur prélevé sur un Northrop T-38A Talon, des éléments de train d’atterrissage et d’avionique du Northrop F-5E Tiger II, ou encore des éléments de voilure du McDonnell-Douglas F/A-18A Hornet. Pas fondamentalement des avions très furtifs. Quant à l’architecture elle semble clairement influencée par le Kratos XQ-58 Valkyrie en cours de développement dans le cadre du programme Loyal Wingman. Il faut dire que Sierra Technical Services travaille en sous-main sur ce développement de drone furtif de combat de nouvelle génération. Ceci explique peut-être cela.
Kratos Aerospace justement pourrait avoir quelques soucis si le 5GAT venait à son terme. En effet s’ils n’ont rien de furtifs ses drones-cibles BQM-167A et BQM-177A, respectivement en service dans l’US Air Force et l’US Navy, pourraient voir arriver un sérieux concurrent. Mais nous n’en sommes pas encore là puisque le 5GAT n’a pour l’instant pas encore volé et pas encore été officiellement commandé par l’aviation américaine.
Surtout le recours à un drone cible furtif permettrait au Pentagone de faire l’impasse sur la dronisation de ses Lockheed-Martin F-35A Lightning II de présérie, un concept qui fut un temps envisagé. On parla également de les affecter à une unité d’Agressors, mais sans que cela ne soit vraiment clairement défini. Pour mémoire la dronisation est la transformation d’avions de combat en drones cibles, une technique bien assimilée par l’industrie aéronautique américaine depuis des avions comme le Lockheed F-80 Shooting Star ou encore le North American F-86 Sabre. C’est cependant vraiment avec le Sperry PQM-102, dérivé du chasseur supersonique Convair F-102 Delta Dagger que cela prit une ampleur inégalée. Aujourd’hui l’US Air Force utilise des QF-16. Cependant ces engins demeurent des drones cibles assez onéreux et absolument pas furtifs.
Car les Américains doivent au plus vite pouvoir se confronter à la menace que représente des chasseurs comme les Chengdu J-20 et Shenyang J-31 chinois ou encore le Sukhoi Su-57 Felon russe. Sans compter que ce dernier pays développe également des drones furtifs, à l’image du très ambitieux Sukhoi S-70 Okhotnik. Et là le 5GAT serait sans doute idéal. Bien plus en tous cas que tous les autres drones cibles actuellement en dotation aux États-Unis.
Avec ce futur avion sans pilote le Pentagone démontre qu’il a pleinement compris le principe de drone cible. On est bien loin du fragile Queen Wasp britannique de la Seconde Guerre mondiale. Désormais les drones cibles singent des machines bien particulières : les avions furtifs pour le 5GAT ou encore les drones MALE types China Aerospace CH-4 chinois ou Shahed 129 iranien pour le Griffon Aerospace MQM-170 Outlaw. L’adaptabilité, voici le maitre mot désormais de ces engins par définition assez éphémères.
Le premier vol du prototype du 5GAT est attendu au cours de ce premier semestre 2020, depuis les installations californiennes de la société. C’est à Tehachapi dans le sud de la Californie, à environ 1200 mètres d’altitude, que se trouve le centre d’essais de Sierra Technical Services. C’est peut-être là que se joue désormais une partie de l’avenir du drone cible aux États-Unis.
Photo © Sierra Technical Services.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
4 Responses
Un avion cible peut ressembler extérieurement à un avion de combat opérationnel mais le 1er n’a pas les contraintes d’autonomie et d’emport de charges, ce qui facilite énormément la conception.
Effectivement, il est temps d’avoir cet équipement pour s’entraîner, aussi bien pour le combat A/A que pour la DCA
A quoi ça sert que les américains fabriquent des drones si c’est pour les abattre. Ils jettent leurs dollars par les fenêtres pendant que l’Afrique pleure et meurt loin du regard de Dieu. Les dollars américains devraient servir à aider l’Afrique.
Très Cordialement
Mr Jean Maurice Pambou
Conseiller technique de monsieur le consul général du Cameroun à Paris.
Désolé pour le HS:
@Jean Maurice Pambou
Bonjour monsieur. À la lecture de votre commentaire je ne peux m’empêcher de réagir.
Vous semblez reprocher aux USA les problèmes de l’Afrique.
Premièrement, si vous vous intéressez à la chose militaire (il me semble vous avoir lu sur Opex360), vous devriez savoir qu’un tel programme se justifie.
Deuxièmement, avec vos propos vous contribuez à la victimisation du peuple Africain. Oui l’Afrique a des problèmes. Oui l’Occident a sa part de responsabilité. On ne va pas refaire l’Histoire. Mais quand est-ce que ce continent se prendra sérieusement en main? Russie, Chine, France, tout le monde essaie de prendre des billes et de les protéger. Mais vous Africains? Que faites vous?
« l’’Afrique pleure et meurt loin du regard de Dieu »
L’Afrique ne doit pas être une victime et ne doit pas se considérer comme telle. Elle ne s’en sortira jamais vraiment sinon.
Après, ok, si on prend les cas similaires à Isabel dos Santos, y’a du boulot, n’est-ce pas?… 😉
Bonjour,
Sachez Jolindien que les propos de monsieur Pambou ont été pour beaucoup modérés car ce monsieur semble avoir une vision bien à lui des relations internationales. Ses propos étant ouvertement racistes et parfois antisémites ils n’apparaissent pas sur les pages qu’il a voulu commenter.