L’affaire commence à faire grand bruit outre-Atlantique. Des membres de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire du Boeing 737 Max révèlent des courriels internes à l’avionneur où des employés critiquent ouvertement le constructeur autant que l’administration de l’aviation civile américaine. Boeing et la FAA en prennent littéralement «pour leur grade», chacun étant largement égratignés. Des messages qui en disent long sur l’atmosphère qui existe aujourd’hui dans l’entreprise.
«Avion conçu par des bouffons», «superviseurs qui sont des singes», les noms d’oiseaux fusent que ce soit pour parler de Boeing ou de la Federal Aviation Administration. Et tout ça ne vient pas d’ingénieurs ou de techniciens d’Airbus Group ou de Lockheed-Martin mais bel et bien de l’intérieur même du constructeur de Seattle. Mais pourquoi autant de rancune ? Simplement parce que les personnels acceptent mal le scandale du 737 Max et notamment les révélations autour du logiciel MCAS.
Et ce sont des parlementaires américains du Congrès qui révèlent ces messages internes datés de mi-2017 et début 2018. Donc bien antérieurs aux catastrophes aériennes de Lion Air et d’Ethiopian Airlines. Ils ne les ont d’ailleurs pas volé, c’est Boeing qui leur a transmis. L’avionneur se réclame d’un souci de transparence dans l’affaire. C’est tout à son honneur, mais on est en droit de douter du bien fondé de cette décision. Les dirigeants de l’avionneur tenteraient de régler leurs comptes avec d’indélicats employés qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Après tout c’est de bonne guerre, les uns critiquant vertement les autres qui ripostent en révélant les dits-messages. Les deux méthodes sont aussi contestables l’une que l’autre.
Mais surtout ces courriels en disent long sur l’état du moral des employés chez Boeing depuis l’éclatement de l’affaire du 737 Max en mars 2019. Dix mois de grosses galères au cours desquels les employés ont connu le chômage technique partiel, un inconnu jusque là chez cet industriel. Et les avions continuent de s’accumuler sur les parkings du constructeur. Impossibles de les livrer, il faut donc les stationner. Mais des Boeing 737 Max ça prend un peu de place comme on le remarque sur la photo ci-dessus. Alors forcément les techniciens et ingénieurs se lâchent, et très clairement leurs boucs-émissaires s’appellent Boeing et la FAA. Ou plutôt la direction de Boeing.
Dans le même temps on a appris récemment que Boeing espère un retour à la normale des vols commerciaux vers fin février ou début mars. Nonobstant pour beaucoup d’experts il faudra attendre fin avril ou début mai avant de voir revoler le 737 Max… en essais. Pour eux la carrière commerciale de l’avion ne recommencera pas avant fin mai début juin. Autant dire que l’ambiance chez Boeing risque bien ne pas s’arranger avant quelques semaines.
Photo © Keypublishing.
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2 Responses
Au delà d’un règlement de compte avec ses employés, Boeing sera obligé de divulguer ces messages dans le cadre de la procédure judiciaire américaine de Litigation Hold. Surtout que les noms des employés ont été effacé sur ce qui a été communiqué.
Vu le caractère explosif ils ont du penser que c’était mieux de les communiquer en avance en sachant très bien quel impact cela aura.
C’est parti pour une deuxième année de galère chez Boeing. Sa devrait moins s’entasser sur les parkings vu qu’ils ont arrêté la chaîne de fabrication.