Il y a des noms comme ça qui sont mythiques dans l’histoire de l’aviation française. Le 1er janvier 1970 une nouvelle entreprise aéronautique publique naissait sous l’initiale SNIAS, pour Société Nationale Industrielle Aérospatiale. Mais rapidement ses dirigeants allaient la faire connaitre dans le monde entier simplement comme Aérospatiale, un des plus légendaires hélicoptéristes de ces dernières décennies. Ce constructeur est à l’origine d’Eurocopter et de l’actuelle société Airbus Helicopters.
L’histoire d’Aérospatiale c’est l’histoire de ces constructeurs aéronautiques nationalisés français. Au 31 décembre 1969 vont donc disparaitre les sociétés Nord Aviation et Sud Aviation, deux constructeurs de légende à qui l’on doit par exemple la Caravelle, la Frégate, le Ludion, ou encore le Noratlas. Sud Aviation c’est également un des artisans du mythique Concorde anglo-français.
Dans la corbeille de mariage Nord Aviation et Sud Aviation ont surtout les hélicoptères, des machines françaises qui se vendent très bien avec en premier lieu les Alouette II et Alouette III ou encore le Super Frelon. Mais également des appareils en plein développement que la nouvelle structure devra peaufiner et surtout commercialiser. Nord Aviation apporte également un jet d’affaire très ambitieux : la Corvette, censée permettre de concurrencer le Mystère XX développé alors par Dassault.
Et le premier hélicoptère qu’Aérospatiale devra vendre a été conçu par Sud Aviation à la fois comme successeur de l’Alouette II mais également comme complément de l’Alouette III. Moins connu que ces deux machines le SA.315 Lama est pourtant l’hélicoptère de tous les records. Conçu pour les vols les plus difficiles, dans les conditions les plus extrêmes il est autant à l’aise dans le massif du Mont Blanc que sur le toit du monde, la chaine de l’Himalaya. Même les Américains l’adoptent pour l’utiliser dans les Rocheuses. Et partout il réussit le tour de force de sauver des vies autant que de réaliser les travaux les difficiles. Il pose des lignes à haute tension à plus de 3000 mètres d’altitude, permettant l’électrification de nombreuses stations de sport d’hiver un peu partout dans le monde.
Mais Aérospatiale demeurera à jamais lié à deux machines très particulières : la Gazelle et le Puma. Développés dans le cadre de l’Anglo-French Helicopter Agreement ces deux machines sont parmi les hélicoptères les plus connus de leur temps. Et celui-ci n’est pas fini en 2020.
La Gazelle d’abord si reconnaissable avec ses faux airs d’Alouette II sur laquelle on aurait collé un Fenestron lui donnant une allure de Formule 1 des airs. Un hélicoptère au bruit très reconnaissable capable de tout faire ou presque : tuer du char d’assaut dans l’Armée de Terre, transporter la reine d’Angleterre dans la Royal Air Force, ou encore assurer l’entraînement dans la Fleet Air Arm. L’hélicoptère s’est même payé le luxe d’être fabriqué sous licence en ex-Yougoslavie durant la guerre froide. Il faut dire que l’Aérospatiale SA.342 Gazelle est une championne de l’exportation avec pas moins d’une vingtaine de pays utilisateurs en dehors de la France et du Royaume-Uni. Et encore on ne compte pas les pays où certaines machines volent sous immatriculation civile.
Le Puma ensuite, lui aussi est un champion à l’export. Le camion volant de l’Armée de Terre, de l’Armée de l’Air et de la Royal Air Force. On le retrouve même encore aujourd’hui opérant sur certains navires de guerre américains aux mains de pilotes civils œuvrant au sein de contractors. Leur livrée blanche les a rendu très célèbres dans l’US Navy. Bien que vieillissants ils sont aujourd’hui encore omniprésents sur les théâtres d’opérations du monde entier.
Lui aussi a connu la production sous licence étrangère : en Roumanie au sein d’IAR dès la guerre froide mais également en Indonésie dans les ateliers de Nurtanio.
Pourtant Aérospatiale a également su développer ses propres hélicoptères. Et le premier fut… un beau plantage. Le monoturbine SA.360 Dauphin ressemblait plus à une grosse Gazelle mal dégrossie qu’à autre chose. Résultat une trentaine d’exemplaires seulement furent assemblés avant que la production ne s’arrête. Pour mieux redémarrer en fait sous la forme du SA.365 Dauphin 2, sa version biturbine qui allait devenir une des plus belles réussites de l’industrie aéronautique hexagonale. Le Dauphin 2 qui devait être ensuite vendu à l’US Coast Guard mais également à la Royal Navy, et construit sous licence en Chine communiste. Hélicoptère tant civil que militaire le Dauphin 2 est présent dans le monde entier, même si sa spécialité demeure avant tout le survol maritime.
Nonobstant la vraie grande réussite d’Aérospatiale est un monoturbine d’aspect assez simple : l’AS.350 Écureuil. Il s’agit ni plus ni moins de l’hélicoptère de facture française le plus vendu dans le monde. Un hélicoptère autant civil que militaire ou parapublique capable aussi bien de transporter cinq passagers, que d’assurer des missions de surveillance urbaine, d’évacuer des blessés, ou encore de suivre le tour de France et de le retransmettre en direct. Outre-Atlantique il est connu comme AS.350 AStar et se vend très très bien depuis plus de quarante ans. Et aujourd’hui encore il est produit comme Airbus Helicopters H125.
Son succès fut tel qu’Aérospatiale développa même une version biturbine désignée AS.355 Écureuil 2. Mais là le succès fut moindre.
Autre sacré succès, celui de l’AS.332 Super Puma. Dessiné comme une version agrandie, mieux motorisée, et rajeunie du Puma cet hélicoptère a très vite connu un succès franc sur les marchés civils et militaires. Capable aussi bien de tirer des missiles anti-navires AM.39 Exocet (par ailleurs également développés par Aérospatiale) que d’assurer des missions de transport de troupes ou de passagers lambdas le Super Puma s’est aussi imposé comme une des principales plateformes de recherches et de sauvetages en mer. Au Japon il est même capable de jouer les pompiers funambules pour lutter contre les incendies de grattes-ciels.
Comme toutes les belles histoires celle d’Aérospatiale a eu une happy end. Un mariage franco-allemand avec le constructeur M.B.B. autour du programme d’hélicoptère de combat Tigre. Eurocopter était né, et c’est sous le signe européen que cette belle aventure de voilures tournantes allait se poursuivre. Mais ça c’est une autre histoire…
Photos © San Diego Air & Space Museum et Wikimédia Commons.
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6 Responses
très beau résumé Arnaud, mais je crois que tu as oublié le Lynx, qui a quand même eu une belle carrière
Le Lynx est avant tout une création de l’hélicoptériste britannique Westland, sur lequel Aérospatiale n’a eu qu’un travail de sous-traitant.
Ah peut être, je n’ai pas assez de connaissances sur cette machine, c’est pour ça que je voulais pas l’affirmer
Le son de la Gazelle un son unique, aiguë et strident à la fois j’adore, je crois que je ne m’en laisserai jamais et sur Lyon on y a souvent le droit. Elles font souvent escale sur l’aéroport de Lyon-Bron seule ou par deux ou trois à la fois. Qu’est ce que je l’aime cette Gazelle !
À titre très personnel je préfère le Puma. Faut dire que ma carcasse fait mauvais ménage avec le cockpit de la Gazelle. Après sur le son, presque la musique, de la turbine de la Gazelle je suis totalement d’accord avec vous Dimitri.
J’ai passé quelque année dans l’ALAT, mon plus grand plaisir du matin était mon premier café et ma première cigarettes avec le son des turbines des gazelles et des puma qui chauffaient sur le tarmac. Et puis celui du dernier puma qui rentrais alors qu’il était un heure très avancé de la nuit, « cool, je vais pouvoir aller me coucher » tout une époque !