La marine américaine est la seule force au monde à disposer d’une capacité aéroportée permanente de guerre des mines, et ce depuis la fin des années 1970. Or aujourd’hui l’avenir des escadrons HM-14 et HM-15, et donc de leurs hélicoptères lourds Sikorsky MH-53E Sea Dragon, s’est assombri. En cause la volonté du Pentagone de rendre encore plus polyvalent le déjà très ubiquiste MH-60S Knighthawk en le rendant apte à la détection des mines marines. Un changement qui se fait en douceur mais pas sans douleur.
C’est en effet en mai 1978 qu’a vu le jour l’escadron HM-14 Vanguard dans l’US Navy. Une unité qui volait alors déjà sur Sikorsky RH-53D Sea Stallion, des hélicoptères hérités de la guerre du Vietnam et conçu à l’origine pour le transport de troupes. C’est en arrivant dans cette unité qu’ils devinrent des appareils destinés à la recherche et la détection des mines marines. Onze ans plus tard ils étaient remplacés par les tous nouveaux Sikorsky MH-53E Sea Dragon bien plus puissants et conçus quant à eux ab-initio pour la guerre des mines.
Ce sont ces grosses machines qui sont encore en service trente ans plus tard.
Deux ans avant cet escadron c’est le HM-15 Blackhawks qui fut créé et doté, en premier, de cet hélicoptère de nouvelle génération.
Si la guerre des mines occupe entre 75 et 80% du temps de vol de ces deux unités elles remplissent aussi des missions de transport au profit de l’US Navy. Un MH-53E Sea Dragon peut soulever jusqu’à quatorze tonnes et demi sous élingue, c’est à dire plus que n’importe quel autre hélicoptère de l’aéronavale américaine. Seuls les CH-53E Super Stallion de l’US Marines Corps font aussi bien. Par contre ces derniers embarquent plus de passagers : trente soldats équipés contre vingt-cinq pour les Sea Dragon.
Les hélicoptères des HM-14 et HM-15 remplissent donc également parfois le rôle de Vertrep lorsque la situation l’exige.
Mais pour les financiers du Pentagone ces gros hélicoptères ont un énorme inconvénient : ils sont particulièrement gourmands en carburant. Trop même si l’on en croit un audit ordonné par l’administration Trump il y a quelques mois. Celle-ci comprend assez mal que la marine des États-Unis entretienne encore une flotte d’hélicoptères dont la mission est de «nettoyer les mers» des mines flottantes.
Pour y remédier elle a demandé à Lockheed-Martin, entre autre chose maison-mère de Sikorsky, de réfléchir à l’adoption par les hélicoptères MH-60S Knighthawk de la seconde génération du système de repérage laser des mines ALMDS. La première est en service depuis cinq ans maintenant et a démontré de bonnes qualités mais aussi ses limites.
Le repérage laser ne permet pas de cibler les mines se trouvant au-delà de quatre mètres de profondeurs. Ce qui rend les Sikorsky MH-60S incapables d’opérer au profit de la protection des submersibles américains.
C’est pourtant ce que font très bien les MH-53E Sea Dragon et leur duo de sonar immergé AN/AQS-14A et de catamaran tracté MK-105 MIMS. Avec ce binôme basé sur le bon vieux principe du hunter-killer un MH-53E Sea Dragon repère les mines au sonar pendant que le second les détruit à l’aide des équipements du catamaran MK-105. Tout en demeurant assez haut dans les deux cas pour ne pas mettre en danger leurs équipages.
Résultat c’est à une mini-fronde venue du Navy Yard qui touche désormais le Pentagone. Plusieurs amiraux et officiers de l’US Navy estiment que l’on pourrait parfaitement continuer avec la dualité MH-53E / MH-60S dans la guerre des mines. D’autant qu’une version spécifique est prévue dans le cadre du programme de développement du CH-53K King Stallion. Elle pourrait remplacer le Sea Dragon à l’horizon 2025-2030.
Photos © US Navy.
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Une réponse
Voici encore un exemple probant du manque de jugement manifesté par les dirigeants et politiciens d’un pays! La guerre des mines est le talon d’achille de la marine américaine. Le couple MH-53E Sea Dragon et de catamaran tracté MK-105 MIMS. a fait ses preuves lors du déminage du Canal de Suez en 1975. Les marines européennes n’ont oublié les leçons de la guerre des mines. .Par exemple composante marine (marinecomponent en néerlandais) des forces armées belges dispose de plus de navires dédiés à cette tâche que l.U.S. Navy.