C’est une question qui intrigue au plus haut niveau de l’état à Madrid. Par quel avion la Flotilla de Aeronaves pourra t-elle bien remplacer ses actuels AV-8B Harrier II de facture américaine ? Si la réponse en 2019 pourrait logiquement passer par le dernier chasseur de Lockheed-Martin il faut savoir que l’Espagne privilégie actuellement les initiatives européennes. Mais ira t-elle jusqu’au risque de perdre toute capacité de projection aéronavale ?
Car aujourd’hui les treize McDonnell-Douglas AV-8B et TAV-8B Harrier II de l’Armada Española n’ont pas d’équivalent parmi les avionneurs européens. Ni Airbus DS ni Dassault Aviation ne produisent en effet d’avion de combat à décollages et atterrissages verticaux. Et à la différence de l’Italie l’Espagne refuse toujours catégoriquement d’investir dans le Lockheed-Martin F-35B Lightning II américain.
Ça n’a d’ailleurs rien à voir avec les problèmes de jeunesse du chasseur furtif ni même avec son prix parfois jugé assez prohibitif, même si Washington serait prêt à des concessions pour vendre son avion en Espagne, mais plutôt avec les principes européens. L’Espagne a depuis longtemps choisi d’avoir au maximum des aéronefs produits sur le vieux continent. Cela se ressent d’ailleurs très nettement au sein de l’Ejército del Aires, sans doute un peu moins dans l’Armada Española. Cette dernière est célèbre pour utiliser encore massivement des aéronefs militaires produits de l’autre côté de l’Atlantique nord. Le dernier exemple en date est l’achat en 2017 de deux hélicoptères de combat naval Sikorsky SH-60F Seahawk de seconde main auprès de l’US Navy.
Il est intéressant de voir qu’à l’instar de sa consœur italienne l’aéronavale espagnole emploie ses McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II bien plus comme des chasseurs multi-rôles légers que comme de simples avions d’attaque. Ils réalisent notamment des missions de défense aérienne pour le compte du groupe aérien embarqué articulé autour du porte-aéronefs Juan Carlos I. Et de ce fait de l’autre côté des Pyrénées des voix commencent à se faire entendre pour dire que ces jets de combat pourraient demeurer encore en dotation au moins jusqu’en 2035 ou 2040 alors qu’initialement ils avaient été acheté pour une durée de vie de trente ans maximum. Ils auront alors en 48 et 53 ans, autant dire qu’ils ne seront plus d’une toute première jeunesse.
En fait ce sur quoi beaucoup tablent en Espagne c’est que le pays réussissent à orienter le programme SCAF auquel il prend part désormais version une polyvalence appelant à un chasseur embarqué de nouvelle génération. L’Armada Española ferait alors le choix de disposer d’un porte-avions classique, similaire sans doute au Charles de Gaulle actuel ou à son futur remplaçant.
Reste qu’entre temps le duo AV-8B Harrier II et porte-aéronefs Juan Carlos I doit continuer à faire le job !
Photos © Armada Española
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2 Responses
« En fait ce sur quoi beaucoup tablent en Espagne c’est que le pays réussissent à orienter le programme SCAF auquel il prend part désormais version une polyvalence appelant à un chasseur embarqué de nouvelle génération. L’Armada Española ferait alors le choix de disposer d’un porte-avions classique, similaire sans doute au Charles de Gaulle actuel ou à son futur remplaçant. »
La marine espagnole passerait de la classe mini et dépassée (petit PA avec des Harriers) à la classe moyenne/haute et moderne (PA CATOBAR avec des SCAF). A première vue cela me semble bien trop ambitieux d’un point de vue financier et stratégique. Pourquoi attendre si longtemps pour faire un aussi grand saut en avant? Que changera pour que ce soit justifiable?
Il est peu probable de voir l’Espagne s’engager sur la voie de l’acquisition d’un PA CATOBAR.
Il est probable, même si ce n’est pas souhaité, qu’ils n’aient pas vraiment le choix, à moins d’abandonner l’aéronavale embarquées à ailes fixes. D’ailleurs, selon leur contexte stratégique, est-ce une nécessité ?
Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux privilégier d’autres capacités ? (Les sous-marins, par exemple.)