C’est un chasseur de légende qui quitte la première ligne dans l’aéronavale américaine. Ce mercredi 2 octobre 2019 l’US Navy a réalisé le dernier vol d’un biréacteur McDonnell-Douglas F/A-18C Hornet. C’est l’escadron VFA-106 Gladiators qui a eu l’honneur cette ultime mission sur celui qui restera comme le premier véritable avion de combat multi-rôle embarqué au monde. Désormais seul l’US Marines Corps possède encore des avions du type Legacy Hornet comme ils sont souvent appelés aux États-Unis.
Ce dernier vol s’est donc conclu lorsque l’avion codé numéro 300 s’est posé sur la piste d’aviation du chantier naval de Puget Sound dans l’état de Washington, à quelques kilomètres de Seattle. Jusque là ce McDonnell-Douglas F/A-18C Hornet était stationné à NAS Jacksonville en Floride, c’est à dire à l’autre bout des États-Unis !
Unité d’entraînement avancé et de transformation opérationnelle l’escadron VFA-106 Gladiators opérait sur ce type d’avions depuis presque trente-et-un ans. C’est en effet le vendredi 14 octobre 1988 que l’unité avait perçue son premier F/A-18C Hornet.
Il n’y a donc désormais plus aucun monoplaces F/A-18C et biplaces F/A-18D Hornet dans l’US Navy. On sentait bien cela venir avec leur désertion des ponts d’envol il y a quelques mois.
Ou tout du moins il ne devrait plus y avoir de Hornet puisqu’une dernière unité vole encore dessus et pas des moindres : les Blue Angels. Mais la patrouille de démonstration de l’aéronavale américaine n’est pas considérée, à juste titre, comme une unité de première ligne. Ses magnifiques avions bleus et jaunes sont donc les derniers Legacy Hornet à porter encore les couleurs de l’US Navy. Même s’ils ne participent à aucune mission de guerre ou d’entraînement.
Le Hornet dans l’US Navy c’est donc trente-cinq ans de bons et loyaux services depuis l’entrée en service début 1984 des premiers monoplaces F/A-18A et biplaces F/A-18B. C’est surtout l’un des avions phares des engagements américains post-Guerre Froide : l’Irak en 1991 où ils sont parmi les premiers à frapper les forces baasistes de Saddam Hussein puis les opération en ex-Yougoslavie sous commandement de l’ONU et/ou de l’OTAN, et bien sûr la guerre contre le terrorisme voulue après les attaques terroristes du 11 septembre 2001.
Que ce soit au-dessus de l’Afghanistan à partir de fin 2001 ou bien en Irak dès 2003 les McDonnell-Douglas F/A-18A/B/C/D Hornet de l’US Navy sont de toutes les missions. Attaque au sol, appui aérien rapproché, couverture aérienne, voire reconnaissance tactique : ils savent tout faire. Pas toujours très bien si on en croit leur nombreux détracteurs mais avec une relative justesse. Il faut dire que dès leur apparition ils sont honnis par les experts américains qui ne comprennent pas ces avions trop polyvalents, trop «européens» dans leur conception. L’Amérique aéronautique en est encore au principe d’un avion = une mission. Forcément ce biréacteur multi-rôle a de quoi surprendre. Et avec son arrivée on voit peu à peu disparaitre des avions qui ont marqué leur temps : l’extraordinaire chasseur à géométrie variable Grumman F-14 Tomcat et les avions d’attaque au sol, véritables camions à bombes, Grumman A-6 Intruder et Vought A-7 Corsair II.
Dorénavant l’actualité dans l’US Navy, ou plutôt dans sa chasse embarqué se joue autour de deux avionneurs : Boeing et Lockheed-Martin. Il faut dire que le premier a racheté McDonnell-Douglas en 1997. L’aéronavale américaine est entrée depuis quelques années dans l’ère du F/A-18E/F Super Hornet et se prépare à celle du F-35C Lightning II. Fini l’aviation navale un peu pépère avec les vieux Hornet désormais ces avions sont avant tout des ordinateurs volants, avec un pilote ou un équipage. À n’en pas douter ce qu’elle gagne en complexité et polyvalence l’aéronavale américaine le perd en rusticité. Sans doute aussi un peu en charme, mais le progrès est à ce prix.
Pour autant quelques Legacy Hornet vont encore hanter les ponts des porte-avions américains : les F/A-18D de l’US Marines Corps. Pour quelques années encore donc on verra des avions aux entrées d’air arrondies voler en Amérique du nord, en plus des CF-188 Hornet canadiens.
C’est une page de l’histoire aéronautique américaine qui se tourne.
Photos © US Navy.
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9 Responses
La NASA utilise t-elle toujours ses Hornet ?
À ma connaissance non. Les quatre F/A-18 Hornet, dont le célèbre HARV (pour High Alpha Research Vehicle) ont tous été retiré du service. Mais le souci avec la NASA c’est que comme elle conserve souvent ses avions retirés du service pendant plusieurs années, il n’est pas impossible qu’elle décide d’en remettre un ou deux en service d’ici quelques temps.
J’ai toujours trouvé le Hornet un peu terne, presque ennuyeux, et je ne lui pardonnerai jamais d’avoir évincé F-14, A-6 et A-7 des ponts d’envol.
Je suis bien d’accord sur le mot « terne » concernant le Hornet. Assez bizarrement le Super Hornet l’est moins à mon goût. Mais oui le F/A-18 ne m’a jamais beaucoup plus non plus car j’adorais l’Intruder et le Corsair II.
Perso, j’aime bien j’aime bien le Hornet au niveau esthétique. J’aime beaucoup moins les F35 et F22 (je ne parle que de l’esthétique).
Mais il en faut pour tous les goûts.
Un bon avion ,son fait de guerre le plus homérique est car même d’avoir sauvé le monde durant la plus fantastique bataille du ciel contre des ovnis dans indépendance day ;-).
Je l’ai toujours trouvé moche et je ne l’ai jamais aimé car il remplaçait le f14 Tom cat dont je ne ferai jamais le deuil !
C’EST pas possible on est relié!
Bien d’accord que le F-18 n’a pas des formes très agréables, son Apex et son dos sont disproportionnés, sûr que c’est efficace aérodynamiquement.
Pourtant son ancêtre le F-5 avait une très belle gueule.
Il est un peu comme le F-4, pas beau mais puissant.
A l’inverse, je trouve le F-18 A/B C/D magnifique et parfaitement proportionné (ce qui pour moi n’est pas le cas de son successeur le F-18 E/F (le dernier étant environ 20% plus grand)..
A sa sortie, c’était vraiment un chasseur futuriste notamment par son avionique (je lui trouve d’ailleurs un faux air de X-fighter).
Conçu pour remplacer les Corsair II, même si l’emport est moindre tout en bénéficiant d’une capacité d’auto-défense et même de supériorité aérienne réelle (même philosophie initial que le F-16, le F-18 étant mieux doté en BVR) et ses capacités d’évolution en subsoniques et à basse vitesse étant pratiquement sans égal.
Néanmoins, il avait des points faibles :
Le premier est son autonomie décevante,
Puis des problèmes aérodynamiques, les vortex d’apex éclatant juste devant les dérives en provocants des vibrations et des fatigues structurelles majeures.
Son facteur de charge est limité à 7G (comme un mirage F1).
La durée de vie de sa cellule n’était que de 4000h de vol de mémoire, porté à 6000 puis 8000 h par la suite.
Il est peut-être dommage qu’il n’ait pas évolué en avionique comme le F-16, notamment par le souhait de l’US Navy de disposer d’un avion intermédiaire avant la future génération par la nécessité de remplacer rapidement le F-14 dont le coût à l’heure de vol était devenu prohibitif du fait de sa configuration à géométrie variable et le besoin de trouver de la place sur les portes-avions pour le F-35 (un avion peu souhaité par l’US Navy).
Par sa philosophie il est peut-être possible de dire que le Rafale est finalement un F-18 français, les défauts en moins.
Le F-18 est pour moi un magnifique avion qui aurait mérité d’avoir une vie plus longue…