Tirs de semonce contre un avion russe ayant violé l’espace aérien sud-coréen !

Voilà qui ne va pas arranger les relations diplomatiques déjà très tendues entre Séoul et Moscou. Ce mardi 23 juillet 2019 un avion de surveillance Beriev A-50 appartenant à l’aviation stratégique russe a pénétré à deux reprises l’espace aérien souverain de la Corée du sud, obligeant à son interception par la chasse de ce dernier. Au cours des deux manœuvres les avions de combat engagés se sont vus obligés d’avoir recours à des tirs de semonce, l’équipage russe refusant de répondre à leurs injonctions. La fédération de Russie de son côté nie toute présence de l’avion en question dans la zone.

Cette fois la situation est bien plus grave que l’interception agressive d’un EP-3E Aries américain par la chasse vénézuélienne. Il y a eu ouverture du feu. Et ce à plusieurs reprises.

Tout a commencé par un signalement de la défense anti-aérienne japonaise à son homologue sud-coréenne indiquant l’approche d’un contact radar sur l’archipel de Dokdo. L’avion volait transpondeur éteint et suivait une route en provenance de l’extrême-orient russe. Le temps que la chasse sud-coréenne soit alertée et fasse décoller quatre General Dynamics F-16C Fighting Falcon, l’avion inconnu avait pénétré la zone d’identification aérienne de la Corée du sud. Pour autant il n’avait pas rallumé son transpondeur.
Une fois arrivés à sa hauteur les pilotes de chasse ont immédiatement identifié un Beriev A-50 porteur des marques de nationalité de la fédération de Russie. Après avoir battu des ailes pour intimer à l’intrus de les suivre les pilotes sud-coréens ont été obligé de lancer des leurres thermique afin d’attirer son attention. Le pilote semblait copieusement les ignorer.

Pis à 9 heures 09 (heure locale) l’avion russe a délibérément quitté la zone d’identification et pénétré l’espace aérien sud-coréen. Les pilotes des quatre F-16C Fighting Falcon ont alors ordonnés à l’équipage russe de quitter la zone sous peine de mesures plus lourdes. En l’absence de réponse de sa part le chef de patrouille a décidé de faire tirer des coups de semonce. Des rafales courtes depuis le canon-mitrailleur M61 Vulcan des avions de chasse, parallèlement à l’axe de l’avion. Et là étrangement l’équipage russe y a répondu puisqu’à 9 heures 16, après donc sept très longues minutes, le Beriev A-50 reprenait la direction de l’espace aérien international.

Dans le même temps les radaristes japonais et sud-coréens observaient des manœuvres aériennes se faisant aux limites de leurs zones d’identification. Mais comme les avions en question volaient là encore transpondeur éteint et cette fois-ci en formation serrée il était évident qu’il s’agissait d’avions militaires. Les quatre F-16C Fighting Falcon furent donc envoyé pour les identifier. Ils se retrouvèrent quasiment nez à nez avec quatre bombardiers stratégiques : deux Tupolev Tu-95MS russes et deux Xian H-6 chinois, la version locale du Tu-16 soviétique de la guerre froide.
Bien que flirtant de très près avec la zone d’identification sud-coréenne ces avions demeuraient dans l’espace aérien international. Clairement il s’agissait d’un exercice sino-russe.

Aux alentours de 9 heures 24 le contact radar du Beriev A-50 russe a de nouveau pénétré la zone d’identification sud-coréenne. Mais les quatre F-16C Fighting Falcon étant trop courts en carburant l’état-major de la Republic Of Korea Air Force a décidé de déployer quatre Boeing F-15K Slam Eagle. Il s’agit actuellement de l’avion de combat opérationnel le plus évolué de l’arsenal sud-coréen.
Le temps qu’ils arrivent sur place et l’avion russe avait de nouveau violé l’espace aérien sud-coréen. Il était alors 9 heures 32. Là encore des tirs de semonce ont été réalisé, cette fois par deux avions de chasse. Le tout se faisait sous contrôle permanent de l’état-major à Séoul, les autorités politiques du pays étant en temps réel informés de la situation.
Finalement à 9 heures 36 le quadriréacteur de surveillance radar de l’aviation stratégique russe quittait l’espace aérien souverain de la Corée du sud et rejoignait la zone d’identification. À 9 heures 54 il en sortait pour ne pas y revenir de la journée.

Immédiatement après la fin de l’incident militaire ce sont les diplomates qui ont pris le relai. À Moscou on nie catégoriquement la situation, indiquant même qu’aucun Beriev A-50 ne se trouvait en patrouille ou en exercice dans la région. Les médias moscovites relatent le fait divers en expliquant que les pilotes sud-coréens ont sans doute confondu avec un avion civil. C’est vrai qu’un A-50 Mainstay, ça ressemble furieusement à un 777 ou à un A320.

L’état-major sud-coréen rappelle qu’aucun incident aussi grave n’a eu lieu depuis la fin de la guerre froide. Surtout ce qui impressionne dans cette affaire c’est l’aplomb avec lequel l’équipage russe semble avoir mené sa mission, refusant à chaque fois de répondre d’une quelconque manière aux injonctions sud-coréennes. Dans la foulée l’aviation japonaise et l’US Navy se sont mises en alerte régionale.

Photo © Republic Of Korea Air Force.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 Responses

  1. 360 obus cumulés tirés en semonce et de nombreux flares, de l’activité autour de l’ADIZ (zone d’identification aérienne) Sud-Coréenne et quelques intrusions dans celle-ci par des appareils stratégiques chinois et russes, et le pompon : quelques courtes violations pures et simples de leurs cieux souverains, la ROKAF n’a pas décidément pas perdu sa journée. Tendu tendu…

    Alors autant les intrusions ou manœuvres à la limite de l’ADIZ ne me choquent pas, car il ne s’agit pas d’un viol d’espace aérien : la zone d’identification a été créée par la Corée du Sud comme une zone-tampon à la frontière de son espace aérien empiétant dans l’espace international pour avoir le temps de lancer ses QRA (décollages en alerte), et ils l’ont élargie récemment d’ailleurs (allez savoir si les deux autres nations ne testaient pas cela ?!).
    Par contre, la pénétration à DEUX reprises de l’espace aérien de Séoul par l’A50 russe malgré la présence des chasseurs et un premier avertissement chaud est plus que téméraire. Surtout pour un appareil de ce genre… mais sans doute le mieux placé pour glaner du renseignement (timings et caps d’interceptions sud-coréens, procédures, fréquences, j’en passe).

    L’attitude de Moscou est à ce titre doublement déroutante, car nier en bloc la présence même de leur avion AEW-C après une attitude que l’on ne peut qualifier autrement que provocatrice, est sidérant. Surtout que selon toute vraisemblance, un exercice sino-russe avait lieu dans les parages.
    Pour l’instant il n’est question que d’infographies sur cartes avec les itinéraires des appareils, mais il serait facile pour les autorités sud-coréennes de fournir photos et vidéos des appareils incriminés, voire même les séquences de tir canon capturées sur les HUDs de leurs F15 et F16, avec cap et coordonnées GPS, pour confirmer leur version des faits.

    Fait notable, le Japon a protesté autant contre les Russes que les Sud-Coréens dans cette affaire, vu qu’ils revendiquent la souveraineté sur l’ilot en question. Tendu, dites-vous ?

  2. Action coordonnées russe et chinois…A qui appartient cet ilot? En droit international il ne suffit pas de le revendiquer pour établir une zone aérienne souveraine…Actions coordonnées russe et chinois..Réponse du berger à la bergère pour le détroit de Taiwan que le Chine considère sienne ce que les autres nations contestent en y envoyant navires et aéronefs…Ne pas se tromper ce sont bien les US que les russes et les chinois visent à travers leurs alliés ( Corée du Sud et Japon ). Manifestement il y a un changement de ton pour montrer les muscles…La ballade de l’A50 est révélatrice du coup monté ( Comme le dit Vark du renseignement Comint et Elint à donf ) La Corée du Nord va être tranquille encore un paquet de temps….A prés l’Iran un deuxième secteur chaud s’ouvre…Vont pas chômer les porte-avions US…A suivre mais attention à l’étincelle qui risque de dégénérer…

  3. La Russie nous envoie une nouvelle excuse bidon.

    Selon Séoul, Moscou explique l’intrusion d’un de ses avions militaires dans l’espace aérien sud-coréen par un « dysfonctionnement »

    par Laurent Lagneau · 24 juillet 2019

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