La future flotte européenne d’avions bombardiers d’eau (enfin) à flots.

Ce n’est qu’un début mais celui-ci est prometteur. Depuis quelques semaines l’Union Européenne teste le programme rescEU visant à mutualiser une partie des moyens aériens de lutte contre les feux de forêts. Cinq pays pilotent actuellement ces essais : la Croatie, l’Espagne, la France, l’Italie, et la Suède avec des règles assez flexibles. Et ce programme est déjà une réalité puisque les deux avions espagnols alloués ont été déployés en urgence au Portugal.

Le financement de rescEU est réalisé par l’Union Européenne sous le contrôle de la commission. Officiellement mis en place en mai 2019 ce programme européen dispose aujourd’hui d’une enveloppe budgétaire de 136 millions d’euros par an pour les années 2019 et 2020. La commission européenne va proposer au parlement de Strasbourg d’élever celui-ci à 200 millions d’euros pour les années suivantes. Et à terme tous les pays membres devraient payer une partie de ce financement.

L’idée de ce programme rescEU est né après les deux derniers étés qui ont été calamiteux en terme de feux de forêts partout en Europe. Entre les années 2017 et 2018 on a compté plus de 300 morts dans l’UE. Et en raison du réchauffement climatique planétaire toutes les régions européennes sont aujourd’hui impactées par ces incendies, de l’arc méditerranéen bien entendu à la Scandinavie.

Si pour l’instant les pays participants activement ne sont que cinq la commission européenne table sur un élargissement à une demi-douzaine d’autres pays. D’ores et déjà l’Allemagne, la Grèce, et la Slovaquie se sont dit favorables à rejoindre l’initiative européenne.
Pour autant il ne s’agit pas encore d’une flotte européenne globale de bombardiers d’eau, cela pourrait ne jamais arriver ou bien ne voir le jour que dans plusieurs années.

Les aéronefs aujourd’hui affectés à rescEU sont au nombre de treize. On le sait c’est fort peu, presque marginal au regard de l’immensité de notre territoire européen, mais c’est un début. Ces treize avions et hélicoptères forment l’embryon de ce qui pourrait être d’ici quelques années être la première flotte aérienne de lutte contre l’incendie au monde en terme quantitatif. On retrouve donc actuellement :

Sur l’origine de ces aéronefs la commission européenne a su ne pas être obtuse. Tous ne sont pas civils. En fait seules la France et l’Italie font participer des machines appartenant à des administrations, les trois autres pays mettant en œuvre des appareils militaires.

Au sujet de l’engagement de ces avions et hélicoptères ils demeurent basés toute la saison dans leur pays d’origine et peuvent parfaitement opérer au quotidien dans les missions souveraines de chaque état membre. En cas de demande d’aide internationale ils doivent cependant pouvoir être déployés sous moins de huit heures. La commission européenne aimerait d’ailleurs dans un avenir proche ramener ce temps de réaction à cinq heures. Et rescEU s’adresse à toute l’UE, ou presque. En effet chaque pays participant peut déployer son ou ses aéronefs participants dans n’importe quel pays membre du programme ou bien dans un pays voisin direct.
Pour mieux comprendre la France par exemple peut faire déployer son Dash 8 aussi bien en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg, en Espagne, en Italie, ou encore au Royaume-Uni.
Il existe enfin une clause selon laquelle les aéronefs bombardiers d’eau européens peuvent parfaitement se rendre dans des pays en ayant faits la demande et n’étant pas membres de l’UE ou pas forcément voisins directs de pays participants à rescEU. On peut penser à des pays comme l’Algérie, le Maroc, ou encore la Suisse.

Ce mardi 23 juillet 2019 les deux CL-415 espagnols dépendant du programme prennent le chemin du district de Castelo Branco au Portugal. Depuis plusieurs jours des feux de forêts y ravagent l’environnement et menacent les populations civiles. Les équipes locales sont dépassées et à bout de souffle, l’aide européenne sera largement la bienvenue.
Un premier déploiement historique pour rescEU.

Pour autant on n’est pas encore près de voir une flotte composée uniquement d’avions et d’hélicoptères frappés de marquages strictement européens mais cet embryon que représente rescEU est un bon début. Et à titre personnel pour l’Européen convaincu que je suis, c’est l’Europe que j’aime : celle qui protège !

Photo © Ejército del Aire.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

10 Responses

  1. Les pays européens ou non européens n’ont pas attendu ce programme pour s’entraider lors de coup dur. Mutualisation ou solidarité à la fin c’est le même résultat. On a juste gagné un jeu de mots sympa avec ce programme.

      1. L’UE c’est nous, c’est comme dire c’est pas grave c’est l’état qui paye, mais l’argent de l’état c’est nos impôts.
        Et justement à quoi vont servir ces 136 m€ sur deux ans ? A couvrir le coût de la maintenance des 13 aéronefs ? Ce programme va peut-être faire grincer des dents certains pays qui mettront la main à la poche mais qui verront ces moyens toujours envoyé vers ceux qui en ont le plus besoin chaque année c’est à dire l’Europe du sud.

        1. Exact…Avec le réchauffement climatique, l’Europe centrale risque d’être touchée par les incendies…

        2. Mettez-vous à jour lizher l’Europe centrale ne risque pas d’être touchée par les incendies, elle l’est et de plein fouet. L’an dernier la Slovaquie a perdu un peu plus de 1500 hectares de forêts dans des feux et la Hongrie un peu moins de 1000 hectares. Le réchauffement climatique a même engendré il y a quatre ans un feu gigantesque en Russie qui a ravagé un territoire grand comme la Bretagne causant la mort d’une trentaine de civils.

  2. c’est un bon début, j’ai bon espoir de voir ce genre de programme donner des idées.
    Et je l’espère à une défense Européenne commune

    1. Il y a une grosse différence entre une initiative type rescEU et une défense européenne commune, le fossé idéologique est énorme.

      1. Oui, une force armée est commandée par les décideurs politiques, c’est à dire les intérêts nationaux. Ces intérêts dérivent de nombreux facteurs, y compris des intérêts ponctuels et de politique politicienne. Il n’y a pas une nation ou un État Européen, il y en a 28 et donc 28 intérêts nationaux différents. Un état qui cède là-dessus, c’est céder son pouvoir et une partie de sa souveraineté.
        C’est pourquoi une telle force serait condamnée à l’inaction et au mieux ne serai qu’un doublon vis à vis de l’OTAN.
        Dans la situation actuelle, une force armée Européenne digne de se nom impliquerait, à mon avis personnel, qu’il y ait une gouvernance politique européenne forte, c’est à dire un véritable État Européen fédéral.
        Et ça, il me semble que pas grand monde n’en veut.

  3. Le réchauffement climatique a même engendré il y a quatre ans un feu gigantesque en Russie qui a ravagé un territoire grand comme la Bretagne causant la mort d’une trentaine de civils.: je parlais de l’Europe centrale….

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