Alerte maximale pour les pompiers volants français.

C’est l’été de tous les records. En cette fin juillet 2019 les équipages et les mécanos de la Base de Sécurité Civile de Nîmes-Garons sont sur le qui-vive. Leurs avions bombardiers d’eau peuvent prendre les airs à tous instants de la journée, tant le péril de feux de forêts est élevé en raison d’un niveau élevé de sècheresse et d’un déficit hydrique record. C’est avant tout l’arc méditerranéen qui est touché, mais pas uniquement.

L’exemple type est le feu de forêt qui a ravagé ce lundi 29 juillet la presqu’île de Saint-Mandrier dans le Var. Ce petit bout de terre, bien connu des passionnés d’aviation pour avoir longtemps abrité une base aéronavale, a connu un des plus violents feux de son histoire. En quelques heures seulement ce sont trente hectares de garrigues et de sous-bois qui sont partis en fumée. Cent-soixante sapeurs-pompiers, armant une quarantaine de camions, ont combattu les flammes. La Sécurité Civile a de son côté été obligé de déployer sept de ses avions bombardiers d’eau, CL-415 et Tracker pour venir à bout. Les premiers d’entre-eux allaient écoper en mer dans ce que l’on nomme la petite rade de Toulon tandis que les seconds larguaient le retardant en attaque de précision.

Le mistral qui souffle en fortes rafales complique encore un peu plus le travail des soldats du feu, que ce soit au sol ou dans les postes de pilotage. Et la chaleur n’arrange rien. Or ce feu à Saint-Mandrier n’est qu’un parmi tant d’autres. Tous les départements bordant la Méditerranée sont aujourd’hui en danger, et sur chacun d’eux les équipages d’avions bombardiers d’eau de la Sécurité Civile ont des procédures d’intervention. Il en va de même dans une partie de la côte océanique, de la Gironde aux Pyrénées Atlantiques, en passant fort évidemment par le département des Landes et sa si célèbre mais fragile forêt !
Et bien entendu l’Île de Beauté. Les deux départements corses sont eux-aussi très menacés, le joyaux de la Méditerranée paye souvent un lourd tribut aux flammes.

Sauf que désormais les feux de forêts remontent vers le nord. Par exemple au cours de la semaine dernière, en concomitance avec l’épisode de canicule, l’Île-de-France a été frappée comme jamais par une série de feux de chaumes. Plus de 350 hectares ont été calcinés. Les feux de chaumes sont des incendies de végétations touchant certains champs fraîchement fauchés. Ils sont connus pour se propager très rapidement et donc mettre vite en danger les habitations voisines. Or si les pompiers franciliens arrivent tant bien que mal à circonscrire ces feux malgré des agrées pas toujours très adaptés, ils ne peuvent s’appuyer sur aucun avion bombardier d’eau. La flotte de la Sécurité Civile n’a même pas de schéma d’intervention dans cette région ! De toutes manières les plans d’eaux d’Île-de-France, à de très très rares exceptions près, ne pourraient pas permettre l’aéro-écopage des CL-415.
Et la Bretagne, le Grand-Est, les Hauts-de-France, ou encore la Normandie sont également concernés.

Donc faute de mieux, faute d’une nouvelle doctrine qui ne peut venir que du ministère de l’intérieur en réflexion avec les collectivités locales concernées les équipages de bombardiers d’eaux sont contraints de ne pouvoir se concentrer qu’autour de leurs actuelles zones d’intervention. Et c’est déjà énorme. Mais avec le réchauffement climatique qui plus que jamais touche notre pays il n’est pas inenvisageable de voir dans un avenir proche des avions bombardiers d’eaux intervenir dans les Côtes d’Armor, en Moselle, dans le Pas-de-Calais, ou encore dans les Yvelines. La balle est désormais dans le camp de nos décideurs politiques.

Photo © Direction de la Sécurité Civile.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 Responses

  1. Petit complément d’info : j’ai pu constater de visu que pour l’incendie de Saint Mandrier, les CL 415 sont également venus écoper dans la rade d’Hyères.

    1. Mine de rien la rade d’Hyères, ça fait une petite trotte pour revenir bombarder Saint-Mandrier. Mais c’est vrai qu’elle est plus protégée du mistral que la petite rade.

  2. Pour info, les Canadair sont intervenus en 1976 dans les Côtes du Nord (nom de l’époque pour les Côtes d’Armor). Plus précisément du côté de Ploumanac’h où la lande était en feu…

  3. De toute façon il ne faut pas se leurrer, les sécheresses et canicules à l’avenir on y aura le droit tout les ans. La végétation plus sèche qui va avec. Donc c’est l’ensemble du territoire métropolitain qui est dorénavant concerné par les feux de forêt. Je me rappelle étant enfant, en 2003, avoir vu une noria de quatre canadairs combattre un feu qui avait pris sur le flanc d’une montagne aux portes de Grenoble. Évidemment c’était complètement inaccessible pour tout camion. Les premiers à être envoyés étaient des pompiers helitreuillés avec des poches à eau, mais c’était peine perdue. Le seul moyen de le combattre était par les airs. Les canadairs faisaient des aller et retours tout l’après-midi pour écoper au lac de paladru situé à 30 km a vol d’oiseau…ou de canadair. Les hélicoptères étaient aussi de la partie. C’est le fameux incendie de la montagne Néron. Le feu était couvant et se rallumait sans cesse et compliquait la tache des pompiers. Feu allumé par la foudre et qui aura duré 33 jours en tout et brûlé 380 hectares soit un flanc de montagne entier.

      1. Ce n’est pas tout à fait exact : cet exercice allait au delà du stade expérimental, il servait justement à habituer les pilotes d’une part, à intervenir dans cet environnement bien différent du sud de la France, et les pompiers alsaciens de l’autre à travailler avec des moyens aériens.
        Si les Canadairs ne sont jamais intervenus « pour de vrai » en Alsace, c’est parce qu’il n’y a pas eu de feu nécessitant un appuis aérien dans cette région.
        Mais lors de ces exercices, les pompiers avaient bien précisés qu’en cas de besoin, les plans d’interventions pour les Canadairs étaient validés et prêts à être déployés.

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