Pour beaucoup d’Indiens c’est l’accident de trop. Ce dimanche 16 juin 2019 l’état-major de l’Indian Air Force a fait savoir que désormais les près de cent avions-cargos Antonov An-32 en dotation n’interviendraient plus que dans certaines régions du pays, et sous les conditions les plus sécurisées au possible. Cela ressemble bien au chant du cygne pour celui qui depuis 1986 est le principal avion de transport en service dans ce pays. Mais rien ne dit que cette force aérienne dispose aujourd’hui des moyens financiers de remplacer une telle quantité d’aéronefs.
Car remplacer les quatre-vingt-quinze exemplaires en état de vol de l’Antonov An-32 ne serait pas une chose aussi évidente que cela, même pour la puissante Indian Air Force. Mais désormais l’opinion publique autant que la classe politique grondent en Inde. Et c’est le récent accident survenu dans l’état de l’Arunachal Pradesh dans le nord-est du pays qui a mis le feu aux poudres. Après plus d’une semaine de recherches les équipes de sauvetages avaient découvert l’épave de l’avion et les restes de ses treize occupants, tous morts lors de l’écrasement.
Or la puissante presse indienne s’en est emparée et à rappeler qu’en 33 ans d’existence dans les rangs indiens l’avion avait tué 54 militaires et civils dans des accidents, bien plus que n’importe quel autre avion de transport tactique dans le pays. Surtout les journalistes indiens ont rappelé que le Hawker-Siddeley HS-748 avait lui trouvé un successeur sous la forme de l’Airbus Defense & Space C-295W alors qu’il ne se traînait pas une aussi déplorable image dans le pays.
Des solutions existent pourtant. Et pas uniquement de commander plus encore de C-295W auprès de l’industrie aéronautique européenne. On sait depuis quelques semaines que les généraux indiens observent de très près ce qui se passe en Ukraine avec le futur Antonov An-132 conçu afin de succéder justement à l’An-32. Et cet avion aurait le mérite de pouvoir permettre un rapide retrait du service des plus anciens avions et de ne conserver en dotation que les quarante-six An-32RE récemment modernisés.
Mais l’industrie aéronautique russe pourrait bien être elle-aussi en embuscade. Évidemment pas avec son hypothétique biréacteur Il-276 pour lequel les Indiens ont fait savoir qu’ils se désintéressaient dès janvier 2016 mais plutôt avec le nouvel Il-112 actuellement en développement. Objectivement parlant cet avion semble aussi bien taillé pour l’Indian Air Force que l’Airbus Defense & Space C-295W. Seul souci il ne devrait pas être disponible avant au moins quatre ans. Les Indiens pourront-ils attendre jusque là ? Rien n’est moins sûr.
En attendant et afin de calmer autant la rue que les institutions ou ses propres équipages l’état-major de l’Indian Air Force a décidé de drastiquement réduire les capacités tactiques de l’avion. Plus aucun Antonov An-32, y compris les An-32RE, n’a le droit de voler de nuit pour une quelconque mission. En outre il leur est désormais interdit de survoler les montagnes de l’Himalaya et de ses contreforts. Les survols maritimes, notamment au-dessus du golfe du Bengale, leur sont là encore désormais refusés tout comme les exercices et missions au-dessus de zones trop fortement urbanisées. En gros ils n’ont plus le droit que d’opérer sur des régions de plaine, non maritimes, et les plus rurales possibles. Ce qui ne représente que 40 à 45% du territoire indien. Du coup on peut se demander si maintenir en première ligne un avion qui n’a pas le droit de survoler plus de la moitié du territoire est encore raisonnable. L’avenir nous le dira. Et comme le ministère indien de la défense a insisté dessus, il ne s’agit pas d’une mesure temporaire mais bel et bien définitive.
Photo © Indian Air Force.
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