C’est une petite phrase du secrétaire d’état américain Mike Pompeo qui a mis le feu aux poudres. Celui qui occupe actuellement le poste de chef de la diplomatie américaine a sous-entendu qu’une option militaire américaine était envisagée afin de déloger Nicolás Maduro du pouvoir vénézuélien. Pour autant quand on y regarde de près une telle intervention n’est pas à l’ordre du jour, le Pentagone n’en ayant pas les moyens. Et contrairement à ce que certains médias ont pu dire cela n’a rien à voir avec le soutien de Moscou au pouvoir de Caracas.
Actuellement les États-Unis travaillent au désengagement de leurs forces en Irak et en Syrie tout en maintenant une pression constante face aux ultimes éléments de Daech. Et cela engage forcément d’énormes moyens logistiques tant dans les airs que sur les eaux. Or depuis les années 1970 le Pentagone a mis en place une doctrine à laquelle il se tient : ne jamais ouvrir un nouveau front tant que l’on a pas refermé le principal du moment.
De ce fait tant que les Américains maintiendront des moyens de combat lourds au Moyen-Orient il y a fort peu de risques qu’ils en déploient d’autres en Amérique du sud.
Car une mission de frappes aériennes contre le Venezuela n’aurait rien de commun avec la guerre menée contre les djihadistes. D’abord parce que ce pays est fort d’une armée et d’une aviation militaire de plus de 350 000 soldats très professionnels, équipées de matériels lourds dont des avions de combat General Dynamics F-16A/B Fighting Falcon et Sukhoi Su-30MK.
L’armée et l’aéronavale alignent également des hélicoptères armés, respectivement des Mil Mi-35 et des Harbin Z-9. Ces derniers sont actuellement en cours de réception depuis la Chine.
Mais surtout à la différence des talibans et des forces de Daech les troupes vénézuéliennes disposent d’une puissante DCA. Elle est articulé autour de matériels de facture russe SA-3 Goa, SA-17 Grizzli, et SA-23 Gladiator. Ces derniers sont les plus dangereux pour les avions américains car conçus spécifiquement pour détruire les plus récents modèles. Pourtant ils semblent incapables de pouvoir détecter les avions furtifs. Et à priori Washington utiliserait de tels avions autant pour s’assurer la maîtrise du ciel que pour mener des frappes aériennes.
Pour le reste le matériel de l’armée vénézuélienne repose principalement sur des fournisseurs allemands, américains, chinois, français, et soviétiques.
L’un des autres dangers pour les forces américaines serait la marine bolivarienne, c’est à dire la flotte navale vénézuélienne. Même si elle est de faible tonnage elle pourrait empêcher, sur un temps certes assez court, le déploiement de porte-avions et/ou de porte-aéronefs de l’US Navy. Les deux sous-marins d’attaque (à propulsion diesel) de facture allemande ainsi que les trois anti-sous-marines acquises auprès de l’Italie pourrait ralentir l’arrivée des navires américains. Mais objectivement pas les empêcher.
De ce fait quelle forme pourraient prendre ces raids aériens s’ils étaient décidés ?
Trois options existent :
- Déploiement aéronavale depuis un ou plusieurs porte-avions et porte-aéronefs à l’aide d’avions embarqués comme les Boeing EA-18G Growler, les Boeing F/A-18E/F Super Hornet, les Lockheed-Martin F-35B Lightning II, et les McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II.
- Déploiement terrestre depuis un ou plusieurs bases implantées dans des pays alliés aux États-Unis (comme localement le Brésil ou la Colombie) à l’aide d’avions comme le Boeing F-15E Strike Eagle, le General Dynamics F-16C/D Fighting Falcon, le Lockheed-Martin F-22A Raptor, et le Lockheed-Martin F-35A Lightning II.
- Raid aérien depuis le territoire américain à l’aide de bombardiers de pénétration comme le Northrop B-2A Spirit ou encore le Rockwell B-1B Lancer.
Et chacune a ses avantages et ses défauts. Il semble évident que dans les semaines et mois à venir si la situation ne s’améliore pas au Venezuela les généraux et amiraux américains les étudieront de près. Et sans doute d’autres ou bien un mélange de deux ou des trois d’entre-elles.
En attendant espérons que la diplomatie réussisse à empêcher une telle escalade qui risquerait d’embraser le sous-continent sud-américain.
Photo © US Navy
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
3 Responses
Quelle légitimité possède les États-Unis plus qu’une autre nation pour frapper une nation souveraine et indépendante ?
Si intervention il devait y avoir, elle se ferait obligatoirement sous mandat de l’ONU et non en une intervention comme en Irak 2003 ?
Et quelles seraient les cibles a bombarder ?
La loi du plus fort étant toujours la meilleur, la légitimité: ça fait longtemps qu’il se sont assis dessus. Ce qui est probable c’est que les voisins directs, fatigués de recevoir les réfugiés qui fuient leur pays finissent par réclamer une intervention armée. Quant à bombarder, le seul objectif serait de clouer au sol la chasse locale et de détruire les moyens de DCA pour pouvoir parachuter des bataillons en sécurité.
De toute façon, sans un soutient majoritaire de l’armée , un renversement ne finira par se solder que par une guerre civile, même si elle a déjà partiellement commencé.
Vietnam, Afghanistan, Irak…. chez quelqu’un de normalement constitué, les leçons devraient être retenues, non? comme le dit Dimitri, quelle légitimité? Ben le pétrole et la peur de la couleur rouge déployée non loin… Ce qu’ils ils font de leur côté en Europe de l’est !