Le B-52H Stratofortress condamné à s’adapter pour survivre !

C’est une approche quasi darwinienne de l’aviation militaire contemporaine. Sans doute plus célèbre bombardier stratégique américain le Boeing B-52H Stratofortress est désormais au cœur d’interrogations sur son avenir comme vecteur de frappe nucléaire avec l’obsolescence annoncée de son missile de croisière AGM-86 ALCM. Pour remédier à cela le Pentagone vient de décider de transformer ces vieux octoréacteurs afin de les rendre apte à l’emport et au tir du futur missile connu actuellement comme LRSO. Initialement ce programme a été lancé pour le futur Northrop-Grumman B-21 Raider furtif.

Le missile AGM-86B ALCM.

Alors certes ce dernier est annoncé comme le remplaçant du vénérable bombardier, mais pas uniquement. En effet le B-21 Raider doit permettre de remplacer également les deux autres actuels modèles de bombardiers stratégiques américains : le Rockwell B-1B Lancer et le Northrop B-2A Spirit. Et en fait toutes les projections actuelles donnent un résultat convergent des plus troublants : le dernier des trois à quitter le service actif ne devrait pas être l’aile volante furtive mais bel et bien ce vieux reliquat de la guerre froide qu’est le Boeing B-52H Stratofortress. Quand on vous dit qu’il est totalement increvable !

Mais pour lui permettre de s’assurer une longévité qui le mettra au même niveau que l’octogénaire Douglas C-47 Skytrain les ingénieurs américains sont obligés de mettre la main à la pâte. Et là c’est directement le système d’arme qui est visé, c’est à dire le cœur même de l’avion. Pas question de toucher à sa capacité d’appui aérien rapproché ou de frappes tactiques de précision c’est directement son rôle de vecteur de frappes nucléaires qui est dans le collimateur.
Sous moins de dix ans le missile AGM-86 ALCM (pour Air-Launched Cruise Missile) qui l’arme depuis 1982 aura quitter le service actif. Il sera remplacer par l’AGM-180 ou par l’AGM-181 actuellement tous deux en développement, respectivement chez Raytheon et Lockheed-Martin. Pour mémoire l’AGM-86 avait remplacer à l’époque deux missiles nucléaires différents : les AGM-28 et AGM-69.

Une impression de pure puissance.

Mais pour permettre l’emport et le tir de du vainqueur parmi les deux compétiteurs du programme LRSO (pour Long Range Stand Off Weapon) les ingénieurs de Boeing doivent profondément modifier les actuels B-52H Stratofortress. Sans pour autant les immobiliser, ce qui aurait pour conséquence d’affaiblir la défense mais aussi la diplomatie américaine. Même au 21ème siècle l’octoréacteur demeure une menace crédible pour les ennemis de l’Amérique contemporaine. C’est pourquoi un premier avion, sorte de machine de «nouvelle présérie», va être immobilisé et transformé par les équipes de l’avionneur. Le chantier doit durer entre cette année et fin 2023. Dans le même temps le reste des avions continuera de sillonner tranquillement les cieux du monde entier.

C’est donc une véritable épée de Damoclès qui se trouve suspendue au-dessus à la fois de Boeing mais aussi de la flotte de B-25H Stratofortress de l’US Air Force. En cas d’échec ces vieux bombardiers se verraient supprimer d’ici 2028-2029 la mission de frappes nucléaires aéroportées, c’est à dire l’essence même de leur existence. La balle est donc définitivement dans le camp des ingénieurs.
Car l’adaptation au programme LRSO consiste à revoir en profondeur la soute à armement, le fameux barillet à missiles de croisières, les softwares, mais également des kilomètres de branchements électriques. Il en va de la survie de ce vieux soldat.

La bête larguant son missile nucléaire… à l’exercice.

N’oublions pas que sans missile de croisière, que ce soit aujourd’hui l’AGM-86 ALCM ou demain le LRSO, le Boeing B-52H Stratofortress est incapable aujourd’hui de mener une mission de frappe nucléaire. Après tout nous ne sommes plus dans les années 1950 ! Même si l’avion lui en vient.

Photos © US Air Force.


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ARTICLE ÉDITÉ PAR
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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 Responses

  1. Une petite coquille dans le texte « C’est donc une véritable épée de Damoclès qui se trouve suspendue au-dessus à la fois de Boeing mais aussi de la flotte de B-25H Stratofortress de l’US Air Force. »

    A moins d’avoir loupé un épisode, il me semble que le b25 ne soit plus en service actif depuis un bon bout de temps!

  2. Pourquoi ne pas remettre une bonne vielle bombe atomique comme à l’époque.

    A pou, les missiles nucléaire.

  3. Article très complet et intéressant, même si je tempèrerais personnellement les termes « essence même de leur existence ».

    Soyons réalistes, même si j’en conviens les B-52H possèdent toujours actuellement la capacité de frappe nucléaire stratégique, ils ne font que seconder les B-2 dans cette tâche vu leurs performances moindres et leur SER astronomique (mais être détectable de très loin n’est pas extrêmement important quand on lance des « stand-off weapons » me direz-vous, d’où le sujet de l’article).
    Ils assurent par contre une grande part du bombardement classique aux côtés des B-1B, alors que les B-2 sont largement économisés dans ce rôle vu leurs spécificités d’emploi et de déploiement.
    Et c’est bien parce qu’ils sont jugés plus polyvalents et flexibles que les B-1B dans le rôle basique mais primordial de camion à bombes, missiles, et aussi mines tout en conservant la capacité nuc que les Lancer n’ont plus, et que les B-2 furtifs voués à la pénétration vont être remplacés par les B-21 tout aussi furtifs, que les B-52 leur survivront !

    Je me rappelle que jadis plusieurs centaines de modèles G furent sacrifiés lors des accords de non-prolifération START début 90, alors que B-1B et B-2 (en développement), bien plus modernes et de facto voués à être fers de lance stratégiques, furent épargnés. Drôle de décision, puisque la capacité nucléaire stratégique fut définitivement retirée au jeune B-1B quelques années plus tard passant le flambeau au B-2 qui entrait en service, alors que les B-52H la maintiennent encore aujourd’hui !

    Outre ces profondes modifications à venir, rappelons aussi que les B-52H sont en train d’être équipés d’un nouveau radar qui change leur silhouette (adieu la petite excroissance sur le haut du museau : https://farm1.static.flickr.com/283/18045282524_124885cba8_b.jpg ) mais qu’un radar AESA serait en projet pour le futur, et qu’il est toujours question -mais c’est un serpent de mer- de les remotoriser afin de réduire la consommation de 40%, augmenter le rayon d’action, et diminuer l’empreinte carbone. Si si 😉 . Changer l’agencement de cabine pour que tout l’équipage puisse s’éjecter vers le haut, une capacité d’emport de 20 000 livres sous chaque aile pour de futurs armements très volumineux, augmenter la capacité de production électrique, j’en passe. Tout cela mis bout à bout nous donnerait vraisemblablement une version J, avec en point de mire 2050, les sites anglo-saxons bruissent de cela depuis l’été dernier.

    Le vieux BUFF n’a en tout cas pas dit son dernier mot, loin de là. Pensons que certains de ses futurs pilotes ne sont pas encore nés !

  4. Perso je ne comprends pas cette démarche qui semble injustifiée pour un appareil qui soyons sérieux ne représente que les usa du temps de la guerre froide… @ Vark la motorisation à 4 réacteurs semble bien abandonnée au profit de la dernière version du bon vieux Tf33…
    Ne vous méprenez pas, j’adore le Buff, mais je ne comprends pas pourquoi le b1 R est abandonné à son profit…??!!
    Et vous ???

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