Il aura tout de même fallu attendre cinq ans depuis sa mise en service opérationnel. L’avion de combat multirôle embarqué Shenyang J-15 vient d’être officiellement déclaré apte aux mission de chasses tout-temps. Cette distinction très particulière implique que désormais il pourra quitter le pont du porte-avions chinois Liaoning de jour comme de nuit par beau ou mauvais temps. Un véritable plus pour la marine chinoise qui dispose donc désormais d’un aéronef capable de rivaliser avec les meilleurs avions au monde dans ce domaine : le F/A-18E Super Hornet et le Rafale M.
Cependant il faut relativiser cette annonce chinoise. En effet seule la version de chasse du Shenyang J-15 est concernée, la version de contre-mesure électronique J-15D récemment révélée elle n’a pas encore une telle aptitude. Cette dernière est considérée comme l’équivalent chinois de l’EA-18G Growler en service à bord des porte-avions américains.
Au final ce sont donc environ vingt à vingt-cinq avions qui sont concerné par cette capacité acquise. Un chiffre qui peut paraître faible au regard de la puissance militaire chinoise mais qui permet à cette aéronavale de désormais faire opérer ses avions quand elle le désire. Or entre l’exercice Vladivostok 2018 où elle participe et la tension grandissante avec les marines régionales autour des revendications insulaires il n’y a pas à douter que des Shenyang seront désormais entendus (à défaut d’être aperçus) en pleine nuit au-dessus des eaux de la zone.
Pour autant la Chine dispose t-elle désormais d’un avion de combat supérieur à ceux existant aux États-Unis et en France ? Si sa propagande d’état l’affirme rien ne semble en attester vraiment. Le Shenyang J-15 est un peu à l’instar de son grand frère russe le Sukhoi Su-33 un chasseur embarqué habitué aux ronds dans l’eau. Son porte-avions d’attache, le Liaoning, ne sort pas de la zone d’influence chinois et ne s’aventure pas loin des côtes du pays.
Comme son homologue russe l’aéronavale embarquée chinoise demeure une force très régionale, quasi locale.
Du coup pas sûr du tout de voir des J-15 interceptant de nuit des Super Hornet, sauf bien sûr si c’est l’US Navy qui fait la démarche d’aller les taquiner. Et ça c’est loin d’être gagné !
Photo © ministère chinois de la défense.
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6 Responses
Déjà en conditions optimales càd avec la version Air, les Su-27 et descendants (à part peut-être le Su-35) sont d’un cran en dessous des Rafale et F-18, là s’agit de la version STOBAR, beaucoup moins chargée quand il décolle d »un PA.
En effet James. Je n’ai jamais vu de copie de Rolex être au même niveau qu’une Breitling ou une Tissot…
Oui si c’était facile de faire des avions performants avec des vielles cellules pour pas dire des vieux avions ,les Américains ne se feraient pas chier à finir de mettre au point le f35 . Alors que ce soit suffisant pour la propagande , peut-être pour les érudis ,mais pour une vraie capacité de projection de force ,j’en doute …
Je suis sûr que ce groupe aéronaval a moin de capacités qu’un porte-avions américain durant la guerre du Vietnam.
Aussi bon soit -théoriquement- l’appareil, le réel problème, comme d’aucuns le soulèvent, est que le J15 / SU33 décollant d’un PA STOBAR a de courtes pattes. La masse maximale au décollage depuis le tremplin est réduite de plusieurs tonnes (3 ou 4) par rapport au même appareil décollant du sol, et comme il faut bien armer les appareils, c’est un choix cornélien entre armement et carburant. Les appareils occidentaux décollant via catapulte sont intrinsèquement moins impactés, et ont de surcroit bien souvent le concours de ravitailleurs (buddy -embarqués- ou tankers venant du sol), l’expérience des groupes aéronavals de l’OTAN remontant à de nombreuses décennies, et donc incomparable.
J’avais lu par le passé (source chinoise qui n’était pas tendre avec leur chasseur) que le rayon d’action à pleine charge offensive du J15 était de 200km du porte-avions (soit 400km A/R), ou à contrario à pleine charge de carburant l’emport d’armes était limité à 2 tonnes (autant dire bien peu si l’on souhaite emporter des missiles anti-navires ou affronter en air-air les escadrilles d’un PA US). Cela dit, pour pallier ce problème notoire, les Chinois semblent avoir copié le dispositif russe (peu utilisé) de « buddy-stores », fréquemment utilisé chez les Américains et nous autres (« nounou »).
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Mais bon, vu leur très faible nombre et l’immaturité de l’aéronavale chinoise, lesJ15 et le Liaoning ont surtout pour but -outre la propagande- de dégrossir la marine chinoise, tirer des retours d’expérience et former les personnels en vue des futurs porte-avions CATOBAR dont elle prévoit de se doter à l’avenir. C’est là qu’ils seront vraiment à surveiller.
La chine n’a pas besoin d’une flotte qui aille loin, car ses principales revendications sont locales, des iles en mer de Chine, comme Taïwan (qu’elle finira tot ou tard par envahir) ou des iles plus au large qu’elle veut s’approprier pour étendre sa zone d’influence et de défense.