Quand on parle d’incursions au-dessus d’espaces aériens souverains généralement on pense aux violations par des avions russes contre les états baltes, la Pologne, ou l’Ukraine. Mais non un autre pays joue à ce jeu dangereux contre une puissance de l’OTAN : l’Argentine. De plus en plus régulièrement des avions en provenance de ce pays survolent les eaux de l’archipel des Malouines obligeant la Royal Air Force à faire décoller sa chasse. Ce sont les Eurofighter Typhoon FGR Mk-4 du Flight 1435 qui sont en charge de cette délicate mission.
Si le Flight 1435 est présent aux Malouines depuis trente ans sa mission de défense aérienne n’a réellement pris de l’essor que depuis deux ou trois ans. C’est aux alentours de 2015 que de premiers survols suspects d’avions civils ont été remarqués obligeant la RAF à intercepter les avions en question, qui généralement avaient des pannes de transpondeurs. Ça rappelle quelque peu une méthode bien connue en Europe.
Et c’est donc en s’inspirant de son expérience durant Baltic Air Policing que l’état-major britannique a réformé les missions de défense aérienne aux Malouines. Désormais les pilotes du Flight 1435 s’appuient sur un maillage radar rénové mais également sur les travaux récemment réalisés sur la base de RAF Mount Pleasant. Depuis 2017 les pilotes et mécanos de Typhoon FGR Mk-4 installés sur cet archipel britannique de l’Atlantique sud jouissent d’installations restaurées et notamment d’un tout nouveau tarmac.
Cet été les pilotes du Flight 1435 ont donc multiplié les exercices visant à prévenir les intrusions d’avions argentins au-dessus de l’espace maritime des Malouines. Des missions qui ont également nécessité la mise en œuvre de l’unique Airbus Voyager KC Mk-2 du Flight 1312 également présent en permanence à RAF Mount Pleasant. En plus d’assurer le ravitaillement en vol des avions de combat ce biréacteur remplissait la mission de plastron volant, se faisant passer pour l’avion à intercepter. C’est ce qu’on appelle faire d’une pierre deux coups.
Selon la presse britannique les deux dernières intrusions, avant l’été, d’avions argentins au-dessus des eaux de l’archipel britannique concernaient des avions militaires. Un Lockheed P-3B Orion de l’aéronavale argentine et un Lockheed L-100-30 Hercules de l’aviation militaire de ce pays se seraient «perdus» aux abords des Malouines. Ce qui a nécessité le décollage en alerte des chasseurs dernier cri de la RAF.
En l’absence de véritables plateformes de reconnaissance stratégique ou d’avions-espions les Argentins semblent en être réduit à utiliser ces vieux avions si facilement détectables.
Quoiqu’il en soit plus de 35 ans après la guerre des Malouines la Royal Air Force semble toujours autant sur le qui-vive, malgré la déliquescence de l’aviation et de l’aéronavale argentine.
Photos © Royal Air Force.
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6 Responses
C’est sérieux cette histoire?
L’aviation Argentine n’est elle pas en pleine décrépitude?
C’est un déploiement de force relativement comparable au déploiement français à Djibouti , quand on y pense. Quatre avions de combat , des avions de servitude et de soutient , un bataillon au sol , un patrouilleur. Les anglais sont un peu condamnés à laisser ad vitam æternam une garnison conséquente dans ces îles , une garnison qui ne peut donc pas être placée « East of Suez ».
Sinon , c’est un plaisir d’entendre parler de ces îles , j’aimerais bien faire mes armes d’historien universitaire sur le sujet d’ailleurs !
Et que cherche exactement l’Argentine en faisant ça ? Se reprendre une fessée ? Le gouvernement argentin veut sûrement montrer au monde, à son peuple mais surtout aux anglais qu’ils sont coriaces et ne lâchent pas sur le sujet et donc veulent faire comme les russes en envoyant des avions croiser transpondeurs éteint. Sauf qu’il y a une différence, même si la revendication est là pour longtemps et que dans la tête ils ont soif de revanche, ils n’ont pas les épaules et la carrure pour ça et les argentins eux mêmes le savent.
J’avais lu un article de Carlos Escudé , dans un ouvrage spécialisé : The Future of the Falklands Islands and its people (disponible librement sur wikisource) qui parlait de la revendication argentine. Alors qu’en général , toute la population sait que l’Argentine ne récupérera pas les Malouines , seuls les milieux nationalistes et la classe politique entretient cette revendication dans un mensonge double : certains mentent de manière innocente en tentant d’amadouer la population de l’île (en envoyant des cartes de voeux comme Guido Di Tella , ministre des affaires étrangères de 1991 à 1999) et en assurant la récupération de l’île à long terme pour le public argentin , et d’autres mentent en faisant penser qu’en adoptant une position dure , l’Argentine obtiendra l’archipel
Après , de manière militaire , les Argentins ne seraient même pas capables de poser pied à terre , même si selon l’Amiral Woodward , la Royal Navy , aussi , ne pourrait pas reprendre les Falklands comme en 1982
Oui c’est sûr mais d’un côté comme de l’autre les effectifs des armées ont régressés donc on reste sur le même ordre de puissance. Puis il faut dire que ces îles n’ont jamais été argentines. Elles ont été françaises sur une courte période puis espagnoles et enfin britanniques. Et ils s’y accrochent dur comme fer à leurs iles déserte perdu aux antipodes. Déjà en 1914 les allemands se sont pris une première déculottée aux large des malouines. Et ce n’est pas demain que la population tournera sa veste, car ces iles ont beau avoir un statut particulier, au dernier référendum d’auto détermination, le score stalinien de 98,8% à été voté en faveur du maintient des malouines comme territoire d’outre mer du Royaume-Uni.
En parallèle (et en parlant du statut particulier , il faut rappeler que officiellement les îles sont dénommés Iles Falklands (Malvinas) , le nom en parenthèse est officiel) , les tensions entre Buenos Aires et Port Stanley ont freiné la prospection d’hydrocarbures et mis un frein à leur exploitation. C’est un bon plus pour la biodiversité , et les champs de mines sont un excellent territoire pour des manchots trop légers pour les déclencher