Rééquilibrage des forces, voilà le sentiment qui prédomine actuellement dans les rangs de l’aéronavale américaine qui se prépare à recevoir ses premiers chasseurs multirôles embarqués Lockheed-Martin F-35C Lightning II. Car désormais l’US Air Force et l’US Marines Corps ne seront plus les seules armes américaines à disposer d’avion de combat furtifs. Cependant l’US Navy doit encore patienter quelques semaines si elle veut officiellement annoncé qu’elle possède une telle capacité. Des avions dont l’entrée en service, plusieurs fois repoussée, est finalement attendue pour le début de cet automne.
Il faut dire que jamais dans l’histoire aéronautique l’US Navy n’avait autant été à la traine de l’US Air Force. Imaginez un peu que les premiers avions de combat furtifs sont entrés en service dans les rangs de cette dernière en octobre 1983. Les marins américains auront donc du patienter 35 ans pour voir leurs porte-avions dotés d’une machine lointaine héritière du Lockheed F-117 Nighthawk. Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé de posséder les siens.
À commencer par le F-117N, une version embarquée projetée du célèbre avion d’attaque au sol de la guerre du Golfe et que l’aéronavale américaine envisageait comme successeur à la fois des (fort peu) furtifs A-4 Skyhawk et A-7 Corsair II. Destinée prioritairement à l’attaque au sol et testée entre 1984 et 1991 cette version n’a finalement jamais été construite. Pis les tests d’embarquement n’ont jamais eu lieu. Pourtant l’avionneur avait prévu de lui donner une capacité inconnue sur les avions de l’US Air Force : le combat aérien. En effet le F-117N devait être apte à l’emploi du missile air-air AIM-120 AMRAAM.
Un rendez-vous manqué qui allait peser lourd dans l’avenir de l’aéronavale américaine et de ses engagements internationaux.
Pour autant le Lockheed F-117N ne fut pas le seul ratage entre l’aéronavale américaine et la technologie furtive. À la même époque une équipe conjointe fut montée par General Dynamics et McDonnell Douglas en vue de fournir à l’US Navy un avion de combat furtif pouvant prendre la succession de rien moins que le Grumman A-6 Intruder, c’est à dire le camion à bombes embarqué ! Le programme fut classifié top secret et l’avion projeté reçut la désignation d’A-12 Avenger II. Mais là encore la fin de la guerre froide et le manque d’anticipation des dirigeants du Pentagone quand à la réalité des guerres asymétriques tuèrent le projet dans l’œuf.
Aujourd’hui on sait que cette aile volante furtive monoplace aurait été très en avance sur son temps… si elle avait dépassé le stade de la planche à dessins.
Deux programmes avortées qui explique aussi le retard accumulé par l’US Navy. Mais qui devrait prendre fin d’ici quelques semaines avec l’arrivée des premiers F-35C Lightning II opérationnels. En attendant c’est un beau gâchis pour celle qui demeure l’aviation navale la plus puissante de la planète, loin devant ses concurrentes britanniques, françaises, ou russes.
Photo © US Navy.
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