Quand on s’intéresse un tant soit peu aux forces aériennes dans le monde on tombe vite sur la Bophuthatswana Air Force. Cette aviation militaire, rattachée au bantoustan du Bophuthatswana, fut créée en 1987 et finalement dissoute en 1994. Une partie de ses aéronefs a été par la suite reprise par la South African Air Force. Retour sur une page mal connue de l’histoire aéronautique récente.
Pour mémoire les bantoustans sont quatre micro-états ayant déclarés leur indépendance de l’Afrique du sud dans les années 1970 en réponse à la politique ultra-raciste d’Apartheid voulue par la minorité blanche. Le Bophuthatswana était, et de loin, le plus riche et le seul réellement industrialisé. Mais surtout les bantoustans permettaient à plusieurs pays occidentaux comme l’Allemagne, les États-Unis, ou encore la France de tenter de déstabiliser le pouvoir suprématiste sud-africain.
Le Bophuthatswana a obtenu son indépendance en 1977 après cinq années d’une semi-autonomie demandée avec l’accord de l’ONU. Rapidement il s’est doté d’une force de sécurité, alliant police et militaires. Cependant il fallut attendre mars 1983 pour qu’arrive dans le pays le premier aéronef, à savoir un Bell 47G racheté d’occasion aux États-Unis et utilisé pour des missions de surveillance, notamment des frontières avec l’Afrique du Sud.
La même année fut mise sur pied l’embryon de ce qui allait devenir quatre ans plus tard la Bophuthatswana Air Force.
En effet en décembre 1983 le gouvernement italien offrit au Bophuthatswana un Partenavia P68C Observer de surveillance, bien plus adapté que le Bell 47G. Ce bimoteur volait alors pour le compte de la police locale. Il fallut quatre ans pour convaincre les autorités politiques mais également réunir les fonds nécessaires pour mettre en place une véritable aviation militaire. La Bophuthatswana Air Force vit officiellement le jour en février 1987.
Outre l’avion et l’hélicoptère précités qui lui furent immédiatement versés elle disposait de deux avions de transport léger Casa C-212-300, deux hélicoptères Aérospatiale SA.316B Alouette III (offerts par la France) et un AS.355F Écureuil 2. En fait celui-ci était arrivé dans le pays en 1985 mais stocké faute de droits de douanes payés par le pouvoir central.
Le tournant des années 1980 verra l’apparition des premiers (des seuls !!!) avions de combat sous la forme de trois monomoteurs à turbopropulseur Pilatus PC-7 Turbo Trainer. Ces avions étaient armés de mitrailleuses de calibre 7.62mm en nacelles et de roquettes en paniers, le tout installé sous voilure.
Cependant la libération en 1990 du combattant des libertés Nelson Mandela va apaiser les relations entre le bantoustan et le gouvernement sud-africain. Pour autant la Bophuthatswana Air Force continue son équipement.
L’élection à la tête de l’Afrique du sud de Mandela mettra fin définitivement à l’Apartheid et permettra le retour dans le giron du pays des bantoustans. La Bophuthatswana Air Force est de ce fait dissoute en avril 1994 et une partie de ses aéronefs intégrés dans la SAAF. C’est notamment le cas des deux Casa C-212-300, de l’unique Casa CN-235M, de l’unique Pilatus PC-6B Turbo Porter, et de quatre hélicoptères à savoir les deux Aérospatiale AS.365N Dauphin 2 et les deux MBB / Kawasaki BK.117.
Une partie de ces aéronefs sert toujours en 2018.
Aviation mal connue la Bophuthatswana Air Force a en fait souffert de deux maux typiques de nombreux jeunes états fraichement indépendants : le clientélisme et la corruption. Du coup ses avions et hélicoptères n’étaient pas aussi opérationnels qu’il y semble, une partie des budgets étant fréquemment détournés pour l’enrichissement personnels de certains dirigeants et militaires du pays. Lorsqu’ils furent intégrés à la SAAF les deux Dauphin 2, pourtant en service depuis 1989, n’accumulaient que vingt-sept heures de vol. À eux deux !
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